La Vème République a vu consacrer la séparation des pouvoirs et l'étroite collaboration entre ceux-ci. Le pouvoir exécutif en France est bicéphale : composé du président et du premier ministre, on recherche toujours à optimiser son fonctionnement pour permettre la pérennité de la nation. Le gouvernement est composé des ministres et donc à sa tête est le premier ministre. Le constituant de 1958 a fait du président un arbitre ; or, dès janvier 1959, le président est devenu le chef de l'exécutif. Dans le domaine réservé, puis en toute matière, le premier ministre est devenu le premier collaborateur de l'Elysée.
Le présidentialisme français suppose que le chef de l'Etat dispose d'une majorité parlementaire qui lui soit favorable, sinon s'ouvre une période de cohabitation. En effet, la cohabitation est sans doute une notion née sous la V° République. Elle y a sa spécificité par le fait que le chef de l'Etat et le chef du gouvernement s'y opposent par majorités interposées : majorité parlementaire à l'Assemblée nationale et majorité présidentielle, l'une et l'autre issues du suffrage universel direct. En ce sens, la révision constitutionnelle de 1962 a créé une situation nouvelle, inconnue jusqu'alors. Pourtant, par le passé et à plusieurs reprises, certains de nos Chefs d'Etat (monarques ou présidents élus par le Parlement) ont dû faire appel à des chefs de gouvernement qui n'avaient pas les mêmes options politiques qu'eux. Malgré le temps qui nous en sépare et la différence des hommes et des circonstances, il existe des « cohabitations avant cohabitations », c'est-à-dire avant la lettre. La cohabitation est ainsi aussi vieille que les rivalités de pouvoir.
[...] Certains affirment avec le Général de Gaulle qu'une constitution c'est un esprit, des institutions, et une pratique Mais alors la cohabitation est opposée à la Constitution, car elle implique un esprit et des pratiques totalement différentes de ceux qui se sont développés, jusqu'en 1986. Pour d'autres, la Constitution est le texte adopté par le Peuple en 1958 et révisé depuis. Dans cette approche formaliste, la coexistence n'est pas incompatible avec la Constitution de la Ve République. Jusqu'en 1986, la réponse à cette interrogation n'avait pas une importante pratique majeure, dans la mesure ou le Président pouvait largement imposer son interprétation de la Constitution car la majorité parlementaire lui était soumise. Entre 1986 et 1988, ce problème apparaît comme crucial. [...]
[...] La cohabitation est-elle à rejeter ?Question d'autant plus importante sur le plan théorique que sur le plan pratique que certains pays de l'Est, d'Afrique ou d'Amérique latine instaurent des régimes ressemblant à celui de la Vème République. Ainsi, si dans les périodes dites exceptionnelles, le chef de l'Etat se trouve conscrit à son rôle d'arbitre le Premier Ministre et son gouvernement se renforcent retrouvant presque la plénitude de leurs pouvoirs constitutionnels constituant une rupture et une anomalie de la pratique du régime présidentialiste, cette pratique n'instaure-t-elle pas un équilibre et non pas une anomalie renforcée avec la réforme du quinquennat ? Plan La cohabitation, anomalie du régime présidentialiste : l'ébranlement de la Ve République ? [...]
[...] Mais cette cohabitation n'aurait-elle pas contraint le président à jouer le rôle de médiateur entre les partis et altéré sa mission ? Le Président minoritaire ne serait-il qu'au service du pouvoir gouvernemental, expression d'une majorité parlementaire ? En effet, nous pouvons répondre à cette question au travers des trois cohabitations qui se sont succédées au cours de la Ve République, la 1re 1986-1988 (gouvernement de Chirac 2 1993-1995 (Gouvernement de Balladur) à la suite de la victoire de la droite aux élections législatives et 1997-2002 (Gouvernement Jospin) à la suite de la victoire de la gauche aux élections législatives qui suivit la dissolution de 1997. [...]
[...] L'exemple des ordonnances est à ce titre tout à fait instructif. Les actes ainsi pris par le 1er ministre sont qualifiés d'ordonnances et doivent obligatoirement être signées par le Président de la République (article 13 de la Constitution). De plus, il dispose d'une faculté d'empêcher, d'un véritable droit de veto dans certaines matières, droit de veto qui n'est pas soumis à contreseing ministériel. Il en va de même des nominations qui doivent être faites par le Président de la République en vertu de l'article 13 de la Constitution. [...]
[...] Le Premier Ministre a seul l'initiative des lois au sein de l'exécutif. Il est le seul membre à pouvoir présenter des projets de loi (Article 39 de la Constitution). Le Président n'a pas ce pouvoir. Les actes préparatoires à la loi, les projets de loi ne sont pas des décrets délibérés en Conseil des Ministres et ne doivent donc pas être signés par le Président. Le Parlement n'aura donc à connaître que des projets du Premier ministre qui disposera ainsi des lois qu'il souhaite. [...]
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