L'association Solidarité des Français, pour venir en aide aux personnes en difficulté, organise, parmi d'autres activités, une soupe populaire tous les jeudis soirs de l'hiver qui contient du porc. Le préfet de police a interdit par un arrêté du 28 décembre 2006 la soupe au cochon prévue le mardi 2 janvier.
Saisi en référé, le tribunal administratif de Paris, par une décision rendue le 2 janvier 2007, suspendait la décision du préfet, considérant qu'elle portait à la liberté de réunion « une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale ». Le ministre de l'Intérieur a alors saisi le Conseil d'Etat, lui demandant l'annulation de la décision du tribunal administratif ordonnant la suspension de l'arrêté du 28 décembre.
Ainsi il s'agissait de savoir si le fait d'interdire la distribution d'une soupe au cochon présentait une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale. Le Conseil d'Etat, le 5 janvier 2007, a annulé la décision du tribunal administratif et confirmé la légalité de l'arrêté d'interdiction aux motifs que la distribution de la soupe au cochon présentait un caractère discriminatoire et que l'arrêté contesté prend en considération les risques de réactions à ce qui est conçu comme une démonstration susceptible de porter atteinte à la dignité des personnes privées du secours proposé et de causer ainsi des troubles à l'ordre public.
[...] En l'espèce le juge souligne que le respect de la liberté de manifestation ne fait pas obstacle à ce que l'autorité investie du pouvoir de police interdise une activité si une telle mesure est seule de nature à prévenir un trouble à l'ordre public Ainsi, le degré d'atteinte à la liberté qui y est porté ne parait pas excessif au juge. Cela parait discutable, car le fait d'interdire cette manifestation est une atteinte à la liberté de manifestation qui est un droit fondamental. [...]
[...] Conseil d'Etat janvier 2007 - troubles à l'ordre public et discriminations Ordonnance du juge des référés du 5 janvier 2007 L'association Solidarité des Français, pour venir en aide aux personnes en difficulté, organise, parmi d'autres activités, une soupe populaire tous les jeudis soirs de l'hiver qui contient du porc. Le préfet de police a interdit par un arrêté du 28 décembre 2006 la soupe au cochon prévue le mardi 2 janvier. Saisi en référé, le tribunal administratif de Paris, par une décision rendue le 2 janvier 2007, suspendait la décision du préfet, considérant qu'elle portait à la liberté de réunion une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale Le ministre de l'Intérieur a alors saisi le Conseil d'Etat, lui demandant l'annulation de la décision du tribunal administratif ordonnant la suspension de l'arrêté du 28 décembre. [...]
[...] Le juge administratif accepte de prendre des mesures de police qui entendent mettre en place des mesures restreignant la liberté, en cas de risque de trouble à l'ordre public. Il est vrai que les mesures de police administrative ont un caractère préventif, mais celui-ci semble de plus en plus étendu, car cette distribution de soupe a déjà été réalisée à maintes reprises et aucune association religieuse concernée (juives ou musulmanes) ne s'est plainte ce qui prouve que le trouble à l'ordre public n'a pas été caractérisé et ne risque pas de l'être. [...]
[...] La distribution de la soupe au cochon constitue-t-elle une atteinte à la dignité humaine ? La confirmation de la dignité humaine comme composante de l'ordre public rappel du triptyque traditionnel La consécration de la dignité humaine par l'arrêt Commune de Morsang- sur-Orge. L'application en l'espèce Le CE n'évoque pas la notion de discrimination. Un raisonnement sensiblement différent à celui retenu dans l'arrêt Commune de Morsang-sur-Orge. II) Une mesure de police nécessaire et proportionnée ? L'application souple des conditions traditionnelles de légalité des mesures de police Rappeler les conditions traditionnelles de l'arrêt Benjamin. [...]
[...] Cette appréciation est révélatrice d'une interprétation extensive des notions de discrimination et de troubles à l'ordre public. II) Une interprétation extensive des notions de discrimination et de troubles à l'ordre public Le juge a procédé à une interprétation extensive des notions de discrimination et de trouble à l'ordre public qui a pour effet de présenter des avantages limités Une interprétation extensive Le juge administratif, pour permettre l'annulation de la décision du tribunal administratif et confirmer la légalité de l'arrêté d'interdiction, met en avant le caractère discriminatoire de la distribution de la soupe portant atteinte à la dignité des personnes et les risques de trouble à l'ordre public. [...]
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