La prostitution et le droit : un encadrement juridique complexe

Extraits

[...] La personne prostituée va être soit considérée comme une victime, irresponsable, soit comme une personne responsable de ses actes enfreignant les règles de société. Pour Mme Gabrielle Partenza, présidente de l'association “Avec nos Aînées” qui se décrit comme une association ayant pour but d'aider les Prostituées âgées à sortir de la prostitution, “Quand on aura appris aux hommes et aux femmes à s'entendre, à se respecter et à ne pas avoir honte du sexe, on n'aura plus besoin de prostituées”. [...]

[...] Ainsi, après l'instauration en France en 2003 de la pénalisation du racolage passif les conséquences pour les personnes prostituées ont été la limitation du temps de négociation de la passe, d'accroître la méfiance de ces personnes pour les institutions voire pour les associations et enfin, dans un rapport de médecins du monde que la loi. La prostitution est difficile à cerner et à définir précisément puisqu'elle existe sous de nombreuses formes et répond de différents régimes juridiques, néanmoins un accompagnement des personnes se prostituant est nécessaire. Le regard porté par la société sur les travailleurs et travailleuses du sexe est encore empli de préjugés. [...]

[...] La prostitution et le droit : un encadrement juridique complexe Un encadrement juridique freiné par différentes conceptions morales A. De la prostitution de rue à la prostitution virtuelle La prostitution, parfois qualifiée de “plus vieux métiers du monde” est réglementée assez durement et strictement. Pourtant, si l'on reprend cet adage, il est loin d'être anodin, il sous-entend en effet qu'il est vain de lutter contre puisqu'elle constitue une facette inhérente de la personne humaine. C'est ainsi que la position prohibitionniste semble vaine et qu'une réglementation permettant d'assurer des meilleures conditions d'exercice de la prostitution semble plutôt la bonne. [...]

[...] “Il n'y a pas eu de report brusque des travailleuses [et travailleurs] du sexe de rue vers Internet depuis la loi, mais la pénalisation participe à cette tendance de fond de précarisation et d'invisibilisation de la prostitution », constate l'association Grisélidis qui se décrit comme une “association de santé communautaire avec et pour les travailleuses et travailleurs du sexe”. « Il y a moins de clients, ce qui précarise [les prostitués]. Pour celles [et ceux] qui travaillent sur Internet, il y a plus d'appels en numéro masqué, donc moins de moyens d'identifier des agresseurs potentiels », expliquait un travailleur du sexe et militant. B. Violence et précarité En France, le délit de racolage prévu par une loi de 2003 a laissé place en 2016 à la loi sur la pénalisation du client, loi s'inspirant de la législation suédoise. [...]

[...] Comme l'indique un rapport de 2008 de l'Assemblée nationale et c'est ainsi qu'“en dehors de la traite des êtres humains, c'est la vulnérabilité sous toutes ses formes (sociale, financière et affective) qui constitue l'autre grand ressort de l'entrée dans la prostitution.” II- Un encadrement juridique complexe dans lequel se mêlent des considérations morales A. Un État moral Comme le souligne Sarah-Marie Maffesoli, la prostitution “illustre fort bien les difficiles rapports qu'entretiennent le droit et la morale dans le cadre d'une démocratie libérale. La difficulté que soulèvent les problématiques liées à la prostitution est généralement d'ordre sociologique, c'est pour cela que le droit ne s'intéresse que peu à ce sujet. [...]