Comme la vengeance, la peine est un “ contre mal ” : elle a donc un contenu de souffrance corporelle et psychique (Paul Ricoeur). Mais, tandis que la vengeance ne concerne que deux parties, la peine suppose l'implication de la société, de normes, d'une autorité. Un acquis essentiel des études historiques sur la peine, stimulées par la réflexion de Michel Foucault dans Surveiller et punir, a été de montrer qu'on ne passe pas simplement d'une époque reculée et barbare à un XXe siècle à visage humain. Mais avec les droits de l'homme sont apparus des principes universels sur lesquels on peut désormais s'appuyer pour améliorer le droit pénal.
La peine est d'abord la réponse apportée par le droit criminel à l'effet de prévenir, et, s'il y a lieu, de réprimer l'atteinte à l'ordre social qualifiée d'infraction. Mais la peine est également la sanction pénale infligée par le juge répressif au délinquant pour s'acquitter de l'infraction qu'il a commise.
Dès lors, il convient de s'interroger sur l'objet de la sanction pénale, à quels objectifs la peine doit-elle répondre ? Dans quelles proportions ? Quelle idée poursuit le législateur en prévoyant des peines ou le juge en les prononçant ?
Si l'on doit reconnaître que la peine poursuit des buts complexes, et parfois difficilement conciliables, on peut néanmoins les organiser autour de deux finalités. Historiquement fondée sur la répression et l'utilité (I), la peine n'a cessé d'évoluer par la suite vers une démarche davantage dictée par l'humanisation (II).
[...] Ainsi, à ses buts traditionnels de rétribution et d'intimidation, qui ne paraissent plus désormais essentiels, la peine a souhaité ajouter un but de réadaptation et de réinsertion sociale tout en opérant un rapprochement sensible avec les mesures de sûreté, signe de son affadissement A. La fonction de réadaptation/réinsertion sociale Depuis longtemps la politique criminelle cherche à éviter les infractions nouvelles de la part d'un délinquant en utilisant la peine pour le corriger (le but essentiel des peines sanctionnant les délits sont appelées correctionnelles par le CP). Corriger signifie amender aussi bien que punir, redresser par le châtiment. On cherchera donc à amender le coupable afin qu'il ne retombe pas dans sa faute. [...]
[...] En exigeant un élément moral pour la constitution de toute infraction, le CP a clairement démontré qu'il ne concevait pas de peine sans faute. (Il a toujours été admis que la marge d'appréciation laissée par le législateur au juge devait être utilisée par celui-ci principalement pour doser la peine appliquée, selon la culpabilité qu'il reconnaît au prévenu). - En raison du but de rétribution, la peine ne peut pas se désintéresser du passé. La peine est orientée vers la répression ; la rétribution, elle, ne peut pas faire abstraction de sa fonction morale, même si elle se préoccupe aussi de l'avenir dans un but utilitaire et social de réadaptation. [...]
[...] Dans quelles proportions ? Quelle idée poursuit le législateur en prévoyant des peines ou le juge en les prononçant ? Si l'on doit reconnaître que la peine poursuit des buts complexes, et parfois difficilement conciliables, on peut néanmoins les organiser autour de deux finalités. Historiquement fondée sur la répression et l'utilité la peine n'a cessé d'évoluer par la suite vers une démarche davantage dictée par l'humanisation (II). I Les finalités répressives et utilitaires de la peine La peine qui intervient après la commission d'une infraction pénale, pour en tirer des conséquences, poursuit traditionnellement une finalité rétributive basée sur la faute commise tout en s'appuyant sur l'intimidation et l'élimination par lesquels on espère prévenir la commission de nouvelles infractions A. [...]
[...] Quoi qu'il en soit, le législateur admet cette fonction rétributive et en tire les conséquences. Toute peine est non seulement proportionnée à la culpabilité présumée du criminel, mais aussi afflictive et infamante : afflictive car elle est ressentie par le condamné comme quelque chose de pénible, une souffrance ou tout le moins une privation l'atteignant aux points sensibles comme le patrimoine, la liberté voire la vie ; infamante aussi puisqu'elle désigne le condamné à la réprobation sociale et peut susciter la honte. [...]
[...] L'examen du régime de traitement des adultes et des mineurs, qu'il soit appliqué en milieu ouvert ou fermé, montre le rôle prédominant accordé actuellement à cette fonction préventive de la peine. De même les nouvelles règles pénitentiaires du Conseil d'Europe de 1987 insistent sur le fait que les modalités du traitement et toutes les mesures doivent être orientées vers la réinsertion sociale Selon l'art CPP, l'exécution des peines favorise, ( ) l'insertion ou la réinsertion des condamnés ainsi que la prévention de la récidive Le juge doit prendre en considération l'intérêt de la société, la victime et la réinsertion du condamné, il faut parvenir à un équilibre. [...]
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