Le terme de « cohabitation » a été employé pour la première fois par Edouard Balladur dans une tribune du journal Le monde en date du 16 septembre 1983. L'ancien premier ministre est considéré depuis comme le théoricien mais la cohabitation ne sera mise en pratique qu'après les élections législatives de 1986 durant le premier mandat présidentiel de François Mitterrand. Cette configuration politique également appelée coexistence politique avait déjà été envisagée par les politiques de la Vème République avant sa mise en application. Le terme de cohabitation a été défini par de nombreux théoriciens tels que Jean Massot ou Marie Anne Cohendet. Elle désigne une situation politique qui commence après les élections législatives. Le chef de l'Etat issu du suffrage universel va alors partager le pouvoir exécutif avec un premier ministre et un gouvernement qui sont d'une majorité parlementaire à laquelle il est opposé. Il va donc y avoir à la tête de l'Etat deux personnalités, une de droite et une de gauche, qui vont devoir prendre la responsabilité du pays et représenter la France sur la scène internationale. Ce phénomène de cohabitation est en réalité prévu dans la Constitution du 4 octobre 1958. En effet depuis le référendum du 28 octobre 1962, le Président de la République est élu au suffrage universel direct, donc dans les mêmes conditions que l'Assemblée nationale. Les institutions permettent, en cas de contradiction entre la majorité présidentielle et la majorité parlementaire, de rendre possible l'occupation au sommet de l'Etat de deux personnalités aux couleurs politiques opposées. Mais ce résultat entraîne systématiquement une relégation du Président de la République dans l'ombre du premier ministre. En effet les élections législatives sont un réel désaveu de la politique du Président de la République. Cette situation politique se présente aussi comme une pratique ou encore une conception des institutions de la Vème République qu'elle soit assumée ou rejetée délibérément.
Au lendemain des élections législatives qui élisent une Assemblée nationale dont la majorité est de couleur politique opposée au chef de l'Etat, deux possibilités s'offrent à ce dernier : soit il décide de démissionner prenant ces élections comme une sanction de sa politique par les électeurs, soit il décide de se maintenir à la tête de l'Etat tout en sachant qu'il lui sera impossible de mettre en œuvre la politique pour laquelle il a été élu. Les deux présidents ayant vécu la cohabitation (F. Mitterrand et J. Chirac) ont tous deux donc opté pour la deuxième solution.
[...] Cette cohabitation prend fin en 1997 avec l'élection présidentielle. La troisième cohabitation de cette Vème République se déroule dans un contexte politique très différent des deux premières. Elle n'était pas attendue, elle est le résultat d'une dissolution de l'Assemblée nationale opérée par le Président de la République, Jacques Chirac, après deux ans de mandat. Le Président estime que le contexte politique nécessite une majorité ressourcée et disposant du temps nécessaire à l'action Il provoque donc la dissolution de l'Assemblée nationale. [...]
[...] Aussi, c'est dans le cadre de l'article 9 de la Constitution que J. Chirac a refusé d'inscrire à l'ordre du jour du Conseil des ministres, le projet de loi du gouvernement Jospin sur le statut de la Corse, mais la résistance fut symbolique puisqu'à la séance suivante, le Président rendit les armes et le projet fut adopté. La résistance la plus retentissante reste celle liée à l'article 13 de la Constitution Le Président de la République signe les ordonnances et les décrets délibérés en Conseil des ministres F. [...]
[...] Cette situation permettrait donc de limiter le risque de cohabitation. La deuxième réforme est la loi organique du 15 mai 2001 qui a renversé l'ordre des élections prévues pour 2002. Le calendrier électoral initialement fixé par le hasard prévoyait en mars 2002 les élections législatives et l'élection présidentielle en mai 2002. Or la dérive du régime vers le présidentialisme se fonde sur le fait que les élections créent le clivage politique et qu'ensuite les élections législatives soutiennent ou non la politique du Président élu. [...]
[...] Cette position entretenue par les chefs d'Etat montre qu'ils seront toujours en mesure de résister, en période de cohabitation, à l'ascendant du premier ministre. C'est d'ailleurs en période de cohabitation que le domaine réservé prend du relief car il désigne une sorte de sanctuaire de compétences permettant au Président de supporter la position que le chef d'Etat a acquises par les circonstances électorales. Mais il faut nuancer cette position car si on regarde la Constitution, la politique extérieure et la défense donne lieu à des compétences croisées entre le Président et le premier ministre. [...]
[...] Le domaine partagé soumis au contreseing ministériel peut parfois offrir au Président un droit de veto. Tout d'abord la nomination des ministres (art 8 al concerne le président car même si le premier ministre forme son gouvernement seul, c'est le Président qui nomme les ministres, et certains postes en collaboration constante avec l'Élysée ouvrent une petite fenêtre de conciliation au Président. C'est le cas pour le ministre de la Défense et de celui des Affaires étrangères. En effet ces ministres interviennent dans des secteurs du domaine réservé Ainsi Le Président F. [...]
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