Théorie des circonstances exceptionnelles, état d'urgence, article 16 de la Constitution, loi du 3 avril 1955, arrêt Chagnon et Fournier c. France, principe de légalité, arrêt Heyriès, arrêt Dames Dol et Laurent, DLF Droits et Libertés Fondamentaux, arrêt Sieur Marion, arrêt Sieur Crespin, loi du 11 mai 2020, arrêt Rodes, arrêt Rubin de Servens, article 36 de la Constitution, arrêt Rolin et Boisvert, sécurité publique, santé publique, covid 19, QPC du 22 décembre 2015, libertés fondamentales, circonstances exceptionnelles
La théorie des circonstances exceptionnelles élaborée par la jurisprudence du Conseil d'État dans un premier arrêt rendu en date du 28 juin 1918, Heyriès, puis dans un deuxième arrêt, rendu en date du 28 février 1919, Dames Dol et Laurent, qui ont reconnu la possibilité d'assouplir le cadre juridique normal lorsque la situation l'exige pour des raisons impérieuses. Cette théorie permet à l'administration de prendre des mesures dérogatoires en période de crise grave, notamment en période de guerre, catastrophe naturelle, crise sanitaire, afin d'assurer la continuité de l'État ainsi que de la sécurité publique.
[...] La théorie des circonstances exceptionnelles, élaborée par le Conseil d'État, permet à l'administration d'adapter l'application du principe de légalité face à des situations de crise imprévues et graves. Son origine, ancrée dans l'arrêt rendu en date du 28 juin 1918, Heyriès, ainsi que dans l'arrêt rendu en date du 28 février 1919, Dol et Laurent, répondait aux défis de l'après-guerre, avec pour objectif d'assurer la continuité de l'action administrative, même en dehors des normes de légalité ordinaires. En cela, cette théorie reflète une souplesse essentielle dans le droit administratif, notamment en période de guerre ou de crise sociale. [...]
[...] Jean Rivero insiste sur ce contrôle dans son analyse il explique que « la vérification de la réalité des circonstances exceptionnelles constitue une garantie essentielle des droits individuels ». La théorie des circonstances exceptionnelles autorise une flexibilité temporaire des règles, mais le Conseil d'État a toujours précisé que ces assouplissements ne devaient pas devenir une porte ouverte à l'arbitraire. L'arrêt rendu par le Conseil d'État en date du 5 mars 1948 Sieur Marion, par exemple, autorise des particuliers à prendre des mesures en période de troubles, mais uniquement parce que les autorités légitimes étaient absentes, soulignant que cette situation exceptionnelle ne devait pas constituer une règle ordinaire. [...]
[...] René Chapus souligne que « le juge administratif doit s'assurer que les mesures prises en périodes de circonstances exceptionnelles ne vont pas au-delà de ce qui est strictement nécessaire pour répondre à la situation critique ». Dans un arrêt rendu en date du 28 février 1919, Dames Dol et Laurent, le Conseil d'État valide des restrictions de la liberté de circulation, mais souligne implicitement que ces mesures devaient être proportionnées aux exigences de la sécurité publique en temps de guerre. Le juge administratif impose un contrôle rigoureux sur l'existence de circonstances exceptionnelles pour éviter des abus de pouvoir. [...]
[...] La théorie des circonstances exceptionnelles a-t-elle encore une utilité ? Jean-François Lachaume précise que « le juge administratif veille à ce que l'administration ne se livre pas à des excès dans le recours à des mesures d'exception ». Jean Moreau, précise dans son commentaire d'arrêt rendu par le Conseil d'État en 1989 ayant pour numéro de requête 66118 que « cette théorie s'illustre dans la dissolution de conseils municipaux en période de troubles, soulignant le contrôle nécessaire du juge pour éviter les abus ». [...]
[...] Didier Truchet confirme cette évolution, en expliquant que « la codification des mesures d'exception renforce la prévisibilité et la cohérence des décisions prises en temps de crise, contribuant à une meilleure transparence et conformité au droit ». Ainsi, la jurisprudence et la doctrine administrative s'accordent sur la nécessité de moderniser la théorie des circonstances exceptionnelles. Bien que cette théorie permette de répondre aux crises, sa mise en ?uvre doit être restreinte par des critères stricts de transparence, proportionnalité et contrôle judiciaire. Le Conseil d'État et le législateur tendent ainsi vers une meilleure conciliation entre les impératifs de l'ordre public en période de crise et le respect des principes fondamentaux de l'État de droit. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture