Sous l'empire de la Constitution de 1946, le Conseil d'État dans ses formations consultatives et contentieuses avait déjà dégagé la valeur juridique de plusieurs dispositions du préambule de la Constitution mais en tant que principes généraux du droit comme en témoigne l'arrêt Dehaene du Conseil d'Etat du 7 juillet 1950. La création du Conseil Constitutionnel pourrait pousser à penser que le contrôle de constitutionnalité est une prérogative de cet organe, cependant cet arrêt du Conseil d'Etat nous montre que cette compétence est partagée sous la Vème République.
L'arrêt objet de notre commentaire est un arrêt de principe du Conseil d'Etat statuant en section, en date du 12 février 1960
La société commerciale EKY demande l'annulation de dispositions réglementaires du Code pénal, qui prévoient des peines de prison pour des contraventions par recours pour excès de pouvoir intenté directement auprès du Conseil d'État compétent en premier et dernier ressort.
Au motifs que les articles R. 30 6°, R. 31 dernier alinéa, R. 32 dernier alinéa, et R. 33, alinéa 1 du Code pénal, édictées par l'article 2 du décret n° 58.1303 du 23 décembre 1958, ainsi que de l'article 136 du Code pénal institué par une ordonnance du 23 décembre 1958 violent les articles 8 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 et 34 de la Constitution.
La question de droit majeure posée par cet arrêt est de déterminer dans quelle mesure le juge administratif est compétent pour contrôler la constitutionnalité d'un texte édicté par le Gouvernement.
La solution du Conseil d'Etat est double. D'une part, il contrôle des dispositions réglementaires en vérifiant leur conformité sur le fond à la Constitution. D'autre part, il refuse de contrôler les actes qui ne sont qu'une application de la norme législative
Il convient de se pencher tout d'abord sur la nouvelle lecture de la Constitution de 1958 (I), puis ensuite sur la limite du contrôle effectué par le Conseil d'Etat (II).
[...] Dans ce cadre, il l'oppose à ce qu'il considère comme la règle spéciale, soit l'article 34 du corps même de la Constitution de 1958, qui dispose que "la loi fixe les règles concernant ( ) la détermination des crimes et délits ainsi que les peines qui leur sont applicables". Ce faisant, il applique le principe qui énonce que la règle spéciale l'emporte sur la règle générale, et ne retient donc que l'article 34. Mais en réalité, l'importance de cette décision est ailleurs. [...]
[...] Au motifs que les articles R R dernier alinéa, R dernier alinéa, et R alinéa 1 du Code pénal, édictées par l'article 2 du décret 58.1303 du 23 décembre 1958, ainsi que de l'article 136 du Code pénal institué par une ordonnance du 23 décembre 1958 violent les articles 8 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 et 34 de la Constitution. La question de droit majeure posée par cet arrêt est de déterminer dans quelle mesure le juge administratif est compétent pour contrôler la constitutionnalité d'un texte édicté par le Gouvernement. La solution du Conseil d'Etat est double. [...]
[...] Il s'agit donc d'une définition négative du règlement par rapport au domaine de la loi. C'est pourquoi le Conseil d'Etat peut déduire que, l'édiction des sanctions pour les contraventions n'étant pas spécialement déférée au législateur en vertu de l'article 34 de la Constitution, alors que les sanctions des crimes et délits le sont, elle appartient au domaine règlementaire en vertu de l'article 37. Dans ce cas, on parle de "règlement autonome", par opposition au règlement d'exécution, défini à l'article 21 de la Constitution, et qui n'est qu'une simple application par le Premier ministre des dispositions législatives, et qui, lui, ne peut pas être l'objet d'un recours pour excès de pouvoir. [...]
[...] D'une part, il contrôle des dispositions réglementaires en vérifiant leur conformité sur le fond à la Constitution. D'autre part, il refuse de contrôler les actes qui ne sont qu'une application de la norme législative Il convient de se pencher tout d'abord sur la nouvelle lecture de la Constitution de 1958 puis ensuite sur la limite du contrôle effectué par le Conseil d'Etat (II). I. La compétence du Conseil d'Etat élargie par la nouvelle lecture de la Constitution de 58 La nouvelle lecture de la Constitution de 1958, est proposé tout d'abord par le Conseil d' Etat dans l'arrêt objet de notre commentaire puis repris et confirmée par le Conseil Constitutionnel dans sa décision du 16 juillet 1971 A. [...]
[...] Ainsi, il se dote du pouvoir d'énoncer lui-même des normes à valeur constitutionnelle On observe donc que le Conseil d'Etat s'est octroyé un pouvoir de contrôle de constitutionnalité, il convient à présent d'étudier les limites de ce contrôle. II. Le contrôle du Conseil d'Etat limité par la nature des actes La compétence du juge administratif est sans appel pour les règlements autonomes mais oblige un contournement de la loi écran pour les normes législatives A. Un juge administratif compétent à l'égard des règlements autonomes Depuis la Constitution de 1958, les règlements sont définis autant par le critère organique traditionnel que par un critère matériel. [...]
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