Vu l'efficacité du contrôle social informel au Japon, il n'y a rien d'étonnant à ce que la philosophie de la peine japonaise soit caractérisée par une forte resocialisation des délinquants et criminels (Haley 1996). Comme les institutions de socialisation les plus efficaces sont les groupes, auxquels la plupart des Japonais font partie, la justice criminelle japonaise est encline à se montrer remarquablement clémente envers ceux qui se comportent d'une manière socialement approuvée après leur crime. Pourvu qu'ils admettent s'être mal comportés, s'excusent et montrent une grande volonté de s'amender pour ce qu'ils ont fait, la réponse formelle de la justice criminelle japonaise peut paraître très clémente pour des observateurs occidentaux. Il s'agit d'éviter de donner une peine d'exclusion (comme une peine d'emprisonnement) à des individus qui dès lors voient leurs chances de revenir dans le champ d'influence du contrôle social informel fortement amoindrie. La logique d'inclusion étant très efficace en termes de prévention criminelle au Japon, il est cohérent que la peine d'exclusion soit évitée dans la mesure du possible. Ce phénomène se voit amplifié, dans les cas les moins graves, par la tradition japonaise de ne pas recourir à la loi pour régler des conflits relevant de l'« uchi » (la sphère communautaire, la sphère du groupe).
[...] Le fait de juger sur des critères moraux, et donc subjectif, constitue une véritable sortie du droit d'un point de vue occidental. Cette sortie du droit ce jugement moral et subjectif, est permise par le très haut niveau de discrétion dont disposent les autorités pénales japonaises. C'est ainsi que sont conciliés forme occidentale du système pénal et esprit japonais. Histoire de la réinsertion au Japon (Moriyama 1989) L'implication des citoyens japonais dans le domaine de la resocialisation des criminels a une longue histoire. Il est possible de remonter jusqu'au VIIe siècle. [...]
[...] Ce sentiment de famille est considéré par certains comme une composante importante du mécanisme général de contrôle social informel japonais (Moriyama 1995). Half-way houses en anglais Avant l'instauration du Code de procédure pénale de 1948, le pouvoir discrétionnaire du procureur était encore plus large, puisqu'aucune référence n'était faite à la gravité du crime. Ce facteur fut inséré sur la demande des américains, qui goûtaient peu à une telle discrétion. Dans bien des cas, les meurtres faisant l'objet de la suspension de peine sont des meurtres impliquant les membres d'une même famille. Les meurtres intergénérationnels sont relativement communs au Japon. [...]
[...] Pourquoi le système pénal japonais renonce-t-il à emprisonner nombre de criminels ? Vu l'efficacité du contrôle social informel au Japon, il n'y a rien d'étonnant à ce que la philosophie de la peine japonaise soit caractérisée par une forte resocialisation des délinquants et criminels (Haley 1996). Comme les institutions de socialisation les plus efficaces sont les groupes, auxquels la plupart des japonais font partie, la justice criminelle japonaise est encline à se montrer remarquablement clémente envers ceux qui se comportent d'une manière socialement approuvée après leur crime. [...]
[...] Cependant, il est tout de même notable que les juges japonais montrent la même volonté que les procureurs de se servir énergiquement de ce pouvoir, et ce, donc alors que ni la police, ni les procureurs, n'y ont recouru. L'article 25 du Code pénal autorise le juge à ne pas appliquer une sanction d'emprisonnement sous réserve qu'il observe des circonstances atténuantes. Ce pouvoir de suspension de l'exécution d'une peine de prison vient à l'origine du système français du XIXème siècle. Il servait alors d'avertissement, d'intimidation. [...]
[...] Le Japon n'est cependant pas le paradis de resocialisation des criminels que l'on veut bien croire (Haley 1996). L'attribution même du qualificatif de clément à l'appareil pénal japonais est abusive. En réalité les droits de l'homme y sont véritablement bafoués. Le processus de resocialisation lui-même, incarnation de cette clémence apparente, n'échappe pas à ces violations répétées des droits de l'homme. Au nom justement, de cette forte attente de pardon, de remords, et donc d'aveu, de la part des contrevenants, les garanties de sécurité juridique sont bien plus faibles qu'en Occident. [...]
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