Le phénomène de tueur en série nourrit les fantasmes du public, un fantasme que l'on a longtemps considéré comme isolé à l'outre atlantique. Le concept a longtemps été ignoré par la justice française. Pourtant, Michel Fourniret ou Guy Georges ne sont pas précurseurs dans l'hexagone. Déjà en 1922 Henri Désiré Landru se posait comme un tueur en série moderne.
Le « Barbe-Bleue de Gambais » avait assassiné 10 femmes et un homme. La notion de tueur en série ne doit pas être confondue avec celle de « tueur de masse », qui tue dans un bref laps de temps plusieurs personnes. Le tueur en série est l'homme qui porte atteinte à la vie de trois personnes successivement, « avec des intervalles libres, de sang-froid et sans mobile apparent ».
Daniel Zagury, épaulé par la journaliste Florence Assouline se penche ainsi sur le phénomène, le mythe contemporain pour expliquer ou du moins comprendre l'énigme des tueurs en série. Zagury est psychiatre des Hôpitaux, chef de service au Centre psychiatrique du Bois-de-Bondy. Concernant la matière pénale, il est expert auprès de la Cour d'appel de Paris.
[...] En France, au contraire, les tueurs en série fuient cette médiatisation. Pour eux, toute trace psychique de l'acte qui a été commis doit être effacée. Ils ont honte de la part d'ombre, la zone secrète, ce lieu psychique du crime et refusent que cela soit offert au public. Le cas de Pierre Chanal, prêt à se suicider plutôt qu'à devoir s'expliquer sur les crimes qu'on lui impute, en est une illustration frappante. Ainsi, parmi les individus expertisés par l'auteur de l'ouvrage, Jérôme est le seul à exprimer avec précision ce qu'il a vécu aux plans affectif et émotionnel durant ses actes criminels, ce qui est rarissime. [...]
[...] Enfin, Daniel Zagury établit en dernier le pôle pervers, ce qui est relatif à la perversité sexuelle et non simplement au fantasme sexuel pervers, or le criminel en série ne recherche pas la jouissance de l'acte sexuel mais la jouissance dans la destruction qu'il apporte. En bref, le criminel recherche la «perversion narcissique», selon l'auteur, il provoque la destruction de l'autre pour établir son propre plaisir à travers la haine qu'il transpose pour s'en libérer. La différence entre les tueurs en série se fait par le pôle qui ressort le plus dans leur esprit. Ainsi, selon l'auteur, chez Patrice Alègre et Guy Georges, c'est le pôle psychopathique qui domine. [...]
[...] Daniel Zagury insiste pour que l'on ne soit pas fasciné par de prétendues figures du Mal afin de pouvoir garder une analyse claire et objective d'un phénomène judiciaire et de société difficile à appréhender. Sans cette distance, en refusant toute forme de pathétisme, la réaction de la société ne pourrait être qu'à la mesure des actes des tueurs en série. Ainsi cela nous mène dans notre domaine pénal à chercher des clés de compréhension et des passerelles entre la psychiatrie et l'application du Code pénal. En effet pour nous juristes, il n'est pas des plus intéressant de savoir comment tel meurtrier a découpé telle personne. [...]
[...] Son travail dans l'énigme des tueurs en série se situe au niveau de l'observation de ces criminels, notamment par l'expérience d'une douzaine d'expertises. Ainsi le psychiatre va tirer un portrait aux lignes similaires des différents tueurs en série qui tous, selon, lui sont soumis à un tripôle pondéré accompagné d'un clivage du moi Ce tripôle qui varie selon les individus est composé de la psychopathie, la psychose et la perversion. C'est la thèse nouvelle qu'apporte en la matière psychiatrique Daniel Zagury face à la bipartition classique psychopathes pervers et schizophrènes. [...]
[...] Dans l'hypothèse où le prévenu est déclaré irresponsable pénalement, la prison ne peut être envisagée, même en matière criminelle. La personne se verra placée dans un établissement de soins psychiatriques surveillé. Là encore, il doit en principe être suivi par plusieurs psychiatres dans le but, sinon de le soigner totalement, de comprendre au loin l'origine de son mal. On n'est plus alors dans un cadre répressif dur, mais dans une optique de soins, voire d'aide. Aussi on quitte le champ du pénal pour basculer dans celui du médical. [...]
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