« L'irruption des victimes dans les sociétés contemporaines a des racines profondes. Le traumatisme de la Shoah et ses conséquences à long terme s'expriment à travers tous les grands procès « historiques » que sont Barbie, Touvier, Papon» .Dès lors, la place des victimes dans le procès pénal apparaît comme une question épineuse en raison des préjudices potentiellement très grands que peuvent avoir subi les victimes. Néanmoins, l'on peut voir également que les enjeux dépassent largement ceux de la victime mais concernent bien la société dans son ensemble.
Au contraire du procès civil, le procès pénal est une action entreprise par le Ministère Public pour défendre les intérêts de la société qui a été lésée dans son ensemble, au contraire du procès civil qui a pour but d'obtenir réparation d'un préjudice.
Que ce soit dans le droit pénal ou civil, la définition de la victime reste assez floue. Ni dans le Code de Procédure Pénale, ni dans les grandes lois de la procédure pénale, elle n'est clairement définie. Longtemps, la victime apparaît comme la « véritable oubliée du procès pénal » (Robert Cario). Si l'art. 2 du Code de Procédure Pénale apporte un embryon de solution en affirmant que « l'action civile en réparation du dommage causé par un crime, un délit ou une contravention appartient à tous ceux qui ont personnellement souffert du dommage directement causé par l'infraction », il faut néanmoins attendre 1970 en France pour que le terme même de victime soit introduit dans la procédure pénale.
Pourtant, la victime avait longtemps joué un rôle actif dans la répression des infractions commises et la réparation des préjudices subis. Pour des raisons politiques diverses, l'Etat l'a progressivement exclue de son propre procès, s'arrogeant le monopole au nom de la défense de la société tout entière. La victime a eu donc un rôle très limité dans le procès pénal, plus ou moins réduit à la possibilité de constitution de partie civile. Néanmoins, les évolutions récentes semblent avoir progressivement réintégré la victime au procès pénal sans pour autant revenir à une justice inspirée par une logique de vengeance.
Pourquoi la victime doit-elle avoir une place au sein de la procédure pénale ? L'intervention du plaignant peut-elle s'organiser au cours du procès ?
Il semble donc légitime d'accorder à la victime une place dans le procès pénal (I) même si celle-ci se doit d'être limitée et encadrée afin de préserver l'efficacité du procès pénal et que celui-ci ne se confonde pas avec le procès civil (II).
[...] Or, ces agents sont-ils formés pour une telle tâche ? Car, si les associations d'aide aux victimes sont officiellement reconnues dans l'article 41 du CPP comme aide potentielle au Procureur de la République, toutes les communes n'ont pas les moyens de mettre à disposition des victimes de tels services. D'autre part, l'on peut se demander si la prise en compte des plaintes des victimes et leur transmission au parquet est effective. Il semble qu'à ce niveau les nouveaux droits n'aient pas toujours été accompagnés des moyens nécessaires pour les mettre en place. [...]
[...] En réalité, on aurait une vision sans doute erronée si l'on se plaçait uniquement du côté des victimes du procès pénal. Il ne faudrait non plus oublier qu'elles ne sont pas les seuls acteurs de ce procès qui a pour fin la défense des intérêts généraux de la société (et pas des intérêts privés de la victime). Désormais, on considère qu'il est important d'y associer la victime, pour qu'elle puisse obtenir réparation financière et morale, mais cela ne devrait pas laisser croire que la défense des intérêts privés soit devenue la priorité du procès pénal. [...]
[...] On peut citer par exemple la création du Fonds de Garantie des victimes du Terrorisme et d'autres Infractions. Puis, dans les années 1980, la nécessité d'un soutien juridique et psychologique est démontrée. Ainsi, la création de structures dédiées à l'aide des victimes - regroupées depuis 1986 au sein de l'Institut national d'aide aux victimes et de médiation (INAVEM) - est plus qu'encouragée. Mais il faut attendre les années 2000 pour qu'une vraie politique de droits des victimes soit progressivement mise en place, reprenant et unifiant les avancées des décennies précédentes. [...]
[...] Enfin, un autre apport majeur est la possibilité de prendre en compte de la notion de préjudice psychologique dans les conditions d'indemnisation. Limites à l'action de la victime dans le procès pénal Parmi les droits accordés aux victimes, les exigences nouvelles en matière d'écoute et d'accompagnement soulèvent des doutes quant à son adéquation avec la formation des agents et des officiers de police judiciaire, c'est-à-dire de ceux qui sont confrontés en tout premier lieu avec les victimes et reçoivent leurs plaintes. [...]
[...] Des réticences s'expriment à travers un autre souci qui est celui de l'efficacité du procès pénal lui-même. Xavier Pin, dans son article la privatisation du procès pénal paru en 2002, rappelle que le but du procès pénal n'est pas simplement la réparation du préjudice de la victime, qui n'est bien évidemment pas remis en cause, car ce dernier peut et doit être réparé par le biais d'un action en réparation engagée devant les tribunaux civils. Or, la privatisation du procès pénal c'est-à-dire le fait de donner pour mission au procès pénal la défense d'intérêts privés, a selon lui pour conséquence un brouillage des finalités du procès pénal et un recul du caractère impératif de ses règles car il affaiblirait le rôle autoritaire et répressif de l'Etat au profit d'un procès de défense. [...]
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