La notion de « déni de grossesse » est apparue relativement récemment dans nos sociétés. Nous allons, dans un premier temps, tenter d'étudier le phénomène, afin de démontrer qu'il serait opportun pour le législateur d'en tenir compte.
Il y a encore quelques temps, le déni de grossesse était impensable pour les individus, qui considéraient pour la plupart qu'il était impossible pour une femme de ne pas réaliser sa grossesse et, pour son mari, de ne pas la voir.
Dans le cas précis d'un déni de grossesse, "une femme enceinte nie son état de grossesse, et pas seulement à l'entourage, elle le nie à elle-même aussi", explique le Dr Marie-Noëlle Vacheron, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne à Paris. "On ne dénie une grossesse que dans un cadre psychologique particulier".
Pour certains, le déni de grossesse constitue en ce sens un trouble psychiatrique grave, nécessitant une prise en charge particulière.
Pour le Dr Jean-Pierre Rageau, psychanalyste psychothérapeute, il existe des cas rares où "la grossesse est menée à terme dans le déni et la jeune femme accouche dans l'urgence et la douleur. Sous l'emprise de la panique, le nouveau-né est caché et parfois victime d'un infanticide". Pour lui, "ces dénis de grossesse témoignent de troubles profonds de la personnalité avec une négation du corps et de ses signaux, une d'immaturité psychoaffective et d'une impossibilité à s'imaginer 'mère'".
Un discours qui ne convainc pas le Dr Félix Navarro, président de l'Association pour la reconnaissance du déni de grossesse, selon qui on ne peut pas parler de trouble psychiatrique. "Une étude menée à Berlin de juillet 1995 à juin 1996 et portant sur 29.462 femmes réparties dans 19 hôpitaux et cliniques fait état de 62 dénis de grossesses et d'aucun infanticide".
Si un infanticide ne se produit pas forcément au terme d'une grossesse de ce type, "il est fréquent", poursuit Marie-Noëlle Vacheron. "Les femmes qui ont dénié leur grossesse sont paniquées au moment de l'accouchement, elles n'ont pas pu se préparer ».
[...] Si un infanticide ne se produit pas forcément au terme d'une grossesse de ce type, "il est fréquent", poursuit Marie-Noëlle Vacheron. "Les femmes qui ont dénié leur grossesse sont paniquées au moment de l'accouchement, elles n'ont pas pu se préparer On distingue le déni partiel et le déni total. Dans la plupart des cas, il s'agit pour la mère d'un déni partiel : la prise de conscience va se faire pendant la grossesse, à un terme plus ou moins tardif, c'est-à-dire au bout de quatre à six mois, lorsque des mouvements dans le ventre sont ressentis. [...]
[...] Et puis tout a claqué, il y avait du sang, du sang, et je suis restée dans le bain". Cela semble être encore plus le cas quand l'accouchement a lieu dans la solitude. Il n'est pas rare que dans ces cas-là qu'il se solde par la mort du bébé, soit accidentellement, soit par manque de soins cas dans l'étude déjà citée sur les 29 cas de déni total). Ce dernier cas constitue pour la femme un drame d'une gravité peu commune. [...]
[...] Une sanction adaptée ? Depuis l'entrée en vigueur du nouveau Code pénal, en 1994, l'infraction spécifique d'infanticide a disparu ; désormais, la mère qui tue son enfant est mise en examen pour meurtre sur mineur de quinze ans. Par conséquent, elle s'expose dès lors à la circonstance aggravante liée à la minorité de l'enfant. Aujourd'hui, le Code pénal n'opère plus de distinction selon que l'auteur du meurtre est la mère, ou une autre personne. Il s'agissait vraisemblablement d'établir une égalité entre, justement, la mère, le père et toute autre personne, le législateur manifestant la volonté d'appliquer les textes du Code pénal de manière symétrique, aux hommes, comme aux femmes. [...]
[...] La sanction est-elle alors constructive ? Selon Marc Morin, avocat de Véronique Courjault, les peines encourues ne sont pas adaptées, dans la mesure où les femmes auteurs de néonaticide ne peuvent pas être assimilées à des délinquants de droit commun. Le docteur Pierre Lamothe, chef du service médico-psychologique régional des prisons de Lyon, explique qu'il y a une réelle prise en charge des femmes condamnées pour infanticide et que celle-ci se révèle indispensable. Selon lui, rencontrer à nouveau la vie ne peut être envisageable qu'après un très long travail psychiatrique. [...]
[...] Dans le cas précis d'un déni de grossesse, "une femme enceinte nie son état de grossesse, et pas seulement à l'entourage, elle le nie à elle-même aussi", explique le Dr Marie-Noëlle Vacheron, psychiatre à l'hôpital Sainte- Anne à Paris. "On ne dénie une grossesse que dans un cadre psychologique particulier". Pour certains, le déni de grossesse constitue en ce sens un trouble psychiatrique grave, nécessitant une prise en charge particulière. Pour le Dr Jean-Pierre Rageau, psychanalyste psychothérapeute, il existe des cas rares où "la grossesse est menée à terme dans le déni et la jeune femme accouche dans l'urgence et la douleur. [...]
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