Dans notre Ancien Droit, « Qui peut et n'empêche, pèche », mais cet aphorisme de Loysel n'était pas toujours observé. Dans le prolongement de l'idéologie libérale de l'époque classique, il est de principe que la loi pénale ne peut sanctionner que les attitudes criminelles suffisamment caractérisées, ne retenant pas d'infraction sans un minimum d'agissement matériel. Il apparaissait donc que seule la matérialisation d'une pensée coupable appelait une intervention du droit pénal. Ainsi, sous l'influence de l'école classique et par respect des libertés individuelles, le droit pénal s'est longtemps contenté de réprimer des actes positifs ou infractions de commission (vol, meurtre…) car la liberté souffre moins de l'interdiction d'une action positive que de celle d'un comportement passif. Mais par la suite, il est apparu que certaines inactions étaient tout aussi coupables moralement. Cela a conduit le législateur moderne, soucieux d'éviter une impunité choquante, à incriminer de nombreuses abstentions coupables qualifiées d'infractions d'omission. Dans ces infractions d'omission, l'élément matériel consiste alors dans un acte négatif d'exécution (délit d'inaction ou d'omission), càd dans le fait de ne pas accomplir ce que la loi commande. Ainsi, à défaut d'être spécialement incriminée, une abstention ne peut être poursuivie alors même que son résultat est identique à celui d'un acte positif pénalement sanctionné. Parfois, cependant, la question se posera de savoir si un délit d'action peut être constitué par une simple omission ou abstention. Il faudra donc s'interroger sur les conséquences d'une inaction ou abstention sur la constitution d'une infraction pénale.
Pour cela, il conviendra de scruter tout à tour les infractions de commission par omission (I) et les infractions de pure omission (II).
[...] Plus généralement, l'imprudence mêle souvent de façon indivisible l'action et l'omission, si bien que la distinction perd toute portée (rappr. Art. 121-3 al évoquant l'imprudence, la négligence et le manquement à une obligation imputables à celui qui n'a pas accompli les diligences normales et al mettant sur le même plan celui qui, ainsi, crée une situation dommageable ou omet de prendre les mesures qui auraient permis d'éviter le dommage). De même, il existe néanmoins quelques hypothèses exceptionnelles dans lesquelles l'omission équivaut pénalement à une commission. [...]
[...] Conclusion Si d'ordinaire la règle pénale se borne à édicter des interdictions d'agir, elle prescrit aussi parfois de véritables obligations pénales d'agir : ce qui est alors incriminé, c'est l'abstention, l'inertie de l'agent. Certaines d'entre elles traduisent un devoir de solidarité sociale mais beaucoup d'autres procèdent simplement d'un interventionnisme croissant de l'Etat sur les individus. Outre qu'elles portent une atteinte plus importante aux libertés individuelles, elles sont, par nature même, non causales. Dès lors, en multipliant les infractions d'omission, on risquerait de confondre droit pénal et morale. [...]
[...] Si bien que notre législation pénale connaît actuellement un nombre important et croissant d'infractions passives : - omission d'empêcher un crime ou un délit (art. 223-6 al.1) - omission de porter secours à personne en péril (art. 223-6, al.2) - délaissement d'une personne hors d'état de se protéger (art. 223-3) - omission de témoigner en faveur d'un innocent (art. 434-11) - non révélation d'un crime (ord juin 1945) - absence de déclaration de naissance d'un enfant à l'état civil - délit de non obstacle à la commission de certaines infractions etc. [...]
[...] La question se pose alors de savoir si, dans ces cas, une omission volontaire et génératrice des mêmes conséquences peut être assimilée à l'action positive prévue par le texte. En d'autres termes, un délit de commission peut-il résulter d'une simple abstention ? C'est là tout le problème des infractions dites de commission par omission ou encore des faux délits d'omission Peut-on ainsi, par exemple, poursuivre du chef d'homicide volontaire celui qui sans tuer sa victime par un geste positif la laisse néanmoins mourir en lui refusant volontairement tout secours ? Classiquement, la jurisprudence considère en effet qu'il n'y a pas d'infraction de commission par omission (aff. [...]
[...] 233-3 est puni en raison de ses conséquences). Mais la sanction prévue n'est pas assimilable à la peine applicable à l'infraction positive qui s'est produit : en cas de mort, il ne s'agit pas d'un meurtre mais d'un crime sui generis. Cette question de la commission par omission a cependant perdu beaucoup de son intérêt depuis que le législateur a développé les infractions d'omission, càd a incriminé directement et exclusivement l'abstention ou l'inaction coupable. II) Les infractions de pure omission, des infractions passives Dans un souci de sanctionner un comportement pénal passif gravement préjudiciable à l'ordre public le législateur pénal moderne a été amené à incriminer un certain nombre d'abstentions jugées coupables A. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture