La démocratie représentative est-elle fonctionnelle ?

Extraits

[...] Il est vrai que comme le note Rousseau, l'idée représentative n'est pas d'inspiration démocratique. L'idée des représentants est moderne : elle nous vient du gouvernement féodal, de cet unique et absurde gouvernement dans lequel l'espèce humaine est dégradée et où le nom d'homme est en déshonneur (Contrat social III, 15). Historiquement, Rousseau n'a pas tort. L'idée de représentation provient directement des conseils royaux où les grands feudataires exerçaient leur influence sur la politique royale. L'exemple le plus clair, canonique même est celui de la grande charte octroyée en 1215 par le roi Jean (Jean sans Terre 1167-1216, roi en 1199 après la mort de Richard Ier dit cœur de Lion, son frère) à son royaume. [...]

[...] La coordination, c'est dans le monde social l'image d'une démocratie directe dans le monde social. Celle-ci se caractérise donc par l'absence d'instance  représentative  . Un pacte avec une idée non démocratique Si la démocratie directe est celle qui correspond le mieux aux principes démocratiques, alors la situation des démocraties libérales d'aujourd'hui, fondée sur la représentation, ce qu'on appelle le  gouvernement représentatif   ; est particulièrement complexe. Et peut-être - telle est l'idée de Lénine et des marxistes en général - s'agit-il, pour le dire radicalement, d'un régime illégitime qui trahit les idéaux de souveraineté populaire de la démocratie. [...]

[...] Le peuple est donc à l'origine du pouvoir. À partir de cette idée, la conception la plus simple que l'on puisse se faire de la démocratie est celle d'un peuple réuni, se prononçant au quotidien, ou le plus souvent possible, sur les affaires publiques. C'est l'idée d'une démocratie directe : elle coïncide avec une image agorale   ; de la démocratie. Elle s'encre sur les souvenirs des démocraties grecques ou romaines où les citoyens discutaient et votaient directement les lois, et se prononçaient -du moins pour les premières classes du peuple sur les décisions à prendre. [...]

[...] Mais ce contrôle n'a rien de démocratique. C'est le jeu des pouvoirs entre les puissances sociales, essentiellement la noblesse. Le peuple en est exclu. Rousseau a donc raison. La théorie de la représentation n'est pas d'essence démocratique. Radicalisée, cette remarque aboutit à une vision où la représentation en démocratie, pas vraiment de légitimité. [...]

[...] La démocratie représentative est-elle fonctionnelle ? Toutes les démocraties contemporaines sont des démocraties représentatives. Un tel régime signifie que la légitimité de tout pouvoir politique tire son origine du peuple : c'est le propre de la démocratie, mais que l'exercice de ce pouvoir est délégué à des représentants, des citoyens qui ont pour fonction d'assumer la charge du pouvoir dans son application concrète. Ce mais  qualifie tout le problème des rapports entre démocratie et représentation. Si les deux sont liés désormais, il ne semble pas qu'ils aillent nécessairement de pair : on a connu des démocraties non représentatives (les démocraties grecques) et des dénonciations au nom de la démocratie des formes représentatives. [...]