« Dans le système judiciaire, les crimes sexuels sont considérés comme particulièrement monstrueux. À New York, les inspecteurs qui enquêtent sur ces crimes sont membres d'une unité d'élite, appelée Unité Spéciale pour les Victimes.Voici leurs histoires… ».Cette introduction à la fiction réalisée par Dick Wolf met en évidence le jugement de notre société vis-à-vis du viol : la justice, les médias, l'opinion publique condamnent sévèrement les crimes sexuels mettant toujours en évidence le caractère « monstrueux » de tels actes. Georges Vigarello, professeur à l'Université de Paris V et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales,historien spécialiste de la santé, de l'hygiène et du corps humain (sans doute lier avec son passé de professeur d'éducation physique), s'est penché sur la question du viol. L'auteur, dans l'histoire du viol XVI-XXe siècle (1998), tente de retracer depuis le XVIe siècle l'évolution de la perception du viol dans nos sociétés. Il s'attache alors à décrire l'évolution du droit en fonction des mentalités sur cette période de cinq siècles en soulignant l'augmentation croissante du nombre de crimes sexuels jugés et condamnés sur cette période. Parvient-il alors à convaincre le lecteur que la perception du crime sexuel aujourd'hui est le fruit d'une lente évolution ?
[...] Effectivement, les cinq mouvements qu'il identifie semblent être spécifiquement français. Les exemples tirés de ces recherches sont essentiellement français (affaire d'Arcueil, procès d'Aix- en-Provence) tout comme les mouvements identifiés semblent également propres à la France. Par ailleurs, l'auteur semble s'être heurté à une difficulté dans les sources les plus anciennes. Sous le terme de viol, il recouvre en effet tous les crimes sexuels car les textes législatifs ont mis de du temps à préciser les termes (ce mouvement débute dans la première moitié du XIXe siècle selon Vigarello). [...]
[...] Il parvient sans difficulté à faire adhérer le lecteur à sa thèse ; cela est certainement dû au travail visible de recherche fait pas l'auteur. Des sources nombreuses et diverses, qui lui permettent de fournir tous les exemples nécessaires à son argumentation, sont mobilisées. On apprécie alors la qualité de la démonstration. Ce travail, spécifiquement centré sur le viol, est une entreprise louable qui a certainement ouvert la voie à d'autres recherches sur cette question. Toutefois et malgré toutes ces qualités, la thèse défendue paraît finalement trop évidente. [...]
[...] Histoire du viol XVIe-XXe siècle - VIGARELLO Introduction Dans le système judiciaire, les crimes sexuels sont considérés comme particulièrement monstrueux. À New York, les inspecteurs qui enquêtent sur ces crimes sont membres d'une unité d'élite, appelée Unité Spéciale pour les Victimes.Voici leurs histoires »[1].Cette introduction à la fiction réalisée par Dick Wolf met en évidence le jugement de notre société vis-à- vis du viol : la justice, les médias, l'opinion publique condamnent sévèrement les crimes sexuels mettant toujours en évidence le caractère monstrueux de tels actes. [...]
[...] Au XIXe siècle, il peut s'appuyer sur des registres de statistiques plus réguliers et ciblés. Il utilise également des ouvrages qui se sont déjà intéressés à la question de la criminalité et/ou du viol. Il passe notamment par l'incontournable Michel Foucault, évoque le juge-automate beccarien lorsqu'il s'intéresse à la qu,estion de la codification et de la précision des termes ou encore à Cesare Lombroso pour décrire les violateurs de la fin du XIXe siècle. Cependant, il ne s'appuie pas seulement sur cela mais également à la presse qui traduit la perception des crimes sexuels chez les masses Des feuillets occasionnels de l'Ancien Régime (qu'il qualifie anachroniquement de canards jusqu'à notre presse moderne, Georges Vigarello semble considérer que le traitement médiatique révèle une partie de cette évolution des mentalités. [...]
[...] À titre d'exemple, dans la troisième partie Le droit moderne et l'échelle des actes où l'auteur décrit la codification progressive des crimes sexuels au XIXe siècle, il paraissait évident, dès les premières pages de cette partie qu'une sous-partie serait consacrée à l'évolution des mentalités. Sous-partie qui apparaît effectivement sous le titre entrevoir la violence morale On se laisse alors emporter, sans passion, par la redondance du propos où seule la multiplication des exemples vient rompre avec la monotonie de la lecture. Dès lors, près de 15 ans après sa publication, même si la qualité et l'utilité de l'ouvrage ne sont pas à remettre en cause, la thèse semble plus entendue. [...]
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