Les sieurs Denoyez et Chorques sont deux administrés propriétaires de résidences secondaires (« de vacances ») sur l'île de Ré. Pour relier le continent à l'île, une voie de bac a été mise en place et exploitée en régie par le Département de Charente Maritime. Mais la liaison est soumise à une tarification variable et croissante selon que l'usager habite l'île, le département ou ailleurs. Les intéressés demandent donc que leur soit appliqué le tarif préférentiel dont bénéficient les insulaires, ou à défaut, celui des habitants de Charente Maritime. Une demande accessoire faite par le sieur Hubert Denoyez concerne le remboursement des trop-perçus depuis 1964 et l'abrogation du tarif des cartes d'abonnement.
Par des décisions en date des 3 juin et 27 octobre 1971, le préfet de Charente Maritime n'a pas accueilli leurs demandes. Des requêtes introduites contre les décisions préfectorales devant le Tribunal administratif de Poitiers le 7 juin 1972 ont également été rejetées, ce qui a conduit les sieurs Denoyez et Chorques à intenter un dernier recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d'Etat afin d'annuler le jugement en premier instance et faire valoir leurs droits. Les demandeurs invoquent le respect du principe d'égalité devant le service public pour condamner la Régie départementale des passages d'eau à leur appliquer un tarif préférentiel en tant que résidents de l'île.
A quelles conditions une discrimination fondée sur le lieu de domicile peut-elle être compatible avec l'égalité des usagers devant le service public ?
[...] Une différence de situation appréciable peut justifier une discrimination tarifaire des usagers du service public Trois justifications légales peuvent être apportées à des différences de tarifications : la loi, l'intérêt général ou des différences de situation appréciables. En l'espèce, aucune disposition législative n'avait envisagé de catégories tarifaires en matière d'exploitation publique de passages d'eau. Aucune nécessité d'intérêt général en rapport avec les conditions d'exploitation n'intervient ici. Il reste donc l'argument des différences appréciables entre les intéressés et ceux du continent. [...]
[...] En revanche, les résidents permanents, domiciliés à titre principal sur l'île, font un usage plus vital du passage d'eau, correspondant à des besoins nécessaires et essentiels (travail, approvisionnements), intenses et fréquents (toute l'année et quotidiennement). Cet arrêt amorce une jurisprudence constante en matière de discrimination des usagers du service public : que ce soit pour un service public de distribution d'eau (CE 14 janvier 1991, Bachelet ; CE 28 avril 1993 Commune de Coux), de crèche communale (CE 20 janvier 1989 CCAS de la Rochelle), de parc de stationnement (CE 12 juillet 1995, Commune de Maintenon) ou encore d'un conservatoire municipal de musique (CE 29 décembre 1997, Communes de Gennevilliers et de Nanterre), seuls les 3 critères dégagés par le juge administratif peuvent justifier une distinction tarifaire. [...]
[...] Ainsi, il confirme le jugement du tribunal de Poitiers qui avait rejetait en appel les prétentions des sieurs Denoyez et Chorques. La requête en remboursement des trop-perçus introduite par le sieur Denoyez n'est donc pas fondée. Finalement, les demandeurs se verront appliquer le même tarif que les continentaux, bien qu'ils soient propriétaires d'une résidence secondaire sur l'île. Par ailleurs, l'illégalité du régime tarifaire accordé aux Charentais, par cet arrêt, prend une force de chose jugée qui oblige l'autorité administrative compétente à modifier la discrimination tarifaire dont bénéficient les habitants du département. [...]
[...] Arrêt Denoyez et Chorques (CE 10/05/1974) Les sieurs Denoyez et Chorques sont deux administrés propriétaires de résidences secondaires de vacances sur l'île de Ré. Pour relier le continent à l'île, une voie de bac a été mise en place et exploitée en régie par le Département de Charente Maritime. Mais la liaison est soumise à une tarification variable et croissante selon que l'usager habite l'île, le département ou ailleurs. Les intéressés demandent donc que leur soit appliqué le tarif préférentiel dont bénéficient les insulaires, ou à défaut, celui des habitants de Charente Maritime. [...]
[...] Des requêtes introduites contre les décisions préfectorales devant le Tribunal administratif de Poitiers le 7 juin 1972 ont également été rejetées, ce qui a conduit les sieurs Denoyez et Chorques à intenter un dernier recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d'Etat afin d'annuler le jugement en premier instance et faire valoir leurs droits. Les demandeurs invoquent le respect du principe d'égalité devant le service public pour condamner la Régie départementale des passages d'eau à leur appliquer un tarif préférentiel en tant que résidents de l'île. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture