Comme le temps passe…Dans les années trente, Robert Brasillach, jeune normalien, forge, paraît-il, de ses romans et critiques la conscience littéraire de la génération d'avant-guerre . Quelques années plus tard, rédacteur en chef de Je suis partout, il déverse sur la France occupée son idéologie antisémite, anti-communiste, anti-gaulliste, anti-anglaise, fasciste et pro-vichyssoise si ce n'est pro-allemande.
Un peu plus de soixante ans après son exécution, Brasillach n'est plus dans les librairies ni dans les anthologies. Son talent littéraire s'est-il éteint avec lui ? La pétition des écrivains qui ont tenté de le sauver n'a pas non plus permis de sauver son œuvre. Alors que Céline s'est enfui pour ne pas être jugé, alors que Drieu la Rochelle s'est suicidé, pourquoi ,seule parmi ces trois œuvres, celle de Brasillach s'est effacée ou pire ne brille que dans les milieux révisionnistes ou pro vichyssois?
[...] Lui même aborde le sujet de Brasillach avec un parti pris assumé. La figure de l'auteur fasciste fusillé est particulièrement attractive pour l'historien Pascal Ory. Il écrit dans sa Préface comment il en est venu à s'intéresser aux collaborateurs : il ne me restait plus qu'à rencontrer, quelques années plus tard, le destin trouble de Robert Brasillach, ce jeune intellectuel monté de sa province dans le Paris des Grandes écoles, de la Culture et de la Politique, mon semblable, mon frère, qui terminait dans la peau d'un tueur stylographique et d'un fusillé pour l'exemple Hors le monde des historiens, Brasillach n'attire plus par son talent littéraire. [...]
[...] Or, il y aurait atteinte au droit si la composition de ces jurys portait atteinte à une norme supérieure. A cette époque, la constitution n'est pas une source normative et la Convention européenne des droits de l'homme n'est même pas imaginée. S'il existe un principe d'impartialité, il est de justice, et non de droit. Ces juridictions impartiales étaient sans doute injustes mais certainement pas contraires au droit. C'est donc sur cette architecture que vient se mettre en route le procès de Robert Brasillach. [...]
[...] Ce qui lui est reproché est d'avoir, par ses mots, poussé la France à se renier et les français à aider les Allemands. La responsabilité de l'écrivain va être l'objet d'une controverse entre les intellectuels[29]. Dans la célèbre polémique Justice ou Charité Albert Camus s'oppose à François Mauriac. Le débat intéresse d'autant plus le cas de Brasillach qu'il s'achève le 11 janvier 1945, une semaine avant le procès de l'auteur fasciste. Mauriac, écrivain catholique, s'élève contre la tournure que prend l'épuration et condamne les décisions arbitraires et imprévisibles. [...]
[...] Cornu, Vocabulaire juridique, PUF : accord conclu par les autorités militaires d'Etats belligérants, après autorisation des autorités politiques, ayant pour objectif d'arrêter les hostilités pendant une durée définie ou non, en vue de préparer la paix L'armistice vise à préparer la paix mais ne l'institue pas. Ralph Schor, L'antisémitisme en France pendant les années trente, Ed. Complexe p H. Donnedieu de Vabres, Supplément au Traité de droit criminel et de législation comparé droit pénal du Gouvernement provisoire de la République Française, Sirey N°1600 Ordonnance du 18 novembre 1944 Ordonnance du 26 août 1944 R. Aron, Op. cit p J. Isorni, Op. cit. [...]
[...] C'est sans doute pourquoi Maître Isorni ne s'est pas attardé sur les faits pendant sa plaidoirie. Il considère que le procès que l'on fait à Brasillach est un procès d'opinion. On lui reproche ses idées (fascisme ) mais on ne lui reproche pas d'avoir trahi la France. Il n'aurait pas trahi la France, il aurait voulu la sauver d'une manière différente des gaullistes. Qu'au jour du procès on puisse affirmer que cette voie n ‘était pas celle du salut de la France, signifierait qu'il se serait trompé sur des faits, non pas sur son intention. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture