En théorie et à première vue, le problème de l'application de la loi dans le temps pourrait sembler simple : elle serait applicable de la date à laquelle le législateur a voulu qu'elle entre en vigueur et qui est nécessairement postérieure à son adoption, jusqu'à son abrogation ou son remplacement par une loi nouvelle, et s'appliquerait donc aux actes et situations posés durant ce laps de temps. Nous éclairerons le rapport entre la loi et le temps en répondant à cette double question : quelles sont les modalités d'application et les exceptions au principe de non-rétroactivité de la loi ?
[...] Or dans ce cas, la jurisprudence et dispose en vertu de l'article 8 de la Déclaration de 1789 que soit appliquée, lors d'une procédure pénale durant laquelle la loi relative à l'infraction commise a changé, la loi qui prévoit la peine la plus légère. C'est-à-dire que si la loi a durci la sanction, elle ne sera en aucun cas rétroactive, mais qu'en revanche elle le sera si en cours de procédure concernant une infraction, la loi change pour prévoir une peine plus légère : c'est ce que l'on appelle la rétroactivité in mitius (id est en plus doux Ce principe résulte de l'idée que si l'infraction commise est, du fait de l'évolution de la société, considérée comme moins grave ou même n'est plus considérée comme une infraction, il serait injuste et illégitime que quiconque soit puni de son fait. [...]
[...] La méthode moderne : l'application immédiate de la loi Mais l'approche du problème a été fondamentalement renouvelée par le Doyen Roubier. Si la théorie reste simple dans les cas évidents (la situation née et réalisée avant la promulgation de la loi nouvelle appelle l'application de la loi ancienne, celle née après la promulgation appelle l'application de la loi nouvelle), les situations complexes amènent une analyse plus fine. Le Doyen Roubier propose une distinction entre la création (ou constitution) ou la fin (ou extinction) de la situation juridique et ses effets. [...]
[...] Ainsi, les droits qui relèvent de l'éventualité, qui sont conditionnés par un évènement donné, sont susceptibles de changement par la loi. Dans l'exemple précédent, les héritiers présomptifs d'une personne sont dans l'expectative d'un droit de succession vis-à-vis de cette personne, mais la loi peut venir modifier l'ordre successoral, ou les conditions de cette succession. Dans ce cas, les héritiers seront affectés par cette loi. Mais cette théorie pose de nombreux problèmes en ce qui concerne les situations qui se prolongent dans le temps, dont les effets sont postérieurs à la constitution. C'est à ceci qu'a répondu le Doyen Paul Roubier. [...]
[...] Ici, les droits acquis sont ceux qui appartiennent à une personne de manière définitive. L'un des exemples les plus évidents serait celui d'une succession : un héritier acquiert des droits subjectifs lors de l'ouverture de la succession (lors du décès de la personne dont il hérite) et une loi qui viendrait modifier l'ordre successoral, ou plus largement les conditions de succession, après l'ouverture de la succession mais avant que celle-ci ne soit terminée, ne pourraient en aucun cas modifier les droits acquis par l'héritier. [...]
[...] L'application de la loi dans le temps En matière de rapports entre la loi et le temps, la règle générale est celle de la permanence et de la non-rétroactivité. Le principe de permanence indique que la loi est applicable jusqu'à son abrogation par une loi nouvelle. Ceci exclut toute notion de désuétude coutumière de la loi, désuétude qui suppose que le juge persiste à refuser de l'appliquer pendant suffisamment longtemps pour qu'une coutume contraire puisse prendre sa place, ce qui est légalement et juridiquement impensable. [...]
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