Juriste de formation, j'ai eu l'opportunité, lors de mon master2 en droit privé et sciences criminelles mention droit de la famille, de rédiger un mémoire sur la maltraitance des mineurs, et plus particulièrement de traiter de la question de l'inceste. Spécialisée dans le domaine du droit civil, j'ai souhaité, via mon inscription à ce diplôme de criminologie, accroître mes acquis en droit pénal et élargir mes connaissances en matière clinique.
Pour le choix du sujet de mémoire, j'ai saisi l'occasion de pouvoir étudier le phénomène de la délinquance juvénile. Après m'être intéressée à l'enfance en danger, je souhaitais, en effet, connaître et comprendre le « côté sombre » de la jeunesse, thème médiatique récurrent. C'est la raison pour laquelle mon étude s'est orientée vers cette criminalité particulière. Au fil de mes recherches, je me suis aperçue que l'enfance dite dangereuse était, bien souvent, une jeunesse en souffrance et en danger.
J'ai tenté de comprendre, de déterminer et d'expliquer l'intérêt pour un adolescent d'adopter un comportement antisocial ou de commettre des actes illégaux. L'adolescence est une période de transition accompagnée de rupture, de souffrance, de modifications tant physique que psychologique : il s'agit d'un point de bascule où l'adolescent quitte le monde de l'enfance pour entrer dans la vie adulte et ce, en se construisant une personnalité propre.
Les statistiques dévoilent une montée conséquente de la délinquance juvénile. La commission d'une infraction symbolise souvent une rupture d'intégration sociale ainsi qu'un rejet des lois de la République. La réponse institutionnelle demeure insuffisante et les concitoyens se sentent en totale insécurité. Voilà pourquoi politiciens, juristes, cliniciens, sociologues cherchent à croiser leurs connaissances afin d'instituer un dispositif efficace susceptible d'enrayer ces troubles constants à l'ordre public. Le système juridique français reste désarmé face à cette criminalité particulière qui touche des mineurs de plus en plus jeunes et dont les agissements sont de plus en plus violents, les atteintes ne portant plus uniquement sur les biens mais aussi, désormais, sur les personnes.
Peut-on aujourd'hui parler d'une véritable culture de la violence ? Il n'en est pas certain. La France a, historiquement, déjà connu des périodes tendues avec une jeunesse en conflit avec la société et les institutions, cherchant à se faire entendre et revendiquant une identité propre ainsi qu'une place sociale (Les Apaches dans les années 1910/ Les blousons noirs dans les années 1970). Le phénomène n'est donc pas nouveau.
Le passage à l'acte délictuel, un geste salutaire ? Je tente ici de comprendre en quoi avoir un comportement antisocial, commettre des actes réprimés par la loi peut permettre à un jeune, quel qu'il soit, de se structurer et de se prouver qu'il a une existence réelle.
Pour répondre à cette interrogation, il me parait opportun d'étudier les mesures éducatives mises en place pour cette jeunesse perdue (I) puis de s'intéresser aux sanctions prévues pour les comportements antisociaux, violents et délictuels (II).
[...] Certains auteurs comme Marc Leblanc mettent en avant le lien direct entre la précocité et l'intensité subséquente de l'activité délinquante. La violence correspond à un instinct de survie; c'est un moyen de se défendre. Si l'adolescent se sent menacé dans son identité, par exemple, il va réagir à la menace sans réfléchir aux conséquences. La pensée et la mentalisation sont évacuées lorsqu'on se situe dans le registre du passage à l'acte : la primauté de l'action motrice semble canaliser toutes les énergies et parait empêcher la mentalisation. [...]
[...] À la puberté, les adolescents se sentent perdus, ils sont déstabilisés, car ils se découvrent différents et ne se reconnaissent plus dans leurs nouvelles attitudes et conduites. Ils sont envahis par des émotions, des idées, des désirs, des sentiments excessifs qui les surprennent parfois et qu'ils n'apprennent que très progressivement à gérer. Ils se sentent incompris face à un entourage dépassé et incapable de déterminer comment leur venir en aide. Se créer bien souvent un fossé intergénérationnel accompagné d'un déficit de communication et de dialogue. [...]
[...] Aux côtés de cet environnement familial, social et scolaire, il ne faut pas négliger le rôle des professionnels de la justice qui tentent de réprimer la délinquance juvénile. L'adolescent est juridiquement bien protégé. Les affaires les plus graves sont traitées par le juge des enfants, le reste étant à la charge du Procureur de la République. Pour les juristes, l'écart de conduite de l'adolescent, c'est l'adolescent à l'écart de la loi. La violence des jeunes résulte du fait qu'ils n'ont pas connaissance de leurs droits et qu'ils estiment que la loi n'est pas légitime. [...]
[...] L'adolescent prouve qu'il est propriétaire de son corps et qu'il est libre de l'utiliser comme il le veut. Parmi les conduites à risque, il convient de souligner l'importance des addictions ; la dépendance représente une perte de sens, voire une désubjectivisation. L'irruption pubertaire constitue parfois un véritable traumatisme avec une montée d'angoisse. Pour nier cette angoisse, l'adolescent va se servir de l'action : développement de conduites agies diverses (comportements agressifs ou violents, conduites autodestructrices, petits délits Ce qui est fui, c'est une tension interne ; ce qui est trouvé, c'est une inflation grandiose du sentiment d'exister et d'être sujet. [...]
[...] La source du comportement délinquant se retrouve fréquemment à la période de l'enfance ou de l'adolescence. À un moment il s'est passé un évènement qui a fait que le mineur a manifesté des comportements à tendance antisociale. Les comportements agressifs, les actes destructeurs sont fréquents chez les adolescents. Dans la majorité des cas, ils s'inscrivent dans le cadre d'un développement psycho-affectif normal ; ce sont des écarts de conduite transitoires et inévitables qui ne relèvent pas de l'ordre du pathologique. [...]
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