Le terme ‘lobbies' est né aux Etats-Unis au début du XIXème siècle pour définir l'activité des individus qui arpentaient les « lobbies », c'est-à-dire les couloirs du Capitole pour y rencontrer les congressistes et favoriser l'adoption de lois favorables à leurs intérêts. Le lobbying est ainsi défini comme tout activité consistant à procéder à des interventions destinées à influencer directement ou indirectement les processus d'élaboration, d'application ou d'interprétation des mesures législatives réglementaires ou normatives. De l'autre côté de l'Atlantique, le lobbying est lié au droit de pétition reconnu par le premier amendement de la Constitution. Réglementé et professionnalisé, il est considéré comme assurant la représentation spécialisée et compétente d'intérêts face à la représentation générale et non spécialisée des élus et est donc perçu comme un instrument important de la démocratie pluraliste. A l'inverse, dans des pays comme la France, l'influence des lobbies est perçue comme illégitime et est soupçonnée de court-circuiter la démocratie. Le transfert de larges compétences des Etats nationaux vers les Institutions communautaires depuis 1986 et l'entrée en vigueur de l'Acte Unique Européen s'est accompagné d'un développement exponentiel des groupes de pression en tout genre auprès des instances d'élaboration des politiques communautaires à tel point que Bruxelles est devenu la 2ème capitale mondiale du lobbysme après Washington. Une telle participation des groupes d'intérêts au « Policy-Making » est-il le signe d'une dépossession de l'Etat de ses prérogatives par une Europe communautaire manipulée par les acteurs transnationaux non Etatiques, au premiers rang desquels les firmes multinationales ? A l'inverse, ce glissement ne serait-il pas l'expression d'un élargissement de l'exercice démocratique garanti par l'intervention directe auprès du pouvoir politique d'une multitude de groupes censés représenter de façon de plus en plus fine, par leur diversité même, les besoins des populations ? Si la consultation et l'influence des groupes d'intérêt ne sont pas forcément contraires à la pratique démocratique_ à condition de dépasser la conception Rousseauiste de la démocratie, le déséquilibre entre groupes d'intérêts privés et groupes d'intérêts publics, et les mécanismes de contrôle sont trop insuffisants pour que le lobbying contribue à faire de l'Union Européenne un véritable espace de démocratie pluraliste
[...] Ainsi, la politique se fonde sur les groupes qui sont le fait social premier à l'origine de toute politique, le groupe socialisant l'individu. La compétition entre les différents groupes en vue d'une répartition favorable des bénéfices politiques interdit tout monopole de domination. En effet, les groupes non organisés se mobilisant dès que leurs intérêts sont menacés, aucun groupe ne pourra exercer une domination contraire aux intérêts des autres groupes. Par un mécanisme de checks and balances, par la main invisible du pluralisme, les groupes se contrôlent mutuellement et se neutralisent. [...]
[...] Le Bureau européen des unions de consommateurs fut créé dès 1961. Mais durant cette phase de la construction européenne, l'Europe fonctionne avant tout sur le mode intergouvernemental et le lobbying est davantage tourné vers les Etats que vers les institutions communautaires supranationales C'est véritablement à partir de l'Acte Unique européen que l'on assiste à une véritable irruption des groupes d'intérêt sur la scène communautaire. Ceux-ci sont activement associés à l'élaboration du livre Blanc sur l'achèvement du marché intérieur, base de l'Acte unique européen. [...]
[...] De l'autre côté de l'Atlantique, le lobbying est lié au droit de pétition reconnu par le premier amendement de la Constitution. Réglementé et professionnalisé, il est considéré comme assurant la représentation spécialisée et compétente d'intérêts face à la représentation générale et non spécialisée des élus et est donc perçu comme un instrument important de la démocratie pluraliste. A l'inverse, dans des pays comme la France, l'influence des lobbies est perçue comme illégitime et est soupçonnée de court-circuiter la démocratie. Le transfert de larges compétences des Etats nationaux vers les Institutions communautaires depuis 1986 et l'entrée en vigueur de l'Acte Unique européen s'est accompagné d'un développement exponentiel des groupes de pression en tout genre auprès des instances d'élaboration des politiques communautaires à tel point que Bruxelles est devenu la 2ème capitale mondiale du lobbyisme après Washington. [...]
[...] II- Un lobbying antidémocratique et illégitime ou moteur d'un pluralisme européen ? Groupes d'intérêt, pluralisme et démocratie associative Ainsi, les groupes d'intérêt sont présents massivement à Bruxelles et à Strasbourg où ils essaient de faire connaître leur opinion et d'influer sur le processus normatif communautaire. Non élus et non légitimes, et faisant prévaloir des intérêts particuliers au détriment de l'intérêt collectif, les groupes de pression semblent par essence même contraires à la pratique démocratique. Mais une telle analyse repose sur une conception rousseauiste de la démocratie et à la théorie politique classique qui considère la notion de représentation sous l'angle territorial ou électif : les citoyens sont représentés par le Parlement qui est redevable vis-à-vis d'eux au travers d'élections territoriales. [...]
[...] Presses de Sciences-po _ Michel OFFERLE, Sociologie des groupes d'intérêt, Paris, Montchrestien 2eme édition _ Emiliano GROSSMAN et Sabine SAURUGGER( dir), Les groupes d'intérêt et l'Union européenne, Politique Européenne, Printemps 2002 _ Sabine SAURUGGER, Les groupes d'intérêt entre démocratie associative et mécanismes de contrôle, Raisons politiques n°10 : Démocratie européenne, octobre 2003 L'action collective en Europe, sous la direction de Richard Balme, Didier Chabanet, Vincent Wright. [...]
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