"En matière de compétence juridictionnelle, et en particulier lorsqu'il s'agit de déterminer les actes susceptibles d'être contestés par voie du recours pour excès de pouvoir, tout n'est qu'affaire d'opportunité", d'après les conclusions de Mr Collet.
Le 28 juillet 2010, le président de la république Mr Nicolas Sarkozy dans son discours de Grenoble évoquait l'objectif précis d'évacuer 300 camps ou implantations illicites d'ici 3 mois avec une priorité faites aux camps de Roms. Le 5 août 2010, Michel Bart, directeur du cabinet de Mr Brice Hortefeux, à ce moment ministre de l'intérieur, prenait une directive rappelant les instructions du discours du 28 juillet. Il ordonnait aussi aux préfets d'engager une démarche systématique de démantèlement des camps illicites, en priorité ceux des Roms. Suite à cette circulaire, Brice Hortefeux lui-même prenait une seconde circulaire en date du 13 septembre 2010 pour "lever tout malentendu sur une éventuelle stigmatisation" des Roms. Cette circulaire demande aux préfets de "poursuivre" les évacuations "quels qu'en soient les occupants".
Le 20 septembre 2010, l'association SOS Racisme - Touche pas à mon pote saisissait la section contentieuse du Conseil d'Etat visant à l'annulation des directives du 5 août 2010 et du 13 septembre 2010 pour excès de pouvoir. Le Conseil d'Etat devait alors se prononcer sur une éventuelle censure de la circulaire pour avoir explicitement désigné comme prioritaire l'évacuation des campements de Roms, se basant ainsi sur un critère ethnique. La section contentieuse du Conseil d'Etat rendait son jugement le 7 avril 2011 par les 5èmes et 4èmes sections réunies (montrant en partie l'importance de cet arrêt).
Lorsqu'un acte réglementaire est visé par un recours devant une juridiction deux questions se posent immédiatement. Le recours est-il recevable car faisant grief ? L'acte réglementaire, ici la circulaire est-elle légale ? Le Conseil d'Etat a annulé le 7 avril 2011 la directive du 5 août 2010 "article 1er : la circulaire du ministre de l'intérieur, de l'outre mer et collectivités territoriales en date du 5 août 2010 est annulé". Cependant la seconde requête contre la circulaire du 13 septembre 2010 est rejetée (...)
[...] En tout état de cause, il parait inconcevable de remettre en place tout les camps démanteler et d'annuler toutes les reconduites à la frontière. Il semble ici que le CE a voulu se prononcer sur une circulaire faisant grand bruit, afin de sanctionner une faute commise même si celle-ci est abrogé. Bien que nous puissions trouver justification de ce recours contre la directive du 5 août 2010 dans les effets qu'elle a produit, le Ce se prononce dans la lignée d'une jurisprudence (la jurisprudence Mme Duvignères). [...]
[...] Considérant qu'il ressort des pièces du dossier que la circulaire du 5 août 2010, alors même qu'elle a été remplacée par celle du 13 septembre 2010, a reçu application avant son abrogation ; que par suite, le ministre n'est pas fondé à soutenir que les conclusions de la requête dirigées contre la circulaire du 5 août 2010 seraient irrecevables faute d'objet Ici, le juge du Conseil d'Etat souligne clairement le fait que la circulaire du 5 août était au moment de la réception de la requête pour excès de pouvoir, abrogée par la circulaire du 13 septembre 2010. Au premier abord, se pose évidement la question de l'intérêt d'un recours contre une disposition ne produisant plus d'effet. En effet, il est habituellement courant de voir rejeter par le Conseil d'Etat toute demande contre un acte administratif abrogée. [...]
[...] Il convient de rappeler que les circulaires sont des prescriptions que le chef de service fournit aux agents placés sous son autorité en ce qui concerne l'interprétation des lois et règlements. Le Conseil d'Etat peut-il annuler une circulaire interprétative comportant des dispositions à caractère générale et impératif pour inconstitutionnalité ? Il conviendra dans une première partie d'étudier que le recours se dirige contre une circulaire déjà abrogé Dans une seconde partie, nous étudierons en quoi le Conseil d'Etat semble s'approcher dans cette décision du Conseil Constitutionnel (II). Un recours en Conseil d'Etat contre une circulaire déjà abrogé. [...]
[...] Ainsi, le Conseil d'Etat devrait s'arrêter à la confirmation de la légalité de l'acte justifiant le rejet de l'association SOS Racisme Touche pas à mon pote (théorie de la loi écran institué par l'arrêt Arrighi du 6 novembre 1936). La loi du 5 juillet 2000 s'interpose entre l'acte et la constitution, elle est légale et confirme la légalité de l'acte. Le jugement devait ainsi être prononcé. Seulement, le Conseil d'Etat malgré cette loi écran est venu attester de la constitutionnalité du texte. [...]
[...] Commentaire juridique, arrêt du Conseil d'Etat du 7 avril 2011, Association SOS Racisme- Touche pas à mon pote En matière de compétence juridictionnelle, et en particulier lorsqu'il s'agit de déterminer les actes susceptibles d'être contestés par voie du recours pour excès de pouvoir, tout n'est qu'affaire d'opportunité d'après les conclusions de Mr Collet. Le 28 juillet 2010, le président de la république Mr Nicolas Sarkozy dans son discours de Grenoble évoquait l'objectif précis d'évacuer 300 camps ou implantations illicites d'ici 3 mois avec une priorité faites aux camps de Roms. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture