Nous sommes le 27 février 2000 lorsque Suzanne Blanch, épouse de Jacques Viguier, mère de Clémence, Nicolas et Guillaume, maitresse d'Olivier Durandet, disparait. Le couple était alors en pleine crise et si l'amant s'inquiète de ne pas avoir de nouvelles moins de 24 heures après l'avoir laissée à son domicile, ce n'est que trois jours plus tard que l'époux ira déclarer la disparition, estimant que l'absence de son épouse n'avait rien d'alarmant avant que ce délai ne soit écoulé. Le couple allait en effet bien mal suite aux nombreuses aventures du mari, professeur de droit public à Toulouse, avec certaines de ses étudiantes. Son épouse ayant découvert ces relations extra conjugales avait décidé de faire chambre à part, de prendre un amant et même, peu de temps avant sa disparition, de divorcer. Avant la disparition et l'enquête de police, il semblerait que Jacques Viguier n'ai pas été au courant de l'aventure de sa femme. Suite à l'enquête menée par la police, il apparait rapidement qu'il n'est pas impossible qu'il soit arrivé malheur à Suzanne Blanch et l'attention des enquêteurs se porte alors avec insistance sur Jacques Viguier, son époux. L'affaire prend de l'ampleur, aidée par une médiatisation intense, et le juge d'instruction décide finalement de renvoyer Jacques Viguier devant la Cour d'assises de la Haute Garonne. Jacques Viguier est alors acquitté le 30 avril 2009 mais le Procureur général de la Cour d'appel de Toulouse décide d'interjeter appel comme l'y autorisent les articles 380-1 et 380-2 du Code de Procédure Pénale (CPP).
Nous nous plaçons donc à la veille de ce procès en appel afin de faire un état de toutes les incohérences de l'affaire, incohérences laissant présager du verdict final : l'acquittement de Jacques Viguier sans pourvoi en cassation de la part du ministère public.
Afin de mieux étudier ces incohérences, notre travail sera divisé en deux parties, à savoir une première partie mettant en relief les failles dans l'enquête de police (I) et une seconde partie soulignant les insuffisances de l'instruction (II).
I. Les failles de l'enquête de police.
Selon le Vocabulaire juridique de Gérard Cornu, une enquête est « une mesure d'instruction consistant à recueillir des témoignages ou autres éléments permettant de parvenir à la manifestation de la vérité ». Dans l'affaire Viguier, l'enquête de police à été menée en fonction d'une seule piste. (...)
[...] Le portefeuille de Suzanne. Le portefeuille de Suzanne Viguier a été déposé aux objets trouvés par un agent de la police municipale le 13 mars 2000 alors que cette dernière avait disparu depuis le 27 février 2000. La présence de cet objet important pour l'enquête n'a été découverte que deux ans et demi plus tard alors qu'il semble évident qu'un recoupement aurait du être opéré bien plus tôt. La police n'a donc, une fois de plus dans cette affaire, pas fait son travail puisque c'est par le courrier d'une grande surface que Jacques Viguier a fini par apprendre que le portefeuille de sa femme se trouvait aux objets trouvés. [...]
[...] Alors pourquoi faire de cet ADN mêlé une preuve à charge contre Jacques Viguier ? La police et l'accusation auraient du être plus circonspectes quant à la manipulation de cette preuve scientifique. Le fait qu'aucune trace de lessivage récent n'ait été visible aurait du constituer un élément en faveur de Jacques Viguier. En effet, si des microtraces de sang ont été trouvées et que l'on considère qu'elles sont dues au meurtre de Suzanne Viguier, cela signifierait que la mort de cette dernière aurait été un minimum sanglante. [...]
[...] L'absence de corps. C'est à travers cette recherche désespérée d'un cadavre que toute l'aberrance de cette affaire transparait le plus. En effet, si nous avons bien pour fait la disparition d'une mère de famille sur le point de divorcer, aucun élément matériel concrètement irréfutable ne permet de laisser supposer qu'il lui soit arrivé malheur. Alors pourquoi rechercher seulement un corps et pas une personne qui a voulu disparaitre de sa famille parce que cette vie ne lui convenait plus ? [...]
[...] C'est notamment à cette occasion que fut découvert le sac à main de Suzanne Viguier, sac à main lui-même découvert uniquement la veille par Jacques Viguier qui n'a pas cherché à s'en débarrasser. Le fait est que cette perquisition a eu lieu le 10 mars 2000, c'est-à-dire douze jours après la disparition. Il est certain que cette perquisition était nécessaire à l'enquête et que le juge d'instruction a été suffisamment diligent en l'ordonnant. Cependant, la découverte du sac de l'épouse disparue aurait due être prise avec plus de circonspection. L'éventualité de l'intrusion d'un tiers dans le domicile afin de déposer le sac dans le placard aurait ainsi du être envisagée. [...]
[...] Les affaires de Suzanne restées au domicile. D'autres éléments ont été avancés en faveur d'un enlèvement ou d'un meurtre de Suzanne Viguier. Il s'agit notamment de toutes les affaires indispensables à un voyage que Suzanne a laissé derrière elle, que ce soit son sac à main (point déjà traité précédemment), ses affaires de toilette ou ses lentilles de contact dont seul un jeu était manquant. Cependant, s'il peut s'agir là éventuellement de pistes de réflexion pour l'enquête ou d'indices, il ne s'agit en aucune façon d'éléments déterminant et prouvant avec certitude que Suzanne Viguier soit morte. [...]
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