Tchernobyl, le sang contaminé, l'amiante, les maladies nosocomiales, les catastrophes naturelles, le trou de la couche d'ozone, mais aussi la vache folle, l'Erika, l'incendie du tunnel sous le Mont-Blanc, le crash du Concorde, les OGM, la recherche génétique, ou encore tout récemment l'explosion de l'usine AZF à Toulouse : depuis plusieurs années, les risques collectifs ne cessent de s'accroître et provoquent des crises majeures, souvent marquées par des victimes humaines.
[...] En parallèle, il y a aussi le développement de procédures publiques particulières, telle que la veille sanitaire notamment, qui vise à repérer le plus rapidement possible la survenance d'effets néfastes liés à un risque sanitaire connu. La veille se distingue donc de l'expertise, cette-dernière consistant au contraire à fournir du savoir scientifique dans le cas de risques non encore évalués. Cependant, si veille et expertise ne peuvent être confondues, il s'agit tout de même de démarches complémentaires. Et cette dialectique séparation/complémentarité est en fait au cœur de l'analyse du couple évaluation/gestion des risques. C. [...]
[...] Cependant, nous nous rendrons compte dans une deuxième partie que cette politique présente des difficultés et des limites importantes, liées autant à l'évaluation qu'à la gestion. I. De l'évaluation à la gestion des risques A. L'évaluation : action des experts 1. L'expert, entre science et politique. Avant d'évoquer l'évaluation à proprement parler, une parenthèse s'impose concernant les acteurs qui en sont chargés, à savoir les experts. En effet, on fait souvent, en matière de risques en tous cas, l'amalgame entre experts et scientifiques. C'est à la fois vrai et faux. [...]
[...] A évoquer cet exemple, on se rend compte qu'un expert peut être tenté d'orienter l'évaluation dans un sens favorable à l'entreprise à laquelle il est lié. Il y a donc risque de conflits entre l'intérêt général, dans le sens duquel l'évaluation est censée oeuvrer, et les intérêts particuliers des entreprises. Pour tenter de lutter contre cela, et rétablir en partie la confiance du public envers les experts, deux pratiques se sont peu à peu développées : - d'abord, depuis l'affaire du sang contaminée, il y a celle des déclarations d'intérêts, qui consiste pour un expert à rendre publiques les participations qu'il effectue auprès d'entreprises privées. [...]
[...] Dans la réalité, pourtant, les décideurs publics ne font pas que réagir. Ils agissent aussi de manière indépendante et c'est à eux qu'il revient en dernier lieu de prendre les mesures de lutte contre les risques. Ainsi, c'est aux seuls politiques qu'il appartient de déterminer quel sont les niveaux de risques acceptables, c'est-à-dire jusqu'à quel point un risque est toléré A la recherche du niveau de risque acceptable Cette prise de décision s'appuie, évidemment, sur les résultats de l'expertise et le politique doit trouver, à partir de ces résultats, un équilibre entre les avantages tirés de la prise d'un risque et les conséquences néfastes de ce risque. [...]
[...] Mais faux, aussi, car un expert au sens premier du terme, c'est celui qui fait le lien entre la science et la décision publique. L'expert est donc évidemment proche du chercheur car il est lui-même doté de compétences scientifiques importantes, mais en théorie, il n'est pas le chercheur, ce qui lui pose évidemment une difficulté majeure : celle de l'accès aux connaissances les plus poussées. Nous reviendrons sur ce problème un peu plus tard. Cette précision faite, évoquons désormais plus précisément le processus d'évaluation Une exigence d'évaluation des risques sans cesse plus grande. [...]
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