Le procès de Maurice Papon a montré que les 55 ans passés n'ont pas favorisé l'oubli, que la justice est aussi là pour porter secours à la solitaire douleur des survivants et de ceux qui vivent dans leur chair la mémoire de la tragédie. Ainsi, ce procès a été le point d'orgue de cette aventure judiciaire qui aura duré plus d'une vingtaine d'années.
Si ces procès ont eu lieu aussi tard c'est parce que la société française n'était pas prête à aborder la difficile question du crime contre l'humanité commis par des Français. Le corps civil, judiciaire et politique de l'époque de l'après-guerre n'était pas disposé à considérer que des auteurs de crimes contre l'humanité ainsi que leurs complices puissent être français, il a fallu beaucoup de temps pour favoriser cette prise de conscience. Et c'est au travers de ces procès que beaucoup de difficultés et d'ambiguïtés d'ordre juridique et politique ont été mises à jour.
Il est à noter enfin que la définition du crime de guerre telle qu'élaborée à Nuremberg était très difficilement intégrable à la culture juridique française.
[...] Et c'est au travers de ces procès que beaucoup de difficultés et d'ambiguïtés d'ordre juridique et politique ont été mises à jour. Il est à noter enfin que la définition du crime de guerre telle qu'élaborée à Nuremberg était très difficilement intégrable à la culture juridique française. Le temps de l'imprescriptible La France éprouva beaucoup de difficultés pour aller jusqu'au bout de son parcours judiciaire avec les crimes contre l'humanité, les oppositions furent multiples tant était ancrée l'idée que notre société n'avait rien à voir avec ces crimes dont elle n'avait pu être que la victime. [...]
[...] Pour certains accusés le temps représente un alibi commode, comme pour Papon qui refusa ainsi tout lien avec les victimes. Il lui était impossible d'admettre qu'il avait prêté la main, grâce aux fonctions qui étaient les siennes, à la mise en place de la politique d'effacement et d'abandon des juifs se trouvant sur le sol de France. Il avait même construit sa vie comme s'il avait été totalement étranger aux crimes qui lui étaient reprochés. Pour Touvier et Barbie, on a pu constater la même absence d'évolution intérieure. [...]
[...] Au final la justice, comme les hommes a mis du temps à consentir à évaluer la réalité de la collaboration française dans l'anéantissement des juifs. Le crime de bureau Jamais la définition d'un concept juridique n'a entrainé autant de passions contraires, d'affrontements partisans et idéologiques, de dérives du langage et de la pensée. Cette incrimination de crime contre l'humanité ne se situe dans la prolongation d'aucun acte ou aucune convention internationale antérieure, si ce n'est dans ce que Grotius au 17e siècle appelait le droit des gens En 1945 c'est donc un concept juridique inédit, reflétant l'ampleur d'un traumatisme effroyable qui émerge. [...]
[...] Cependant, une mémoire collective ne peut pas ignorer les procès qui ont agité son histoire. Avec le crime contre l'humanité, ce n'est pas à l'enfant ou l'adolescent qu'il faut parler et reparler, mais à l'adulte. Seuls eux peuvent appréhender à sa juste valeur ce concept. La transmission ne se fait pas au travers de la compassion. Les trois défenses de Barbie, Touvier et Papon ont cru pouvoir affirmer que des tragédies du 20e siècle et certaines commises pendant des siècles précédents pouvaient être mises sur le même plan que les crimes commis contre les juifs. [...]
[...] Comment punir de tels crimes ? Les verdicts ont pu être considérés comme relativement cléments, et tout se passe comme si les juges avaient à cœur de prononcer des peines qui fassent sens sur une durée de vie d'homme et ne refermaient pas la porte une ultérieure réinsertion. Le procès Barbie a eu lieu en 1987, le procès Touvier en 1994 et le procès Papon en 1998. Voir à ce propos la Culpabilité allemande d'Hannah Arendt. [...]
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