Patrick Dils, né le 30 juin 1970 à Longeville-Lès-Metz (Lorraine), est un adolescent assez timide, réservé, issu d'une famille modeste et travailleuse. Il est apprenti dans un restaurant de Montigny-Lès-Metz, où il habite avec ses parents et son petit frère. Dans sa rue vivent deux jeunes garçons, Cyril Beining et Alexandre Beckrich, tous deux âgés de 8 ans. Le 28 septembre 1986 au soir, ces derniers sont retrouvés morts le long d'une voie de garage de la SNCF. Interrogé lors d'une enquête de voisinage, puis interpellé et relâché le 30 septembre au vu de son alibi, Patrick est à nouveau interpellé par l'inspecteur Varlet, en charge du dossier, 7 mois après le double meurtre. Après 36 heures de garde à vue et d'interrogatoires agressifs et acharnés, il finit par craquer et avoue les crimes. Il en subira les conséquences douloureuses au travers de 15 années d'emprisonnement alors qu'il était innocent.
[...] Plus naïf encore, il les croit lorsqu'ils lui promettent l'impossible : Une fois que tu nous auras tout raconté, tu pourras retrouver tes parents et retourner à ton travail Les mots magiques prononcés, Patrick acquiesce alors à toutes les allégations des inspecteurs. Il ne rentrera plus à la maison pendant 15 longues années. Après être passé aux aveux, Patrick Dils est conduit à la maison d'arrêt de Metz. À peine arrivé, il subit une nouvelle humiliation : pour des raisons de sécurité, il est sommé de se déshabiller afin qu'une fouille intégrale soit effectuée. [...]
[...] L'évolution de son parcours depuis sa sortie de prison nous fait remarquer, malgré toute l'horreur que Patrick a pu subir, à quel point il a su saisir la subtilité de la résilience. Ce concept, réintroduit par Boris Cyrulnik dans les années 90, est un processus dynamique permettant à une personne ayant subi un traumatisme de se reconstruire et de mener une vie qui lui soit satisfaisante. Même s'il a perdu la moitié de sa vie en prison, Patrick a su rester simple et surtout n'éprouve pas de rancœur envers ceux qui ont été les acteurs de sa descente aux enfers. [...]
[...] Une souffrance extrême, qui ne sera toutefois pas la dernière. Son transfert à la prison de Toul lui fait découvrir un tout autre monde, gouverné par la loi du plus fort. Avec le temps il parvient à lier amitié avec quelques détenus grâce à son statut de cuisinier, réalisant parfois des pâtisseries pour eux. Mais la gentillesse ne paie pas toujours. Lorsqu'un jour il refuse de faire un gâteau pour un détenu, faute de temps, ce dernier se venge peu de temps après en violant Patrick dans sa cellule, l'ayant auparavant forcé à lui faire une fellation. [...]
[...] Devant des inconnus, il se retrouve nu et se sent ridicule dans ce corps qu'il n'aime pas. Un numéro est ensuite inscrit sur la valise contenant ses affaires ; il comprend alors que le matricule 15602 deviendra son nouveau nom pendant toute sa vie carcérale. Deux événements qui contribueront à sa dépersonnalisation, à sa déshumanisation. Le refus de la juge d'instruction d'accorder les visites des parents de Patrick jusqu'à l'ouverture de son procès y contribue également : pendant vingt-trois longs mois, il est privé de repères familiaux qu'il n'a jamais quittés. [...]
[...] Ce qui est considéré comme la plus grande erreur judiciaire tend à nous interpeller : comment la vie d'un adolescent à priori sans problème a-t-elle viré au cauchemar ? Dans un premier temps, nous reviendrons sur son enfance et l'éducation qui lui aura été transmise, puis dans un second temps, nous nous pencherons sur la courte période qu'ont constituée les divers interrogatoires et les gardes à vue. Enfin, quelques événements durant sa vie carcérale seront ici retranscrits afin de constater son incapacité à se défendre face à tant de violence. [...]
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