Sous la Ve République, les présidents des deux assemblées parlementaires occupent une position pour le moins paradoxale dans l'équilibre et l'agencement des institutions publiques. En effet, alors que les constituants de 1958 ont pour objectif premier de rationaliser le parlement et d'encadrer son activité de façon à supprimer toute instabilité ministérielle et à enfin donner au gouvernement les moyens de mener sa politique, les présidents des chambres ont été pour le moins « oubliés » par les constituants qui leur confèrent néanmoins quelques prérogatives de taille.
Il semble en réalité que la rationalisation du parlement mise en place, de façon quelque peu excessive ont pu critiquer certains, a été compensée par la marge de manœuvre accordée aux présidents des chambres. Autorité politique dotée d'une magistrature morale de taille, les présidents ont vu leurs fonctions traditionnelles considérablement élargies sous la Ve République.
Alors qu'initialement ils ont pour fonction d'assurer la bonne marche du processus législatif et d'assurer l'intégrité de leurs chambres, ils se sont vu arroger une nouvelle fonction par la nouvelle marche des institutions politiques : la défense de leur chambre dans une optique de revalorisation du Parlement.
Ainsi, tous les présidents se sont empressés de dénoncer les abus gouvernementaux et constitutionnels entravant la bonne marche du travail parlementaire et d'avancer des propositions allant dans le sens d'une revalorisation de leur chambre. Ils ont pu également trouver à jouer un rôle important dans la vie politique du pays, selon la personnalité du titulaire et le contexte politique en place.
[...] En 1982 également Louis Mermaz mit en place une division de la presse à l'Assemblée nationale afin d'améliorer la transmission d'informations aux journalistes. La publicité des travaux des commissions était un sujet tenant à cœur le président de l'Assemblée dès les années 1970 : en 1975-1976 le président Faure lança une commission spéciale qui procéda à certaines auditions ouvertes aux députés n'appartenant pas à cette commission ainsi qu'à certains journalistes, ce qui allait d'ailleurs à l'encontre du règlement en vigueur. [...]
[...] Depuis la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, le Président peut également consulter le Conseil économique, social et environnemental selon l'article 70 de la constitution, ce que le président Accoyer a mis en œuvre le 25 septembre 2009 concernant le problème de la fiscalisation des indemnités journalières versées en cas d'accident du travail ayant entraîné une incapacité totale temporaire de courte durée. Enfin, et plus important encore, le Président du Sénat est celui qui assure l'intérim de la présidence de la République en cas de vacance du pouvoir, ce qui s'est déjà produit à deux reprises sous la 5e République. En effet en 1969 et 1974, il revint au Président du Sénat Alain Poher d'assurer les intérims dus à la démission du Général de Gaulle et à la mort de Georges Pompidou. [...]
[...] Comme le constitutionnaliste le souligne volontiers, cela montre une volonté délibérée des assemblées pour exercer pleinement ce droit de contrôle Selon les mots mêmes du président Accoyer, un Parlement moderne, c'est un Parlement qui évalue et qui contrôle : ainsi, en une année ont été adoptés près de 170 rapports d'information à l'Assemblée nationale, et ce, sur beaucoup de sujets transversaux. Quelles sont les modalités de ce nouveau contrôle exercé par les parlementaires ? Cela passe tout d'abord par un contrôle plus poussé de l'application des lois. Ainsi, dès 1972 le Sénat manifesta publiquement le souhait de se voir remettre plus d'information à ce propos. [...]
[...] Également, il doit lutter contre l'antiparlementarisme. Selon l'ordonnance du 17 novembre 1958, il doit veiller à la sûreté intérieure et extérieure de sa chambre, il en assure la protection interne et mets les parlementaires à l'abri des pressions pouvant survenir. Ils disposent d'un véritable pouvoir disciplinaire et peuvent à cet effet suspendre ou lever les séances, ils peuvent prononcer des rappels à l'ordre, des rappels à l'ordre avec inscription au procès-verbal, prononcer une censure simple ou une censure avec exclusion temporaire. [...]
[...] Dès lors, il incombe au président de l'assemblée de protéger son assemblée contre les excès gouvernementaux. Cette dénonciation des pratiques gouvernementales apparue dès 1961 quand le président Chaban-Delmas déclara : le gouvernement est donc chargé du soin de diriger les travaux parlementaires : mais dans quel esprit doit-il le faire ? Est-ce comme un guide soucieux de satisfaire, voire de prévenir les désirs de ses compagnons de route lorsqu'ils sont compatibles avec la sécurité commune, ou bien au contraire comme un automate s'arrogeant tous les droits pour mieux en abuser, notamment en utilisant la priorité d'inscription qui lui est conférée pour interdire la mise en discussion de toute proposition de loi et même de tout sujet désiré par la représentation nationale ? [...]
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