Conseil d'Etat 6 octobre 2008, Société Cinéditions, conciliation, protection de l'ordre public, liberté d'expression, ministre de l'information, conventions internationales, contrôle de conventionnalité, procédure administrative, Convention des droits de l'homme, police administrative, commentaire d'arrêt
Cet arrêt du Conseil d'État en date du 6 octobre 2008, Société Cinéditions, n 311017 publié au recueil LEBON, réunissant la 10e et 9e chambre, pose la question de la conciliation entre la protection de l'ordre public et celle de la liberté d'expression, deux composantes essentielles, bien que parfois conflictuelles, de la démocratie.
En 2007, La Société Cinéditions demande au ministre de la Culture un visa d'exploitation du film "Quand l'embryon part braconner", pour le 3 octobre 2007. Le ministre soumet cette demande à la Commission de la classification qui, après avoir visionné le film, lui propose la restriction de sa diffusion aux personnes majeures.
[...] La protection de l'ordre public Cet arrêt donne une idée intéressante de la notion d'ordre public, souvent associé, dans les esprits, à la répression et l'hyper sécurité. Cette protection est de tous les considérants du juge sur au moins deux points : la compétence de la police administrative dans ce domaine et la notion d'ordre public aujourd'hui. A. Une décision de police administrative particulière et contrôlée par une Haute Juridiction Dans le considérant le juge administratif examine la recevabilité de la requête. [...]
[...] Ces limites sont tout d'abord la soumission à autorisation des entreprises de média, ce que la convention ne voit pas comme étant contradictoire avec la liberté d'expression individuelle et les devoirs inhérents à cette liberté. Ces devoirs justifieraient, selon la Convention, certains contrôles nécessaires « dans une société démocratique à la protection de la morale » donc finalement au bon fonctionnement de l'ordre public. On se retrouve donc dans la situation où, le maintien de l'ordre public est évoqué, sans cynisme, comme garant de la démocratie et donc de la liberté individuelle. [...]
[...] Il est question de trouver l'équilibre entre la protection de l'ordre public et le respect des libertés fondamentales notamment la liberté d'expression. II. La protection des libertés fondamentales par le contrôle de la police administrative et par le respect des conventions internationales A. Le contrôle de la police administrative par le Conseil d'État L'existence même de cet arrêt révèle que le pouvoir de police du ministre n'est pas discrétionnaire en matière d'ordre public puisqu'il est contrôlé par une Haute Juridiction qui évite une dérive autoritaire de l'administration et une restriction des libertés. [...]
[...] » Mais cet arrêt n'est venu que bien après la création en 1945 de la Commission de classification des films, que le ministre se doit de consulter pour avis avant d'accorder un visa d'exploitation. Il s'agit d'un avis simple, que le ministre peut suivre ou pas, puisque c'est lui qui dispose du pouvoir final et personnel de décision. Contrairement à ce que lui reproche la société requérante, le ministre de la Culture a donc bien utilisé sa pleine compétence en matière de classification d'un film. B. [...]
[...] Le Conseil d'État va plus loin en enjoignant le ministre à tenir compte de « la nécessité de concilier les intérêts généraux dont il a la charge avec le respect dû aux libertés publiques et notamment à la liberté d'expression ». Le juge doit vérifier désormais les motifs de la décision et surtout la proportionnalité de celle-ci. Dans une Assemblée du 26 décembre 2011, le Conseil d'État a par ailleurs précisé la nature du contrôle administratif en le soumettant au triple test de proportionnalité : les mesures de police devant désormais être adaptées, nécessaires et proportionnées. [...]
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