La peine est la sanction contre un comportement incriminé. En ce qui concerne la justice, Maurice Chapelan en donne une définition pour le moins pessimiste : « La justice c'est l'injustice équitablement partagée ». Notons d'abord qu'il s'agira ici de réfléchir à la justice pénale, car il ne s'agit pas seulement de réparer à travers des peines pécuniaires comme dans le civil, mais très souvent d'emprisonner comme nous le verrons.
La question est la suivante : « Qu'est-ce alors qu'une peine juste ? »
Nous tenterons d'y répondre à travers 3 parties. La première consistera à présenter les deux grandes polarités de la réflexion sur la justice pénale. La deuxième mettra en lumière certaines incohérences des théories classiques et analysera l'apport de Kant et Rawls dans la réflexion sur une théorie démocratique de la peine. Enfin, dans la troisième partie, nous montrerons que la vraie question n'est pas de savoir qu'est-ce qu'une peine juste mais si une peine juste existe véritablement ou pourra exister dans le futur. Dans cette optique, nous réfléchirons de manière pragmatique aux problématiques posées par la peine de nos jours et tenterons d'entrevoir la possibilité de produire une peine juste grâce à certains outils autres que pénaux.
[...] Sachez qu'on peut rapprocher l'utilitarisme du conséquentialisme et le rétributivisme du déontologisme. En fait, on utilisera ici les mots utilitarisme et rétributivisme, car il s'agira d'étudier dans cette partie des arguments d'ordre théorique, de principe. Nous laisserons de côté l'argumentation pragmatique à laquelle répond le couple de mots L'utilitarisme Corriger l'individu Selon Platon, personne ne commet volontairement (ou en toute connaissance) le mal. Tous les torts moraux résultent de l'ignorance. L'objectif de la peine est alors de transformer le criminel de manière à ce qu'il reconnaisse ce qui est véritablement bon. [...]
[...] C'est la raison pour laquelle l'institution pénale est centrale dans la structure de base d'une société bien ordonnée, car elle permet de résoudre le problème de la confiance. Existe-t-il une peine juste aujourd'hui ? De l'incapacité de produire une peine juste actuellement . Les nombreuses discriminations dans les systèmes de justice : Premièrement, on comprend que ce qui est en jeu avec le problème de la justice, c'est d'abord celui du paradigme idéal de l'individu des théories classiques, non réalisé dans la pratique. Même chez Rawls, l'individu se doit d'être raisonnable pour que sa théorie prenne sens. Or, l'individu parfaitement rationnel et raisonnable est chimérique. [...]
[...] Elle reposerait sur le postulat vérifié que l'individu est rationnel et connaît la loi au moment où il commet un acte criminel. Nous savons que ces postulats ne sont pas respectés. S'il n'existe pas de peine juste actuellement, il est possible d'en créer dans le futur en s'appliquant à valoriser une justice sociale complémentaire de la pénale. Bibliographie Surveiller et punir, Michel Foucault. Penser la peine, Bertrand Guillarme. Histoire des savoirs sur le crime et la peine, Christian Debuyst, Françoise Digneffe, Jean-Michel Labadie, Alvaro P. Pires. Justice distributive et justice rétributive, Jean-Paul Brodeur. [...]
[...] à la possibilité d'en produire dans le futur Pour répondre à la problématique de l'individu rationnel voir raisonnable, il semble que la solution se situe en amont. Finalement, c'est moins la justice pénale qui est en cause que le système d'éducation dans son entier. Or, comme Bourdieu le fait remarquer, la culture scolaire n'est pas une culture neutre mais une culture de classe, culture liée à la socialisation, garantie de la réussite de l'élève. C'est la reproduction des inégalités qui est ici mise en cause par l'auteur. [...]
[...] En effet, il est primordial que l'individu, par son propre jugement, fasse siennes les valeurs partagées de la société. En ce sens, seules les méthodes éducatives mobilisant les capacités de jugement des individus peuvent être utilisées pour leur faire reconnaître le bien de la justice. La prison en serait donc exclue. Le problème de la théorie utilitariste, longuement soulevé par les philosophes, est qu'elle n'exclut pas la punition d'un innocent. Bentham applique en toute situation un critère de plus grande profitabilité. [...]
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