Le corps préfectoral représente le symbole absolu de la continuité de l'Etat par sa capacité à traverser plusieurs régimes politiques depuis sa création, il y a plus de deux siècles. Malgré le changement de dénomination des préfets qui deviennent les commissaires de la république de 1982 à 1986, ceux-ci ne changent pas de fonction et représentent la pérennité de cette institution.
En effet, le corps préfectoral a été créé en 1800 par Napoléon Bonaparte, par la loi du 28 pluviôse de l'an VIII qui institue dans chaque département un préfet « seul chargé de l'administration » et qui fixe le paysage administratif de la France contemporaine. Il traverse tout le XIXe siècle malgré les successions de régimes politiques, comme le prouve la présence de préfets aussi bien sous la monarchie de juillet que sous la seconde république et incarne en ce sens la continuité de l'Etat.
En 1945, ce grand corps de l'Etat est fortement touché par le phénomène d'épuration frappant une partie de la société française suite à la libération du pays, ce qui a pour conséquence un profond renouvellement de sa composition.
Plus que les autres membres, nous allons nous intéresser aux préfets qui se situent au sommet de l'administration préfectorale car ils incarnent ce corps aussi bien dans les missions que dans la représentation. Le préfet est le seul haut fonctionnaire dont le rôle est défini par la constitution de la Ve république. Il est nommé par décret du président de la République sur proposition du premier ministre et du ministre de l'Intérieur. D'autre part, le lien fort qu'il existe par définition entre les préfets et le sommet de l'Etat nous pousse à leur porter une attention particulière.
L'étude du corps préfectoral représente un intérêt particulier aussi bien pour l'institution en tant que telle qui dégage une forte impression de continuité et stabilité, que pour ses membres appartenant aux élites administratives françaises. Nous allons donc développer plusieurs pistes de réflexion sur son évolution et sur les rapports de ses membres à l'Etat.
Notre première partie se basera sur une étude assez sociologique du corps préfectoral en interrogeant l'utilisation même du terme de « corps » pour définir cette institution. Dans un second temps, nous soulignerons le lien fort qu'il existe entre son évolution et celle de l'Etat.
[...] Sa fonction de représentant de la continuité de l'Etat donne à l'évolution de ses missions une valeur globale, car en lien avec celle de l'Etat. Dans les années 1950, l'Etat français met en place plane d'aménagement du territoire pour répondre à de nouvelles données démographiques et sociales. Les préfets apparaissent comme les acteurs principaux de ce souci étatique. En 1963 est créée la délégation à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR) qui est remplacée par la direction interministérielle à l'aménagement et à la compétitivité des territoires (DIACT) en 2005, organisme reprenant les principales missions de la DATAR. [...]
[...] Comme l'a souligné de Gaulle : Séculairement, le corps préfectoral s'est adapté aux circonstances, aux missions et aux attributions existantes. Non point certes qu'il en méconnaisse les défauts, mais son expérience et sa dextérité l'ont rompu à s'en accommoder Les mandats de président de la République du général de Gaulle de 1958 à 1969 renvoient à l'image des préfets à poigne comme Maurice Papon et la répression de la manifestation de la station de métro Charonne qui fait au final neuf morts, ou encore Maurice Grimaud et sa fermeté lors des événements de mai-juin 1968. [...]
[...] Cette volonté du président français de laisser sa marque sur le corps préfectoral souligne le prestige de cette institution. Ces différentes nominations s'inscrivent, selon Daniel Canepa, dans la volonté de rapprocher la composition du corps préfectoral de celle de la société française Il considère cette démarche comme inéluctable et nécessaire pour maintenir un lien fort entre notre corps et la nation Le préfet doit être, selon Bernard Larvaron, un miroir de son temps, un mutant, un Janus [ ] qui s'adapte, se réorganise, à mesure que la société et ses besoins changent On remarque donc que l'administration préfectorale tente de suivre quelque peu les évolutions de la société française, mais que cela reste un phénomène peu important qui est certainement surmédiatisé dans le but de lui donner un caractère plus absolu. [...]
[...] La formation Comme nous l'avons vu en introduction, le corps préfectoral représente un des grands corps de l'Etat dont les membres appartiennent à la haute fonction publique. Il paraît intéressant d'étudier les formations qui leur permettent d'intégrer ce corps et dans quelle mesure elles constituent un facteur de cohésion allant dans le sens de l'esprit de corps Il apparaît de manière notable que le principal fournisseur de haut fonctionnaire est l'Ecole nationale d'administration (ENA). Celle-ci joue un rôle primordial dans le renouvellement de la composition des grands corps de l'Etat, car elle en modifie le recrutement. [...]
[...] Ainsi, ce n'est qu'en 1981 qu'est nommé le premier préfet, Yvette Chassagne. Cela correspond à un phénomène plus global ancré dans le souci de François Mitterrand de répondre aux poussées féministes, ce qu'il fait partiellement en créant une sorte de féminisme institutionnel. Notons que les préfets nommés dans la première partie de la démonstration et choisis de manière hétéroclite sur l'ensemble du pays sont tous des hommes, mais que les femmes sont en plus grand nombre parmi les sous-préfets. Même si la parité semble être un des trois aspects de la diversité visée par le corps préfectoral, comme le souligne Daniel Canepa, président de l'association du corps préfectoral, l'objectif de parité est encore loin d'être atteint Comme nous le prouve la liste des préfets publiée par l'association du corps préfectoral, on ne compte qu'une dizaine de femmes au poste de préfet dans l'ensemble de l'administration française. [...]
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