Telle pourrait être la question pour le gardé à vue. Aujourd'hui, le problème n'est plus de savoir comment prouver son innocence mais plutôt de calculer au mieux les risques d'un verdict défavorable. Dès lors, finalement le consentement semble devenir un élément de la procédure pénale. Pourtant, « consentement et procédure pénale semblent être antinomiques et leur rapprochement anachronique ». A priori, cela peut être le cas, mais cette présomption n'est que trompeuse.
Tout d'abord, le choix du régime procédural est important. Ainsi, les rédacteurs du Code de procédure pénale de 1958 ont opté pour un régime procédural que l'on peut qualifier de mixte. C'est un compromis entre deux tendances : le droit à la sécurité et le droit à la liberté. La procédure pénale française actuelle semble être en phase avec ce double objectif. Elle comporte au différent stade de son déroulement le système accusatoire orienté vers les droits de la défense et le système inquisitoire tourné vers une défense de la société. Dans le système accusatoire, la procédure est orale, publique et contradictoire. Alors que dans le système inquisitoire, la procédure est écrite, secrète et non contradictoire. L'actualité législative française de la procédure pénale démontre bien la volonté du législateur de concilier les différents intérêts en présence dans une société démocratique.
Les principes directeurs gouvernant le procès pénal doivent donc nécessairement respecter l'antagonisme qui existe entre le respect de l'autorité dont l'Etat doit user pour protéger l'ordre public et le respect des droits et libertés fondamentales des personnes. Ces principes ont été insérés dans le Code de procédure pénale par la loi du 15 juin 2001 à l'article préliminaire : cet article est subdivisé en trois rubriques. L'une d'elle fixe les objectifs principaux de la procédure pénale, l'autre assure les droit des victimes et enfin la dernière reprend les grands principes énoncé par l'article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits et des libertés fondamentales relatif au procès équitable. Il paraît clair, notamment pour le Magistrat Francis Casorla, que le législateur a développé les principes directeurs de la procédure pénale « en se calquant sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme ».
Le droit comparé : La procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité est clairement inspirée du système du « plaider-coupable » ou « plea bargaining » connu dans différents pays de droit Anglo-saxon. Cependant, la codification assez précise, notamment des peines encourues et de leur aménagement possible, distingue cette procédure des traditions juridiques de plea baigaining. En effet, cette dernière s'est fondée sur la pratique et s'étend à toutes les infractions y compris les crimes. L'analyse de droit comparé permet donc de mettre en évidence l'opposition entre les Pays anglo-saxons, et les autres pays qui ont récemment adoptés des procédures qui s'en inspirent. Dans les pays Anglo-saxon, le plaider-coupable est très peu codifié mais constitue un élément fondamental de la procédure pénale. Toutes les infractions peuvent faire l'objet d'une reconnaissance préalable de culpabilité quel qu'en soit sa gravité.
En revanche, dans les pays d'Europe continentale, les dispositifs inspirés du plaider coupable sont, sauf en Allemagne, codifiés et applicables seulement à des infractions mineures. Seul le Code de procédure pénale allemand ne comporte aucune disposition sur la reconnaissance préalable de culpabilité. Cependant, les transactions portant sur des remises de peine en échange d'aveu de culpabilité sont admises par la jurisprudence. En revanche, sous la dénomination de « confession », le Code de procédure pénale Portugais comporte depuis 1987 une disposition sur la reconnaissance préalable de culpabilité. De même, le Code de procédure pénale Italien de 1988 a multiplié les possibilités de recours à des procédures spéciales, parmi lesquelles l'application de la peine sur requête des parties, couramment appelée « pattegiamento » qui signifie en français « marchandage ». Enfin, le dispositif espagnol du « jugement en conformité » a été introduit en 1988, et modifié par une loi de 2002. Ces deux derniers dispositifs se rapprochent de la comparution sur reconnaissance de culpabilité envisagée par le gouvernement français, car leur mise en oeuvre suppose un accord entre le ministère public et l'accusé sur la peine à appliquer.
S'il est indéniable que le législateur ainsi que le juge constitutionnel, ont formalisé au mieux la conformité de la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité avec les garanties fondamentales d'un procès pénal (I). Néanmoins, l'analyse pratique et factuelle de cette procédure démontre que l'application de la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité se révèle être contrastée (II) à cet égard.
[...] Ce qui n'est pas le cas lorsque l'on renforce cette menace de pressions importantes. Dès lors, le maintien en garde à vue de l'individu pendant son délai de réflexion doit-il est considéré comme une pression importante de nature à constituer une contrainte prohibée par la Convention européenne des droits de l'homme ? Malgré l'ignorance du Conseil constitutionnel sur ce point particulier, il semble que bien évidemment ce type de mesure ne peut qu'exercer des pressions d'ordre psychologique, morale et même pécuniaire. [...]
[...] Dès lors, finalement le consentement semble devenir un élément de la procédure pénale. Pourtant, consentement et procédure pénale semblent être antinomiques et leur rapprochement anachronique[1] A priori, cela peut être le cas, mais cette présomption n'est que trompeuse Tout d'abord, le choix du régime procédural est important. Ainsi, les rédacteurs du Code de procédure pénale de 1958 ont opté pour un régime procédural que l'on peut qualifier de mixte. C'est un compromis entre deux tendances : le droit à la sécurité et le droit à la liberté. [...]
[...] Cette participation semble donc être utile pour l'auteur des faits qui accepte la peine qui lui est proposée : elle ouvre la perspective d'un traitement différent de l'infraction pénale inscrit davantage dans une logique de dialogue et de compréhension de la sanction par l'auteur des faits. Une justice mieux comprise serait une justice automatiquement mieux exécutée L'exigence d'une réponse pénale systématique 24. En France, s'est développée depuis une vingtaine d'années une politique d'alternative aux poursuites visant à limiter le classement sans suite de certaines affaires. C'est pourquoi, le garde des sceaux, en fonction en 2004, souhaitait inscrire dans la loi principe de la réponse judiciaire systématique”[29]. [...]
[...] Alschuler, une récompense pour les accusés qui renoncent à leur droit à un procès est au coeur de tout système de négociation sur la culpabilité En conséquence aucun plaider coupable ne serait véritablement volontaire, dans la mesure où la pratique généralisée du rabais sur la peine incite à plaider coupable L'impartialité du tribunal mise à mal L'absence de séparation des autorités de jugement et de poursuite. L'article 6 de la Convention Européenne des Droits de l'homme, affirme le droit à un tribunal. Pourtant, le débat judiciaire semble être confisqué en ce qui concerne la Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Dans plusieurs décisions[58] déjà, le conseil constitutionnel avait prévu que l'aveu du prévenu et son acceptation de la sanction, ne sauraient suffire à justifier une peine privative de liberté que seul un magistrat du siège peut prononcer. [...]
[...] J., “Défense du plaidoyer de culpabilité : à propos du projet de loi sur les évolutions de la criminalité”, JCP G 2004, janvier 2004, p 169. Art 495-11 Code de procédure pénale. Ambroise-Castérot, C., consentement en procédure pénale”, in droit pénal à l'aube du troisième millénaire” Mélanges offert à J. Pradel, éd Cujas 3ème semestre 2006. Charvet. D., “Réflexion autour du plaider-coupable”, D p 2517 Charvet. D., préc. note. L'expression de “principe de la réponse judiciaire systématique” apparaît dans les rapports de J-L. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture