En droit français, le juge administratif a vocation à protéger les droits et libertés fondamentales des citoyens.
En l'espèce, il s'agit d'un arrêt rendu le 3 octobre 2008 par le Conseil d'Etat.
La commune d'Annecy a introduit un recours pour excès de pouvoir, requérant au Conseil d'Etat l'annulation d'un décret du 1er août 2006 relatif aux lacs de montagne.
La commune d'Annecy semble contester la légalité de cet acte administratif en vertu de l'article 34 de la Constitution de 1958 et notamment de l'article 7 de la Charte de l'environnement de 2004, contenue dans son Préambule. Le requérant semble en effet estimer que l'Etat a pris un décret dans un domaine où seul le législateur est compétent.
Le défendeur, quant à lui, semble manifester sa compétence, considérant que le décret a été pris en application de l'article L 145-1 du code de l'urbanisme.
La question est donc de savoir si la Charte de l'environnement de 2004, consacrée par le Préambule de la Constitution de 1958, peut être invoquée devant le juge administratif pour un recours en annulation d'un acte administratif sur le fondement de l'incompétence de son auteur relevée par ladite Charte.
Pour fonder sa décision, le Conseil d'Etat va considérer que le pouvoir réglementaire a méconnu l'article 7 de la Charte de l'environnement de 2004, et qu'en le méconnaissant, le décret a été pris par une autorité incompétente, à savoir le pouvoir réglementaire, dans un domaine réservé au pouvoir législatif.
Le Conseil d'Etat consacre dans cet arrêt la valeur constitutionnelle de la Charte de l'environnement ; ainsi il est intéressant d'étudier comment le Conseil d'Etat, dans sa formation la plus solennelle qu'est l'Assemblée, reconnaît une valeur juridique et constitutionnelle à une partie du bloc de constitutionnalité, comme il l'a déjà fait auparavant pour d'autres textes procédant du Préambule de la Constitution.
Il est aussi intéressant par cet arrêt d'étudier dans quelle mesure la compétence de l'auteur d'un acte administratif est un souci permanent en droit administratif.
Mots clés: commentaire d'arrêt, lac d'Annecy, arrêt du Conseil d'Etat, charte de l'environnement, loi, acte administratif, constitution, 1958, Préambule, article 34
[...] Cette fonction est consacrée par le Conseil d'État en l'espèce par l'annulation du décret pour incompétence du pouvoir réglementaire. B - L'annulation du décret par le juge administratif pour incompétence du pouvoir réglementaire Le Conseil d'État énonce, en application des articles 34 de la Constitution et 7 de la Charte de l'environnement, que "une disposition réglementaire ne peut intervenir dans le champ d'application de l'article 7 de la Charte de l'environnement que pour l'application de dispositions législatives, notamment parmi celles qui figurent dans le code de l'environnement et le code de l'urbanisme". [...]
[...] Par cet arrêt du 3 octobre 2008, le Conseil d'État achève le long processus de la consécration de la valeur constitutionnelle des normes du Préambule de la Constitution, en accordant pour la première fois une valeur juridique à la Charte de l'environnement. Le juge administratif fonde sa décision sur l'article 7 de la Charte "ces dispositions, comme l'ensemble des droits et devoirs définis par la Charte de l'environnement " et en profite pour poser le principe de la valeur constitutionnelle du texte dans son ensemble. [...]
[...] En l'espèce, il s'agit d'un arrêt rendu le 3 octobre 2008 par le Conseil d'État. La commune d'Annecy a introduit un recours pour excès de pouvoir, requérant au Conseil d'État l'annulation d'un décret du 1er août 2006 relatif aux lacs de montagne. La commune d'Annecy semble contester la légalité de cet acte administratif en vertu de l'article 34 de la Constitution de 1958 et notamment de l'article 7 de la Charte de l'environnement de 2004, contenue dans son Préambule. Le requérant semble en effet estimer que l'État a pris un décret dans un domaine où seul le législateur est compétent. [...]
[...] Or, la compétence de l'auteur est un moyen d'annulation de légalité externe d'un acte administratif dans le cadre d'une procédure de recours pour excès de pouvoir. On peut également relever une erreur de droit dans le motif d'adoption du décret, moyen de légalité interne d'annulation d'un acte administratif, dans la mesure où la loi invoquée pour justifier l'adoption de l'acte n'a pas été correctement interprétée par l'administration. Sur ces fondements, la décision d'annulation de l'acte administratif par le Conseil d'État est légalement justifiée. [...]
[...] On pourrait donc penser que les dispositions de ces deux articles ont été respectées. Pourtant, le Conseil d'État considère que ni l'article L 110-1 du code de l'environnement, ni l'article L 145-1 du code de l'urbanisme ne sont des dispositions fixant les "limites et conditions" requises par l'article 7 de la Charte et nécessaires à la validité des actes ultérieurement pris par le pouvoir réglementaire en application de ces articles. Le Conseil d'État considère "qu'en l'absence de la fixation par le législateur de ces conditions et limites, le décret attaqué (ne peut pas être un) décret d'application des mesures fixées par le législateur", dans la mesure où il "entre dans le champ de l'application de l'article 7 de la Charte". [...]
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