« Des communistes nouvelle manière veulent supprimer les incitations matérielles destinées aux musiciens, aux réalisateurs de cinéma et aux développeurs de logiciels », avertit M. Bill Gates dans un entretien de janvier 2005. Depuis, cette présentation a été reprise par les armées de lobbyistes qui réclament l'extension du champ d'application de la propriété intellectuelle. N'y aurait-il donc rien entre une vision expansionniste de la propriété intellectuelle et le « communisme » ? La culture doit-elle choisir entre la surveillance détaillée de ses utilisations par la technologie, et un régime bureaucratique d'économie administrée, entre une gratuité destructrice de la création et la maximisation du profit retiré de chaque usage de chaque œuvre ?
Allant dans le sens de cette inquiétude, de nos jours, via le piratage sur Internet, la gratuité des musées, les progrès de la presse gratuite, l'émergence des nouveaux modèles économiques fondés sur un financement par la publicité : tout le champ des activités culturelles et de leur économie est désormais traversé par la question de la "gratuité".
[...] Celui-ci, en France, est actuellement d'une durée de 70 ans après la mort de l'auteur. La culture va pourtant subir au cours du XXe siècle une transformation radicale qui aboutira à l'abandon de ces deux conceptions de la propriété intellectuelle pour en développer une nouvelle. En effet, les œuvres culturelles ne vont pas échapper au capitalisme qui domine petit à petit l'économie mondiale au cours du siècle. Ainsi, la commercialisation des œuvres légitimée par les libéraux au XIXe va finalement aboutir à une marchandisation à outrance des biens culturels, qui n'auront alors que peu de différences avec tout autre bien de consommation. [...]
[...] En revanche, on voit s'opposer à cette conception libérale de la propriété intellectuelle une tout autre, la conception purement utilitariste du droit d'auteur. Les premiers défendant une propriété naturelle, antérieure à la loi, les seconds au contraire la définissent comme une construction sociale trouvant son origine dans son utilité sociale. La question de la propriété intellectuelle dépend donc de l'utilité de l'œuvre culturelle. La citation suivante de Jules Dupuit, grand artisan du développement de la pensée utilitariste, est assez éclairante quant au caractère utile ou non pour la société d'un bien culturel : Pour améliorer le sort de lettres digne de ce nom, il faut répandre à profusion la bonne littérature; il faut que sa lumière, gratuite comme celle du soleil, éclairant et pénétrant les masses, forme un public capable de comprendre et d'apprécier ce qui est bien et ce qui est beau. [...]
[...] Depuis peu, les débats se multiplient autour des bienfaits, ou non, d'une culture gratuite, du fait de l'avènement incontestable d'une culture de la gratuité et, parallèlement, autour de la marchandisation de la culture. L'objet de cette dissertation est de dresser un état des lieux de ce débat d'actualité après les évolutions des siècles derniers, en s'interrogeant ensuite sur l'intérêt et les limites d'une 'gratuité' étendue de la culture. Cette réflexion tournera autour de ces questions: la gratuité de la culture est-elle réellement un idéal à atteindre pour la société ? Quelles sont les conséquences de la marchandisation de la culture, mais aussi d'un éventuel accès totalement gratuit aux œuvres culturelles ? [...]
[...] Récemment, l'essor de la gratuité de la culture s'explique par une révolution technologique, le développement d'internet et du numérique. Ici, bien que les pratiques rendant les œuvres culturelles gratuites soient illégales, nous sommes bien face au phénomène le plus important et qui donna sans doute naissance à cette culture de la gratuité. Le numérique a permis de stocker des fichiers sur un ordinateur, permettant ainsi de se passer des supports habituels, DVD, CD. Dans le même temps, sur internet se sont développés les réseaux peer to peer (pair à pair), réseaux permettant de mettre à disposition à tout internaute des fichiers audio, vidéo, textuels et par la même occasion de télécharger ceux des autres internautes ayant mis leurs propres fichiers sur ce réseau. [...]
[...] Selon eux, la gratuité du musée n'a pas poussé les populations qui n'allaient au musée lorsque l'entrée était payante à fréquenter pour autant ces lieux. L'impact de la gratuité de l'école est lui-même nuancé depuis peu, l'école privée faisant de plus en plus concurrence au public, les familles semblant juger, à tort ou à raison, l'enseignement privé de meilleure qualité. L'accès à la culture rendu gratuit par l'Etat n'est donc pas suffisant, il faut que celui-ci soit attractif pour avoir un réel impact, ou qu'il soit perçu comme étant de qualité par la population. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture