Malgré quelques retouches le procès criminel est resté le même depuis le 13e siècle. C'est un instrument de pouvoir qui met la personne incriminée dans une position d'infériorité dont elle ne se relèvera pas. Pourtant ces pratiques peuvent causer des dommages irréparables. Quelquefois elles sont mises en exergue ou dénoncées mais le statu quo demeure malgré tout.
Aujourd'hui l'inégalité est la règle et le plaignant a été transformé en sainte victime, aggravant le déséquilibre au profit de l'accusé.
En 2004 une loi a été promulguée sur la garde à vue, soulevant une vive réaction de la part des avocats. Ainsi des rassemblements eurent lieu à Paris et le bâtonnier de Paris lança même un ordre de grève et un appel à manifester, fait assez rare. Les protestations des avocats portaient sur la garde à vue qui pouvait ainsi être allongée et sur l'institution du plaider coupable dont le procureur est la clé de voute et qui ôte toute tentative de défense aux personnes incriminées.
Cependant, selon l'auteur le débat ne doit pas se focaliser sur ces deux aspects: en protestant contre le plaider coupable, on part du postulat qu'il s'agit de retirer au prévenu le droit à une audience qui pourrait permettre son jugement en toute équité et impartialité. Or ce postulat est complètement erroné.
[...] De plus, il y a absence de débat contradictoire. L'enquête s'oriente toujours dans une direction que les juges ne peuvent plus réfuter. L'accusé n'a pas le droit de changer de version alors que le plaignant si. L'illusion de l'expertise Les déclarations de l'expert ont plus de valeur que les déclarations du prévenu. La procédure pénale aujourd'hui ne place l'expertise sous aucun contrôle. De plus, les experts sont sous la pression de l'opinion. Ils ne sont jamais objectifs et les enquêteurs non plus, ils ont déjà une opinion, ils peuvent influencer les témoins. [...]
[...] Aujourd'hui, même si la torture a disparu, le système persiste : l'enquêteur continue à être également juge, le secret et la terreur sont toujours pratiqués au cours de la garde à vue. Le rôle de l'accusé est passif et la vérité judiciaire prétend être absolue. Le formidable accroissement des dépenses publiques en vue d'assurer le bien- être individuel à renforcer la conviction que l'état-providence pouvait et devait rendre la justice. La fausse indépendance de la justice La neutralité des représentants de l'Etat dans l'accomplissement des missions de service public est un dogme, mais dans le domaine de la justice c'est surtout un leurre. [...]
[...] Le droit à la vengeance est dénoncé comme barbare. Pourtant, il n'a pas disparu, il était emprunté à des formes dont la supériorité ne saute pas de manière apparente aux yeux. Le duel entre le prévenu et la victime existe toujours, sous une forme moins cruelle, mais plus insidieuse. Au Moyen-âge, le juge veillait au respect de l'égalité et la loyauté lors du duel judiciaire qui se déroulait sous le signe de l'égalité des armes. Lors d'un duel, la victime pouvait aussi mourir : la loi montrait ainsi à quel point le fait d'accuser était grave et lourd de conséquences. [...]
[...] Désormais, la souffrance invisible existe et est reconnue. Le culte de la victime La victime siège au sommet de la hiérarchie de la souffrance et du malheur. Désormais, il n'y a plus de souffrance qui n'exige d'être prise en compte, réparée, indemnisée et reconnue. La rhétorique de la victime est devenue le dernier mot pour l'action collective. Tous ceux qui ont quelque chose à demander, quelque que soit la légitimité de la demande, n'ont plus qu'à s'introduire dans une nouvelle catégorie pour faire avancer leurs revendications. [...]
[...] À quoi sert la défense ? La finalité de la garde à vue est d'empêcher de mettre en place des droits de défense. L'avocat ne dispose que d'un dossier à charge, et en plus le juge d'instruction et les policiers travaillent main dans la main. La prison est d'ailleurs utilisée pour faire avouer les accusés récalcitrants. Le procès criminel est en contradiction avec la notion d'équité. Elle est destructrice des droits de la personne humaine. Chapitre 2 : qui sont les barbares ? [...]
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