La justice se trouve régulièrement convoquée à jouer un rôle dans des situations familiales qui n'ont pas trouvé dans leur espace propre, dans leur zone de légitimité spécifique, les régulations satisfaisantes à la vie et à l'équilibre de chaque sujet concerné.
Dans la majorité des situations relevant de la protection judiciaire de l'enfance en danger, des préjudices anciens, non soldés, plus ou moins conscients demandent à être mis au jour et à recevoir une réponse sociale inédite, qui fasse sens pour chacun des acteurs concernés. C'est le rôle du travail social, missionné par l'institution judiciaire, de créer alors les conditions d'une véritable élaboration de ces préjudices restés en souffrance, tout en s'appuyant sur la dimension symbolique que constitue le cadre judiciaire pour les reconnaître et donner du poids à ce qui a été subi, pour transformer l'injustice qui pesait parfois depuis longtemps sur le destin d'un groupe familial dans son entier.
La justice est fondamentale concernant la protection de l'enfance.
Elle s'opère par l'intermédiaire des travailleurs sociaux, qui ont là un devoir, une responsabilité spécifique en particulier dans le secteur de l'action éducative en milieu ouvert : contribuer à ce que soit rendue justice, que soit réinstauré le juste, partout où des hommes, des femmes, des enfants souffrent de violence.
[...] Justice des mineurs et protection de l'enfance Le thème de la justice a opéré dans les années 1970 un spectaculaire retour au centre du débat philosophique et politique en tandem avec la question du droit. C'est d'ailleurs à cette époque que s'est imposée, en phare de la philosophie politique, la Théorie de la justice de John Rawls. Dans un contexte de révolution technologique et de reconfiguration économique, Jean Lavoué qualifie alors la demande de justice de majeure. Le plus grand mérite de Jean Lavoué est de ne pas s'en tenir à une approche strictement technico-institutionnelle de l'interface secteur social / services judiciaires. [...]
[...] Certes, on peut comprendre ce qui préside à de telles mesures, les chiffres de la délinquance ne cessent de croitre, les délinquants sont de plus en plus jeunes et ont un sentiment d'impunité qui ne les aide pas à sortir de cette délinquance. Cette augmentation de la délinquance juvénile a d'ailleurs été soulevée à plusieurs reprises lors des rapports parlementaires (une république en quête de respect en 2004) et à travers des œuvres de sociologues tels que Sébastian Roché. [...]
[...] Par ailleurs, l'éducation nationale se dote de milliers d'aides-éducateurs et entrouvre ses portes à la police. L'éducation spécialisée cherche ses marques pour une approche toujours plus individualisée de jeunes dont elle parvient difficilement à contenir les souffrances. En matière de délinquance, les gouvernements successifs ne cessent de balloter entre le choix du préventif et celui du répressif. Après un demi-siècle de politique française originale en matière de protection des mineurs, faisant toujours prévaloir l'éducatif, on sent grandir les conditions d'une victoire des tenants de l'enfermement. [...]
[...] Partout l'éducation semble gangrenée par un mal incurable : la violence fait taire l'autorité, les éducateurs, les enseignants ont du mal à répondre ensemble d'une même loi, l'agir supplante la parole La guerre est devenue quotidienne, nulle école, nulle classe est à l'abri des rapports d'humiliation, de vexation, de brimades, de rackets Le travail social touchant la protection de l'enfance est constamment à construire 2 L'importance de l'assistance éducative Aujourd'hui où s'accentue encore le doute sur la légitimité de l'intervention des professionnels du social. La question est de savoir comment on aide réellement des femmes, des hommes, en situation de responsabilité éducative à passer d'une situation de dysparentalité qui les entrave à l'exercice de leurs fonctions parentales. La parentalité n'est pas un statut qui s'acquiert automatiquement. Dans les situations de dysparentalité, les parents ne sont pas le plus souvent directement demandeurs. [...]
[...] L'institution éducative doit garantir aux familles un espace de parole à l'intérieur duquel elles opèrent elles-mêmes les changements déterminants qui les concernent. Il convient d'élaborer le juste par l'assistance éducative : entre clinique et valeurs. On peut alors noter une inflation des productions et rapports ministériels dans le domaine de la famille et de la protection de l'enfance. Pour les professionnels il y a la volonté d'une pratique moins autoritaire, moins culpabilisante et plus respectueuse de la personne. Inflation également de la demande adressée à la justice. [...]
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