Léon Blum, Les deux discours, Le Populaire, 21 juin 1946, pouvoir exécutif, pouvoir législatif, parlementarisme, système gaullien, pouvoir présidentiel, De Gaulle, discours de Bayeux, commentaire
« Le chef de l'État est élu par le peuple, au suffrage universel, et non nommé. Son élection est l'acte initial et décisif d'une nouvelle période politique. Le Premier ministre pense au tête-à-tête avec le Président ; le Président est en tête-à-tête avec le peuple », telle est la déclaration de Lionel Jospin issue de son ouvrage L'invention du possible, qui certes date de 2001, mais reflète ce qui dans le passé correspondait à la conclusion de l'émergence d'un pouvoir présidentiel.
Cette conception est retrouvée dans l'extrait proposé qui est issu d'un texte de Léon Blum intitulé « Les deux discours » et publié dans le journal socialiste français Le Populaire le 21 juin 1946. En effet, si cet article entend sur la forme proposer une comparaison entre le deuxième Discours de Bayeux prononcé par le Général de Gaule le 16 juin 1946 et le discours prononcé par Vincent Auriol, qui est alors président de l'Assemblée constituante chargé de rédiger la Constitution de la IVe République, Léon Blum cherche en tout premier lieu à mettre en évidence les principes essentiels qui doivent prévaloir dans l'élaboration de la Constitution aux yeux du « système gaullien ».
[...] Dès lors, le peuple n'était plus le souverain mais sujet ce qui constitue l'opposé de la démocratie. Ainsi, la pensée française prônant la liberté et la démocratie, ne peut que s'opposer au fait qu'un seul homme s'accapare le pouvoir exécutif. Par ailleurs, dans l'exemple précédent, le sénatus-consulte de Napoléon III rétablissant l'empire, avait été ratifié par un plébiscite. C'est dans ce sens que pour Blum L'attribution du pouvoir exécutif à un homme par le suffrage universel s'appelle le plébiscite Cette perception du plébiscite constitue un paradoxe puisqu'à la base, ce dernier permet de consulter le désir d'une population à propos d'une importante décision. [...]
[...] La peur empirique de l'émergence du pouvoir présidentiel Blum manifeste ici sa réticence quant aux dérives du système gaullien puisque pour lui et en se rapportant au propos d'Auriol le passage du pouvoir présidentiel au pouvoir personnel est un des périls connus et éprouvés qui menacent la démocratie Il laisse entendre que l'élection du Président de la République au suffrage universel direct sera très difficile à mettre en place de façon unanime ; les Français craignant que le président ainsi élu n'impose un régime autoritaire ou concentre trop de pouvoirs entre ses mains. Effet, la volonté que le président soit élu au suffrage universel direct et qu'il dispose de pouvoirs importants ne peut être que contestée au vu de l'histoire constitutionnelle. Il ne manque pas d'exemples de Constitutions abolies, violées ou tournées lorsque l'exécutif contenait en son sein presque l'essentiel du pouvoir. A titre d'exemple, il demeure dans la pensée française le traumatisme de 1848 et du deuxième empire qui s'en est suivi. [...]
[...] On veut restaurer l'autorité de l'exécutif et rétablir les mécanismes institutionnels qui permettent au régime parlementaire de fonctionner en encadrant notamment la mise en jeu de la responsabilité gouvernementale. Les idées gaulliennes dégagent alors la volonté de mettre en place des limitations et des contraintes juridiques (constitutionnelles et électorales) envers l'activité parlementaire, qui auraient un impact de soumission du parlement envers le gouvernement. En effet, Blum évoque que De Gaulle souhaite qu'il y soit un partage de la souveraineté entre l'Exécutif et le Législatif qui donnerait au gouvernement une légitimé égale à celle du parlement. [...]
[...] Cette dernière a pour objectif de mettre fin aux carences de l'ancien régime tout en ayant la volonté de rester dans les bases d'un régime parlementaire. Les idées constitutionnelles vont ainsi se chevaucher pour essayer de résoudre les deux causes de la chute de la III ème République, c'est-à-dire, l'instabilité gouvernementale qui empêchait d'acquérir une majorité stable et le rôle mal encadré du président du Conseil. Par conséquent, la nouvelle Constitution va avoir plusieurs objectifs mais qui concourent tous à que l'on appelle la rationalisation du parlementarisme. [...]
[...] Par conséquent, le risque est que le Parlement soit frappé de paralysie si les intentions des deux chambres ne coïncident pas. A titre d'exemple, le de 1919 à 1940, des propositions de loi en faveur du vote des femmes sont adoptées, mais refusées par le Sénat dans la mesure où ce dernier jouait son rôle de conservateur social. Néanmoins, la dérive du système imaginée par De Gaulle ne l'empêchera pas de donner naissance aux articles 24 et 45 de la Constitution de la V ème République. [...]
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