Le 20 mai 2002, le Timor oriental accéda au statut d'État devenant ainsi le 192e État sur la scène internationale. Ce chiffre atteste à lui seul de l'ampleur de ce phénomène. L'État est aujourd'hui une réalité incontournable au plan mondial mais il n'en a pas toujours été ainsi.
Incontestablement, l'État est né en Europe sur les ruines de la féodalité. La violence endémique entre seigneurs locaux a provoqué des regroupements, des associations dominées par un leader. Un processus d'unification s'est alors enclenché autour de quelques grandes maisons revendiquant la primauté sur le royaume : alors qu'au milieu du XIème siècle, on compte plusieurs centaines d'entités exerçant le monopole de la coercition, à la fin du XIIème siècle, seules seize maisons participent encore à la lutte pour le pouvoir sur le royaume et elles ne seront plus que cinq au début du XVème siècle (la maison de France occupant les deux tiers de la France actuelle, la maison de Bourgogne, celle de Bretagne, celles de Flandre et d'Angleterre). Par ailleurs, ces autorités réussissent à se constituer un monopole fiscal : l'impôt passe ainsi d'occasionnel, exceptionnel à régulier et annuel ; il passe aussi d'un prélèvement négocié avec les seigneurs à un prélèvement imposé d'autorité. Il contribue à unifier le territoire (les mêmes impôts partout).
À partir du XVIème siècle, on assiste au développement de l'État. Une seule maison règne sur le royaume qui commence à se structurer. Tout d'abord, les structures politiques se multiplient : émerge ainsi à partir de la Cour royale, le Conseil du Roi chargé des affaires politiques et le « Parlement » chargé des affaires judiciaires. En Angleterre, le Parlement né plus tôt se dédouble en deux chambres. Ensuite, à l'intérieur du gouvernement, les structures se diversifient : apparaissent ainsi les premiers « portefeuilles ministériels » qui vont se multiplier après la Révolution française. Enfin, durant le XIXème siècle, les États se dotent d'une administration hiérarchisée avec des personnels spécialisés dotés d'un statut spécifique. Au cours du XXème siècle, le phénomène d'hypertrophie de l'État concomitant au développement de l'État-Providence, engendre aussi une hyper-différenciation des structures : les ministères se multiplient exigeant du coup la mise en place de régulations interministérielles.
Dans le même temps, on assiste à une généralisation de l'État jusque là cantonné à quelques pays européens ou aux États-Unis. Celui se répand par vagues successives :
- une première vague durant le XIXème siècle avec l'affirmation du principe de nationalité : en Europe, ce sera l'apparition de l'Allemagne ou de l'Italie et, hors d'Europe, du Japon.
- une seconde vague avec les deux guerres mondiales qui créent de nouveaux États :
l'Autriche, la Hongrie, la Turquie, la Yougoslavie, la Pologne qui renaît...
- une troisième vague considérable avec le mouvement de décolonisation : toute l'Afrique et l'Asie se dotent d'États.
Ajoutons que ces créations obéissent à des modèles différents. Dans certains cas, il s'agit d'une importation au sens où un pays décide de se tourner vers l'occident en transposant ces structures (le Japon avec l'ère Meiji en 1868, la Turquie...). Dans d'autres cas, il s'agit d'une exportation lorsque les puissances coloniales ont imposé leur système laissant d'immenses difficultés par la suite (c'est largement le cas de l'Amérique latine et du monde musulman). Dans d'autres cas enfin, il y a hybridation entre les deux logiques comme en Afrique : d'un côté, la colonisation a imposé ses structures mais, d'un autre côté, les élites et autorités locales se sont appropriées ses structures.
Ce bref survol laisse deux questions en suspend : d'une part, qu'est-ce que l'État ? et d'autre part, quelles en sont les formes juridiques ? (...)
[...] L'école réaliste, au contraire, met l'accent sur l'effectivité du gouvernement, sa pérennité. Ce n'est pas nécessairement une approche immorale mais elle est amorale. Au demeurant, il existe une sorte de course à la reconnaissance qui peut être une spirale dès lors qu'un nouveau gouvernement émerge et qu'il reçoit des soutiens. Une expression de cette école fut la doctrine Estrada du nom d'un ministre mexicain des affaires étrangères dans les années 1930 qui récusa la doctrine Tobar. Cette conception oblige à recevoir des politiques peu fréquentables, à serrer des mains entachées (comme celles de Pinochet ou des responsables chinois). [...]
[...] Il faut que les deux États aient les mêmes règles successorales de dévolution du pouvoir sinon l'union ne peut pas durer. Il a également pu arriver que l'union résulte d'un mariage (le mariage du Duc Ladislas de Jagellon avec la reine Hedwige en 1835 opéra l'union de la Lituanie et de la Pologne) ou d'une élection (le Prince Couza fut élu Hospodar de Moldavie et de Valachie en 1856). Les deux ordres juridiques restent complètement distincts : ainsi l'union personnelle entre la Belgique et le Congo au temps de la colonisation n'empêchait pas que la Belgique fut une monarchie parlementaire et le Congo une monarchie absolue. [...]
[...] Enfin, cette notion de personne juridique permet de lui imputer une possession et même une propriété. De ce fait, l'État se verra reconnaître un patrimoine propre qu'il s'agisse d'espaces qui lui appartiennent en propre (domaine public ou privé selon la destination), de matériels, de ressources financières (les impôts et taxes) ou de personnels. Le budget de l'État constitue précisément l'inventaire annuel de ce patrimoine - La souveraineté Elle est la pierre d'angle de la théorie de l'État, son substrat le plus profond et le plus essentiel. [...]
[...] L'intérêt de la souveraineté : Tel qu'elle nous est léguée par la philosophie politique du XVIème siècle prolongée par les œuvres de Rousseau et d'autres, la notion de souveraineté offre une réponse à différents problèmes. Premièrement, elle constitue une réponse à la question de la légitimité du pouvoir dans une société moderne qui refuse de dépendre d'une volonté divine ou des décrets de la Providence Privé de Dieu, le pouvoir ne peut plus reposer que sur la force pure ou sur le consentement. La force pure heurte de front l'éthique et mine l'obéissance à l'État, à la loi. [...]
[...] La Jordanie connut même une situation exceptionnelle au tournant des années 1970. Après la guerre des 6 jours en 1967, de nombreux palestiniens quittèrent les régions annexées par Israël et se réfugièrent en Jordanie qui comptait déjà une minorité palestinienne importante. Cet afflux massif renversa la donne démographique et politique : les palestiniens étaient plus nombreux que les jordaniens (ils utilisaient aussi cet État comme base pour la lutte contre Israël). Hussein de Jordanie prit peur et ordonna leur massacre en septembre 1970 : une partie a fui, une autre resta, une dernière fut éliminée. [...]
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