Depuis les temps carolingiens, le roi accède à la royauté par la cérémonie du sacrement, qui est elle-même inspirée de l'exemple biblique de Saül qui, en 1025 avant Jésus Christ, est choisi comme roi par le prophète Samuel, et reçoit l'onction sainte par le prophète afin d'instituer sa vocation divine. Mais ce n'est qu'à partir de 877 que la promesse accompagne le rituel du sacre. Le roi doit répondre à une question posée en trois points par l'archevêque, afin de savoir s'il promet « de procurer la paix aux églises et aux peuples chrétiens, d'empêcher les injustices et de combattre les ennemis de Dieu, de faire régner la justice et la miséricorde ». Ainsi, le roi promet de s'engager et l'idée principale de sa parole est celle de la justice.
Le roi justicier promet, par les moyens que lui confère son autorité temporelle, de protéger les privilèges, les biens, et le droit de l'Eglise puisque Dieu lui en donne ici vocation. La promesse tient son importance du fait qu'elle est une condition préalable au sacre. Après avoir reçu l'onction, le roi est habillé de la majesté royale, avec les attributs qui lui sont propres : l'anneau, le sceptre, la main de justice et la couronne.
A partir du XIIIe siècle, d'autres principes s'ajoutent pour constituer la fonction royale. Ces principes seront énoncés dans les lois fondamentales du royaume. Le sacre est toujours requis, parce qu'il montre concrètement le fondement divin du pouvoir royal. Seul Louis XVIII, qui règne de 1814 à 1824, après la Révolution, n'a pas été sacré.
La royauté est donc sacrée. La personne du roi, dans son corps physique, permet la continuité de la monarchie et des institutions que parce qu'elle est sacrée. Pour Bodin, dans Les Six Livres de la République, le souverain ne reçoit son pouvoir d'aucun être égal ou supérieur, mais Dieu n'est pas un être. Donc si le roi reçoit sa souveraineté de Dieu, il n'en est pas moins souverain.
Désacraliser la royauté, c'est lui enlever son attache à Dieu, et donc sa légitimité divine. Le roi devient un chef comme un autre. Les devoirs sacrés et moraux d'obéissance et de respect envers la personne du roi sont caducs. Il n'a plus de raison de détenir tous les pouvoirs, il peut être contredit, sa souveraineté et ses prérogatives peuvent être remises en question.
La Constitution de 1791 a été rédigée dans une ambiance révolutionnaire. L'idée est de rassembler dans un texte solennel, une loi écrite fondamentale, les règles pour gouverner. La Constitution est finalement votée par l'Assemblée le 3 septembre 1791, qui se proclame « Assemblée constituante ». Le 13, la Constitution est acceptée par le Roi qui lui jure fidélité le lendemain.
De nouveaux concepts sont apparus et sont inscrits dans ce texte. Les philosophes des Lumières vont fortement critiquer le caractère sacré et l'absolutisme de la monarchie au nom de la séparation des pouvoirs, un nouveau principe. De plus, ce qu'on appelle la tripartition de la société, c'est à dire la société répartie dans les trois ordres noblesse, clergé et tiers-état, est désormais considérée comme illégitime et inéquitable. En effet, ce système permet de favoriser financièrement la noblesse et le clergé, tandis que le tiers-états, qui correspond à environ quatre-vingt-dix-huit pour cent de la population, supporte toutes les charges du royaume. Cette volonté d'unir les trois ordres va aboutir à la notion de souveraineté nationale. Souveraineté du peuple, qui contredit une souveraineté royale, accordée par Dieu.
La Constitution de 1791 est elle le moyen de désacraliser la royauté ou est ce simplement une désacralisation antérieure devenue officielle?
Pour se permettre de rédiger une Constitution dans laquelle le monarque apparaîtrait comme désacralisé, il a fallu que l'idée soit déjà répandue et acceptée (I). Cependant, la rédaction d'un texte qui supprime le caractère sacré du monarque est une étape franchie. Les nouvelles notions constitutionnalisées achèvent la désacralisation (II).
[...] Les remontrances ont continué, à l'encontre de la volonté royale. Le roi apparaît comme contestable, pourtant, en tant que personne sacrée, il est représentant de la volonté de Dieu. Si les institutions s'autorisent à le contredire, elles lui retirent son caractère sacré. Par la suite, Louis XIV veut et réussit à supprimer les itératives remontrances. De plus, il réussit à imposer que les remontrances soient faites après l'enregistrement des actes dans une ordonnance de 1667 et une déclaration de 1673. [...]
[...] La monarchie de droit divin en France, par le sacre, donnait toute autorité au roi en tant que chef désigné de la France. Ce principe est démoli par la Constitution de 1791. En effet, dans l'article 1 du titre III, il est posé que "La Souveraineté ( . ) appartient à la Nation". Aucune autre puissance et aucun contrôle ne peut se placer au dessus de la Nation, du peuple. Le roi n'est plus souverain, la Nation, qui n'est pas sacrée, l'est. [...]
[...] Il n'a plus de raison de détenir tous les pouvoirs, il peut être contredit, sa souveraineté et ses prérogatives peuvent être remises en question. La Constitution de 1791 a été rédigée dans une ambiance révolutionnaire. L'idée est de rassembler dans un texte solennel, une loi écrite fondamentale, les règles pour gouverner. La Constitution est finalement votée par l'Assemblée le 3 septembre 1791, qui se proclame Assemblée constituante Le 13, la Constitution est acceptée par le Roi qui lui jure fidélité le lendemain. [...]
[...] Pour se permettre de rédiger une Constitution dans laquelle le monarque apparaîtrait comme désacralisé, il a fallu que l'idée soit déjà répandue et acceptée Cependant, la rédaction d'un texte qui supprime le caractère sacré du monarque est une étape franchie. Les nouvelles notions constitutionnalisées achèvent la désacralisation (II). I Une désacralisation croissante de la royauté L'idée que le roi tient sa légitimité du divin s'est formée petit à petit, jusqu'à qu'elle devienne indiscutable. De même, sa désacralisation s'est fait dans l'évolution de l'Histoire. [...]
[...] La Constitution matérialise la désacralisation de la royauté. La souveraineté passe de Dieu à la Nation, l'origine de l'autorité royale n'est plus divine, sacrée, elle est laïque, terrestre. B La soumission du Roi à la loi Le roi a été sacré, ce sacrement est indélébile. Il reste toujours attaché à son sacre religieusement. Cependant, les pouvoirs politiques qui lui sont conférés par ce sacre, préalable au couronnement, sont largement contredits par la Constitution. Le problème qui demeure est de parvenir à concilier l'autorité royale, qui subsiste, et la souveraineté nationale. [...]
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