Les administrés sont-ils devenus des usagers ou des clients ?

Extraits

[...] Résumé Les administrés sont-ils devenus des usagers ou des clients ? Au delà de la polémique ici soulevée, il convient d'analyser, plutôt que l'opportunité d'une telle transformation, sa réalité technique. Cela suppose que soient définis l'administré, personne passive soumise à l'autorité administrative ; l'usager, personne active bénéficiant effectivement d'un service public ; et le client, acheteur d'un bien ou service à un offreur, dans le cadre d'une relation commerciale. Si le concept d'administré, vécu comme rétrograde, a laissé place à celui d'usager du service public la mise en œuvre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) semble marquer un nouveau tournant du service public français, avec l'émergence de citoyens-clients (II). [...]

[...] Le passage des citoyens du statut d'administrés à celui d'usagers est visible dans l'évolution de nombreux services publics, qui se détachent de plus en plus des administrations. L'exemple du service public postal et de télécommunications est à cet égard éloquent. Ainsi, l'administration des postes, télégraphes et téléphones fondée en 1921, a longtemps été constitutive de l'Etat, ayant le statut d'administration d'Etat sous budget annexe, avant de s'en détacher progressivement. Au fur et à mesure que s'opérait ce détachement vis-à-vis de l'Etat, le service public des postes et télécommunications se montrait emblématique de la transformation de l'administré en usager et, in fine, sans doute, en client. [...]

[...] Cela implique non seulement un prix de facturation, mais aussi le respect d'une idéologie centrée sur des rapports commerciaux et des impératifs de moindre coût et d'efficience. C'est là tout le sens du concept de client. Si le concept d'administré, passif et soumis, vécu comme rétrograde et dépassé, a de toute évidence laissé place à celui d'usager actif du service public les dernières évolutions liées à la mise en œuvre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) semblent marquer un nouveau tournant dans l'évolution du service public français, avec l'émergence de citoyens-clients (II). A bien des égards, il semblerait que les administrés soient devenus usagers. [...]

[...] Est-ce le signe d'une future transformation de l'usager de tous les services publics non administratifs en véritable client ? ( ( ( Les évolutions récentes du service public, et notamment celles liées à la Révision générale des politiques publiques (RGPP), donnent bien à penser que les administrés deviendront de plus en plus de réels clients. En effet, la RGPP se fixe trois objectifs, respectivement tournés vers l'agent public, l'usager et le contribuable : la revalorisation des métiers des agents publics ; l'amélioration de la qualité et de l'efficacité des services publics (c'est-à-dire leur capacité à atteindre leurs objectifs) ; et enfin la diminution des coûts et des moyens mis en œuvre. [...]

[...] Ainsi posée, techniquement, la question exige que soient au préalable définis ces trois concepts clefs : l'administré, l'usager et le client. Si l'administré est la personne soumise à l'autorité administrative, c'est-à-dire à ses actes qui lui sont directement applicables, l'usager se définit comme une personne physique bénéficiant effectivement de la prestation offerte par le service public, et qui à cette fin utilise les installations du service. L'usager est donc placé au cœur du service public, dont il justifie l'existence et le fonctionnement, comme l'a rappelé Léon Duguit : sans ses usagers, le service public fonctionnerait dans le vide Le client, enfin, est la personne qui achète un bien et qui de ce fait entretien une relation commerciale avec l'offreur. [...]