L'article 1 de notre Constitution de 1958 proclame : « La France est une république indivisible ». En effet, cette notion d'indivisibilité accueille celle d'Etat unitaire, où la loi est la même pour tous et partout, et où le pouvoir est concentré entre les mains d'une seule autorité, l'Etat.
Aussi, d'abord monarchiste, puis révolutionnaire mais surtout Napoléonienne, la France a très longtemps associé Etat unitaire et centralisation. Mais l'évolution des conceptions, a fait peu à peu s'engager la France dès le début du XIXème siècle, dans un processus de décentralisation, et ce, afin de mettre en œuvre des exigences de libertés, de diversité et de démocratie.
Ainsi, la France s'est engagée à compter de 1982, après ce long processus d'évolution, dans une vaste expérience de décentralisation qui a bouleversé les habitudes, démocratisé la gestion des affaires locales et rapproché le pouvoir de décision des citoyens ; d'où le développement d'un véritable pouvoir local qui fait des élus locaux, les responsables de la conduite des affaires communales, départementales et régionales.
Les deux évènements primordiaux de ce processus de décentralisation résident dans l'adoption des lois Defferre de 1982 et 1983 élaborées par le gouvernement, ainsi que dans la réforme constitutionnelle de 2003, laquelle a inscrit dans notre Constitution, et ce pour la première fois, le principe instituant la décentralisation de l'organisation de la République, caractère symbolique puissant de ce réaménagement administratif du territoire.
Ces lois s'inscrivent dans une volonté politique de mettre en œuvre une redistribution des pouvoirs entre l'Etat et les collectivités territoriales dont le but premier et de permettre une meilleure efficacité de l'action publique, ainsi que le développement d'une démocratie de proximité.
Le processus de décentralisation, engagé par l'Etat, se réalise dans les politiques publiques locales, et l'évaluation des résultats qui en est faite, permet de dresser un bilan de la décentralisation et donc d'en apprécier les apports. En effet, il est primordial de préciser que la décentralisation réside dans un nouveau mode d'organisation qui se traduit notamment par un allègement de la tutelle de l'Etat et un transfert des compétences, mais qui ne remet en aucun cas en cause le principe d'indivisibilité de la République. Le principe de libre administration et donc d'autonomie reconnu aux collectivités territoriales à l'article 72 de la Constitution de 1958 ne signifie certainement pas libre gouvernement, libre réglementation, ou bien encore liberté totale.
L'Etat exerce, en effet, un contrôle juridique, dit de légalité sur les autorités décentralisées, locales (c'est-à-dire sur les organes) ainsi que sur les actes administratifs et budgétaires, et ce, par le biais de son représentant, le Préfet, autorité déconcentrée à qui revient donc la charge de veiller au bon fonctionnement de la vie publique locale.
En effet, le principe même d'un tel contrôle sur les collectivités territoriales est consacré par l'article 72 de la Constitution, mais dans la pratique, on constate aujourd'hui que ce contrôle est largement insuffisant de par le manque cruel de moyens humains, techniques, matériels ; ceci justifie le rôle primordial d'autres instances indépendantes telles que la Chambre régionale des comptes, chargée notamment de l'évaluation des politiques publiques locales par le biais du contrôle de l'examen de gestion des collectivités, donnant ainsi à cette tutelle une toute autre dimension. Les contrôles de l'action publique locale ne s'articulent plus autour du seul contrôle de légalité, mais se fondent également sur la pertinence, l'efficience ou l'efficacité des actions.
C'est dans ce contexte qu'il serait utile de savoir dans quelles mesures les contrôles de l'Etat exercés sur les collectivités territoriales et leurs établissements publics ont ils une incidence sur l'élaboration des politiques publiques locales, résultantes directes de la politique de décentralisation ? Il convient donc de s'intéresser ici à l'influence que peuvent avoir ces contrôles sur la vie publique locale.
