« On ne saurait accepter qu'une dyarchie existât au sommet. Tout justement il n'en est rien » avait déclaré De Gaulle dans une conférence de presse du 31 janvier 1961, s'inscrivant indubitablement dans une lecture présidentialiste du régime. Ainsi, la dyarchie, à défaut de ne pas existée est, déjà dans l'idée des constituants de 1958, inévitablement inégalitaire. En effet, la dyarchie fait référence à un régime dans lequel le pouvoir est confié à deux personnes distinctes, en l'occurrence au Premier Ministre et au Président, ayant des pouvoirs égaux et identiques, chacun agissant seul et disposant de compétences propres à leur fonction, c'est-à-dire de pouvoirs et de devoirs attribués et imposés à un agent pour lui permettre de remplir cette fonction. Au regard de la pratique pour le moins changeante du régime la question de savoir si il existe ou non une dyarchie au sein de l'exécutif se pose. En fait, on observe cette dyarchie plus nettement en période de cohabitation : en 1986, comme en 1995, on remarque une répartition stricte des compétences de chacune des deux têtes de l'exécutif, et ce sans blocage des institutions ce qui signifie bien la présence d'une dyarchie au sommet de l'Etat.
Cependant, de manière générale on observe une présidentialisation du régime, les périodes de concordance entre la couleur politique du Président et celle majoritaire à l'assemblée étant beaucoup plus nombreuses que les périodes de cohabitation, impliquant par ailleurs une dyarchie fortement inégalitaire. Ainsi on a même pu parler de monarchie républicaine à propos du régime de la Vème dans la mesure où le Premier Ministre devient de manière apparemment inéluctable le vassal du Président. Cependant cette catégorisation ne saurait suffire à définir le régime français actuel et les choses ne sont pas si simples. En effet, si la présidentialisation du régime apparaît inéluctable à la lecture de la constitution, elle ne doit pas forcément entraîner une répartition inégale des compétences respectives des deux têtes de l'exécutif et ainsi créer une dyarchie inégalitaire : autrement dit, les raisons d'une telle présidentialisation du régime sont plus politiques que juridiques.
Ainsi, il convient de nous demander dans quelle mesure l'apparente dyarchie inégalitaire favorable à la présidentialisation du régime se révèle-t-elle finalement être une dyarchie effective et nécessaire à l'affirmation d'un pouvoir exécutif fort ?
[...] Il assure par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités. Sa mission d'arbitre ne signifie pas que sa position doit être neutre mais bien au contraire qu'il doit prendre position dans les débats animant la vie publique. L'interprétation qu'a faite De Gaulle puis ses successeurs de cet article révèle une volonté de poser le Président comme le chef supérieur de l'exécutif. [...]
[...] Mitterrand une fonction d'arbitrage qui lui a permis de se présenter comme le principal auteur de cette loi. Sous la seconde cohabitation, Edouard Balladur a agi de même : il avait demandé à F. Mitterrand de revenir sur la suspension des essais nucléaires qu'il avait ordonnée quelques mois auparavant, mais s'est incliné devant son refus. Aujourd'hui le décret du 14 janvier 1964 a été remplacé par un décret pris en conseil des ministres le 16 juin 1996 et vu l'arrêt Meyet rendu par le Conseil d'Etat le 10 septembre 1992, dans lequel il est stipulé que les décrets en conseil des ministres ne pouvaient être modifiés que dans les mêmes formes, le pouvoir nucléaire du Président en matière nucléaire ne pourrait être remis en cause qu'avec son assentiment. [...]
[...] Dans un troisième temps, concernant le Conseil Constitutionnel avec les articles et 61 qui donnent entre autres le pouvoir au Président de saisir le Conseil Constitutionnel pour statuer sur la constitutionnalité d'une loi ou d'un traité. Enfin, concernant la Nation, d'une part avec l'article 11 qui lui permet de demander à titre exceptionnel qu'une loi soit adoptée par le peuple, et d'autre part l'article 16 qui confère au Président les pleins pouvoirs et instaure une sorte de dictature temporaire quand les intérêts démocratiques de la Nation sont menacés. [...]
[...] Il apparaît ainsi, qu'au-delà des domaines dits réservés ou privilégiés sur lesquels chacun possède une influence certaine, le 1e ministre ne peut agir en totale indépendance du Président, et inversement. Le travail gouvernemental qui s'effectue en majeure partie en conseil des ministres s'organise sous la présidence du Président ; de même si le Président souhaite agir par-delà ses pouvoirs propres et même si cela s'inscrit dans sa mission large, il doit requérir le consentement du 1e ministre. L'institution traduisant l'interdépendance du Président et du 1e ministre est évidemment le conseil des ministres. [...]
[...] Cependant cette catégorisation ne saurait suffire à définir le régime français actuel et les choses ne sont pas si simples. En effet, si la présidentialisation du régime apparaît inéluctable à la lecture de la constitution, elle ne doit pas forcément entraîner une répartition inégale des compétences respectives des deux têtes de l'exécutif et ainsi créer une dyarchie inégalitaire : autrement dit, les raisons d'une telle présidentialisation du régime sont plus politiques que juridiques. Ainsi, il convient de nous demander dans quelle mesure l'apparente dyarchie inégalitaire favorable à la présidentialisation du régime se révèle-t-elle finalement être une dyarchie effective et nécessaire à l'affirmation d'un pouvoir exécutif fort ? [...]
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