L'expérience montre que la cohabitation permet un approfondissement de la démocratie en associant réellement au pouvoir les deux grandes familles politiques qui traversent la vie nationale. Ainsi, la démocratie pluraliste s'exerce au cœur même de l'Etat. La cohabitation renforce la démocratie en conduisant chacune des deux tendances de la société à reconnaître la légitimité de l'autre au pouvoir. Elle parvient également en lui conférant une représentation effective, à valoriser l'idée d'opposition dont le respect est le fondement de toute démocratie. Elle est aussi de nature à modérer la conduite de la politique en institutionnalisant en quelque sorte le compromis, grâce à la nouvelle forme de séparation des pouvoirs qu'elle introduit au sein de l'exécutif : le chef de l'Etat jouant le rôle de contre-pouvoir vis-à-vis de la majorité gouvernementale. L'étude de la cohabitation en France et au Portugal présente d'abord un intérêt sur le plan constitutionnel dans la mesure où ces deux pays sont dotés d'un même régime constitutionnel. Il est significatif que l'apparition de la cohabitation a donné lieu en France à la plus grande controverse politico-constitutionnelle de la 5e république. Le Portugal, en revanche, semble avoir trouvé son rythme démocratique, faisant de la cohabitation un mode original d'exercice du pouvoir. Si le Portugal et la France ont quasiment le même régime constitutionnel, ils n'ont pas le même système politique. Aussi, pour mieux appréhender la comparaison entre la cohabitation en France et au Portugal, nous étudierons l'articulation des majorités au cœur de la différence de nature entre cohabitation française et cohabitation portugaise, puis les répercussions du système politique sur la nature de la cohabitation
[...] L'étude de la cohabitation en France et au Portugal présente d'abord un intérêt sur le plan constitutionnel dans la mesure où ces deux pays sont dotés d'un même régime constitutionnel. Au-delà des controverses sur la qualification de la nature du régime (semi-présidentiel/bi représentatif) on note que la cohabitation ne peut être uniquement regardée comme une incongruité provisoire ou une exception mais aussi et surtout comme un révélateur du système politique. Elle invite par ailleurs à réfléchir sur la fonction présidentielle, sur l'étendue de ses pouvoirs et sur sa place dans l'ordonnancement institutionnel. [...]
[...] Le président défend ainsi son espace de pouvoir. Pour Barroso Alfredo, la non coïncidence des majorités présidentielles avec les majorités parlementaires peut s'expliquer par la conviction que la cohabitation entre un président et un gouvernement légitimés par des majorités électorales politiquement différentes est un fait naturel, et même nécessaire, sinon même indispensable à l'équilibre du système Le climat apaisé de la première cohabitation de Mario Soares a séduit les Portugais d'autant plus que, la démocratie étant récente au Portugal, les fantômes du régime dictatorial hantent encore les esprits ; et si les constituants ont fait en sorte de parer à toute éventualité, les citoyens ont eux aussi contribué à ancrer le système politique dans la démocratie. [...]
[...] C'est du moins ce que démontre toute l'histoire de la bireprésentativité portugaise. Les électeurs y ont contribué, mais le régime y est aussi pour beaucoup, puisque les normes juridiques sont fermées et le régime est contraignant. Aussi, pour mieux appréhender la comparaison entre la cohabitation en France et au Portugal, nous étudierons l'articulation des majorités au cœur de la différence de nature entre cohabitation française et cohabitation portugaise, puis les répercussions du système politique sur la nature de la cohabitation. [...]
[...] Avec la 1e cohabitation, on a réalisé combien le mécanisme de couplage est nécessaire pour que le président joue un rôle actif dans les institutions. Mais la conséquence d'une telle logique de soutien de la fonction présidentielle par la majorité parlementaire, inhérente à la 5e est la subordination de cette majorité, qui au final apparaît comme l'expression de la seule volonté présidentielle. On comprend alors le choc dans les mentalités que cause la survenue de la cohabitation. Au contraire, au Portugal, les deux majorités, présidentielle et parlementaire, sont déconnectées car elles sont d'essence différente ; elles ne sont pas attributives du même pouvoir. [...]
[...] En définitive, c'est parce que la France et le Portugal fonctionnent en général selon deux systèmes politiques divergents, l'un présidentialiste et l'autre gouvernementaliste, qu'ils n'envisagent pas la cohabitation de la même manière. Si les mécanismes institutionnels qui déclenchent une cohabitation sont de même nature en France et au Portugal, l'analyse politique révèle qu'elle n'y occupe pas la même place. Aussi, la cohabitation n'a-t-elle pas le même impact sur le système. Le système présidentialiste français est perturbé par la cohabitation : il perd son correctif présidentiel pour devenir gouvernementaliste. C'est pourquoi nous la qualifierons de cohabitation sanction. Le système politique portugais, au contraire, institutionnalise la cohabitation. [...]
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