Ce texte de lois se place ouvertement pour une domination de la religion catholique en France, mené par ce qu'on a appelé la Sainte Ligue, au dépend des protestants survivants. Ainsi, cet édit d'Union réaffirme ce qui représente une des lois fondamentales du royaume, à savoir la catholicité du roi.
L'enjeu de cette étude est de définir ce principe de catholicité du roi, mais aussi de comprendre pourquoi il a besoin d'être réaffirmé par cet acte législatif.
Après avoir défini la loi fondamentale de la catholicité du roi (I) et le fait que cette catholicité doit être aussi respectée par le peuple (II), nous comprendrons que cet édit n'a pour seul objectif que d'asseoir la religion catholique comme seule religion d'Etat.
[...] Le principe de catholicité du roi réaffirmé par l'Edit d'Union A cette réaffirmation de la loi fondamentale considérant la catholicité du roi s'ajoute ici le moyen de combattre du plus haut sommet de la pyramide politique le camp protestant ou non-catholique La loi fondamentale de la catholicité du Roi Depuis Clovis, tous les rois de France sont catholiques. Cependant, le titre de roi très chrétien n'apparaît cependant que sous le règne de Charles V. Il aura donc fallu attendre onze siècles pour que cette loi de catholicité soit fondamentale. Cette expression de roi très chrétien, ajouté de la formule premier fils de l'Eglise est reprise derechef au début du texte. [...]
[...] Commentaire de l'Edit d'Union de 1588 Le texte présenté est un extrait de l'Edit d'Union signé par le Roi de France de l'époque, Henri III, à Rouen au mois de juillet de l'an 1588. C'est le célèbre juriste et député du XIXème siècle, François Isambert, qui a choisi de mettre en valeur cet acte dans son Recueil général des anciennes lois françaises. L'édit découlait juridiquement des ordonnances au XVIème siècle. Le mot ordonnance ne désignait pas un type d'acte précis mais toute espèce de décision royale d'intérêt général ; il était employé au pluriel quand il s'appliquait aux grandes lois visant à réformer le royaume : on parlait ainsi des ordonnances de Blois de mai 1579. [...]
[...] Les édits n'étaient pas forcément scellés de cire verte. Beaucoup d'entre eux étaient scellés de cire jaune sur double queue de parchemin. Cet Edit d'Union qui nous intéresse a été rédigé sous le règne d'Henri III, le dernier roi de la maison des Valois, vraisemblablement par ses propres légistes. Ces lois se situent dans un contexte historiquement troublé : la fin du XVIème siècle fut marqué par les Guerres de Religion qui ont secoué la France, avec le massacre 16 ans plus tôt, le 24 août 1572, de la Saint- Barthélemy, où les catholiques, menés par le roi Charles IX et sa mère Catherine de Médicis, ont réduit à néant le camp protestant, plus communément appelé les huguenots dirigé par l'amiral de Coligny et Henri de Navarre, futur Henri IV. [...]
[...] Ici se dresse les prémisses de l'idée de la religion d'Etat. II) Un principe de catholicité réaffirmé pour le peuple français La catholicité respecte par les sujets du roi et affirmée par l'Edit d'Union a pour but de légitimer la religion catholique comme seule religion véritable en France Le principe de catholicité s'applique également pour les sujets du Roi Ce principe est donc énoncé au deuxième point de l'Edit : voulons et ordonnons que tous nos sujets, princes, seigneurs, tant ecclésiastiques, gentilshommes, habitants des villes et plat pays qu'autres de quelque qualité et condition qu'ils soient, s'unissent et joignent en ceste cause avec nous Lesdits sujets sont donc sommés de ne pas répondre à un roi qui ne serait pas catholique si par hasard cet homme s'emparerait du royaume (troisième point de l'Edit). [...]
[...] Ce texte de lois se place ouvertement pour une domination de la religion catholique en France, mené par ce qu'on a appelé la Sainte Ligue, au dépend des protestants survivants. Ainsi, cet édit d'Union réaffirme ce qui représente une des lois fondamentales du royaume, à savoir la catholicité du roi, consacré par le précédent Edit de Nemours quelques années plus tôt ; on prévoit que les sujets doivent suivre la religion du roi et que le roi ne peut, évidemment, qu'être catholique, puisqu'il est , d'une part, le Fils aîné de l'Eglise selon la parole des Papes (on fait ici une allusion transparente au baptême de Clovis), et que d'autre part, depuis le règne de Charles les théologiens et juristes ont admis le principe de roi très chrétien L'enjeu de cette étude est de définir ce principe de catholicité du roi, mais aussi de comprendre pourquoi il a besoin d'être réaffirmé par cet acte législatif. [...]
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