L'expression « parlementarisme absolu » est due à Raymond Carré de Malberg pour caractériser « un régime dans lequel le Parlement, devenu maître sur toute la ligne, domine complètement l'exécutif ». C'était bien le cas de la Troisième République entre 1879 et 1940 (soulignons au passage que la période 1870 - 1875, surtout et même 1875 - 1879 sont hors sujet). Cette période est quelquefois qualifiée de régime d'assemblée ; c'est un abus de langage ; la structure constitutionnelle n'est pas la même, le régime parlementaire se distingue du régime conventionnel ou d'assemblée par le bicaméralisme et un exécutif bicéphale.
C'est, en effet, un régime parlementaire dualiste, d'inspiration monarchiste à peine édulcorée, qui s'installe en 1875. En règle générale, les faits ne répondent pas toujours à l'attente des constituants : les progrès de l'idéologie républicaine et les maladresses de Mac Mahon, l'avènement de Jules Grévy à la présidence de la République, surtout, ont favorisé la mise en place d'un personnel politique nouveau et d'une autre pratique constitutionnelle. Par surcroît, les constituants n'avaient probablement pas mesuré que le Parlement était, dès le départ, en position de force en raison de la place faite à la loi. Depuis 1789, la loi est parée d'un prestige peu commun, elle est la norme suprême, incontestable et incontrôlée. Or la loi n'est pas définie par son contenu, mais par l'organe qui l'établit, elle est l'acte voté par le Parlement. La primauté attachée à la loi s'étend aussi à son auteur. « Les chambres, écrit encore Carré de Malberg, sont l'organe suprême de la République française ». Il n'y a pas équilibre, comme le commande la séparation des pouvoirs, mais hiérarchie des pouvoirs constitutionnels. Le législatif est, par son appellation même, supérieur à l'exécutif, il établit les règles que le second applique.
Le parlementarisme absolu présente ainsi deux aspects : la domination parlementaire s'accompagne de la faiblesse insigne de l'exécutif (...)
[...] On n'exige pas un vote solennel et explicite pour congédier le ministère, n'importe quelle marque de défiance suffit et de telles occasions sont nombreuses : le vote d'un ordre du jour de blâme, d'une interpellation, le refus d'une question de confiance posée par n'importe quel ministre, le moindre incident de procédure, comme la fixation de la date d'un débat ; dès que le gouvernement est battu, même lors d'un scrutin secondaire, il se retire aussitôt. En outre, les parlementaires sont eux aussi inorganisés. Les groupes pullulent et, sauf à gauche, sont peu disciplinés, certains éclatent en trois tronçons lors des scrutins. Enfin, le contrôle emprunte aussi le moyen des commissions permanentes spécialisées qui s'installent et se perfectionnent. [...]
[...] Dès qu'une équipe se disloque ou est censurée, elle est remplacée par une autre presque semblable. Clemenceau en a donné une description imagée : je ne dis rien des ministres. Il importe peu de savoir qui ils sont, étant tous condamnés à la même impuissance. Qu'était- ce que le ministère Waddington, sinon le ministère Dufaure moins M. Dufaure ? Qu'était-ce que le ministère Freycinet, sinon le ministère Waddington moins M. Waddington ? Qu'était-ce que le ministère Ferry, sinon le ministère Freycinet moins M. [...]
[...] En règle générale, les faits ne répondent pas toujours à l'attente des constituants : les progrès de l'idéologie républicaine et les maladresses de Mac Mahon, l'avènement de Jules Grévy à la présidence de la République, surtout, ont favorisé la mise en place d'un personnel politique nouveau et d'une autre pratique constitutionnelle. Par surcroît, les constituants n'avaient probablement pas mesuré que le Parlement était, dès le départ, en position de force en raison de la place faite à la loi. Depuis 1789, la loi est parée d'un prestige peu commun, elle est la norme suprême, incontestable et incontrôlée. Or la loi n'est pas définie par son contenu, mais par l'organe qui l'établit, elle est l'acte voté par le Parlement. La primauté attachée à la loi s'étend aussi à son auteur. [...]
[...] Le parlementarisme absolu présente ainsi deux aspects : la domination parlementaire s'accompagne de la faiblesse insigne de l'exécutif. La domination parlementaire La primauté du Parlement est favorisée par la généralité et aussi l'imprécision des règles constitutionnelles. Le caractère global et le laconisme de l'article 6 de la loi du 25 février 1875, les ministres sont solidairement responsables devant les chambres placent le gouvernement en permanence sur la brèche et multiplient les embûches. Une responsabilité à double détente. Car c'est bien de deux assemblées que le gouvernement subit le contrôle et sollicite la confiance. [...]
[...] L'installation en 1934 de la présidence du Conseil à l'Hôtel Matignon et l'organisation de services conséquents ne tireront pas l'institution de sa grisaille. III) Les conséquences Ce parlementarisme dégénéré, cette République de députés et de sénateurs a produit des ministères éphémères et révélé un manque d'identification des gouvernée aux gouvernants. L'instabilité gouvernementale. De 1871 à 1940, cent quatre gouvernements se sont succédé, d'une durée moyenne de sept à huit mois. Le multipartisme, l'absence de majorité nette, rendaient les gouvernements de coalition sans beaucoup de cohésion très fragiles. Curieusement, les ministères se succédaient plus par continuité que par opposition. [...]
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