C'est pourquoi la première partie de ce dossier sera consacrée à l'intérêt du contrôle de légalité des actes opérés par le représentant de l'Etat, le Préfet (I), pour justement insister sur l'idée que décentralisation et principe de libre administration ne signifient en aucun cas autonomie totale, et que l'Etat a et conserve un rôle primordial dans le contrôle des décisions prises au niveau local. Nous aborderons cependant les éléments relatifs au bilan relativement décevant résultant de ces contrôles et les raisons qui éclairent une telle insuffisance.
Il nous semble par conséquent, opportun de poursuivre notre analyse en nous intéressant aux conséquences et donc aux effets que ces contrôles ont sur l'élaboration des politiques publiques locales (II), ce qui va nous amener à envisager l'évaluation de ces politiques dans le cadre notamment de l'examen de gestion des collectivités territoriales, mission dont sont chargées les Chambres Régionales des Comptes, autorités juridictionnelles indépendantes qui interviennent dans la vie publique locale, et donc sur le pouvoir des élus.
[...] En effet, cela permet à partir du constat financier de la collectivité concernée, de pouvoir envisager si les politiques publiques locales décidées pouvaient être mises en place. C'est en quelque sorte le point de commencement de tout examen de gestion pour situer comment la collectivité se positionne au niveau budgétaire. Enfin, on peut conclure, concernant ce contrôle de gestion, sur la possibilité pour la chambre régionale des comptes, de saisir le parquet, par le biais du ministère public, lorsque au regard des faits, une action pénale est envisageable. [...]
[...] A présent, nous allons nous intéresser au contrôle de l'examen de gestion et plus précisément à la procédure concrète que la chambre régionale des comptes s'applique à respecter dans ce contexte. Ainsi, deux étapes sont à distinguer, à savoir l'étape de préparation de l'examen de gestion et donc de l'élaboration d'un premier rapport d'observations provisoires, et l'adoption du rapport d'observations définitives. Ainsi, les chambres sont amenées dans un premier temps à formuler des observations dites provisoires sur la gestion d'une collectivité dans le cadre d'une première délibération et selon une procédure dite contradictoire Cependant, ces observations ne peuvent se faire sans qu'un entretien préalable ait été organisé entre les contrôleurs et les contrôlés, c'est-à- dire entre le magistrat rapporteur ou le président de la chambre régionale des comptes et l'ordonnateur de la collectivité territoriale ou de l'établissement public concerné, ainsi que l'ordonnateur qui était en fonction au cours de l'exercice examiné. [...]
[...] Plus tard, et ce sont justement ces différentes lois qui vont marquer les grandes étapes de la décentralisation, la Loi no 92-125 du 6 février 1992, relative à l'administration territoriale de la République dite loi ATR va déconcentrer les activités étatiques au niveau local et créer des structures nouvelles de coopération intercommunale (communauté de communes et communauté de villes abolies par la loi Chevènement en 1999). Ensuite, est promulguée le 4 février 1995, la Loi no 95-115 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire dite Loi Pasqua qui vise à coordonner les politiques locales sur les plans national et local et crée le schéma national d'aménagement du territoire ainsi que les schémas régionaux d'aménagement et de développement du territoire en introduisant la notion de pays (territoire caractérisé par une cohésion géographique, économique, culturelle ou sociale)[5]. [...]
[...] Quelque peu redoutés par les décideurs publics, ces contrôles portent un regard critique sur la conformité des opérations locales avec la stricte réglementation juridique, financière et comptable ainsi que sur les principes de gestion en vigueur dans le secteur local. Plus précisément, cet examen de gestion doit porter sur la régularité des actes de gestion, sur l'économie des moyens mis en œuvre et sur l'évaluation des résultats atteints par rapport aux objectifs fixés par l'assemblée délibérante ou par l'organe délibérant. [...]
[...] De plus l'évaluation qui résulte de ce contrôle joue un rôle très important du fait de sa grande influence sur les exécutifs locaux quant à l'élaboration des politiques publiques locales. Les effets de ce contrôle au niveau local : des exemples précis en matière de politiques publiques locales Principes généraux sur le système local et l'évaluation de ses politiques publiques. Dans son ouvrage intitulé Le système local en France Albert Malibeau s'attache à exposer l'état du système local français, à s'interroger sur son existence, et sur les processus de son adaptation. [...]
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