L'affaire criminelle Grégory a remué mais aussi a divisé les Français pendant plus de dix ans. Il est intéressant de rapprocher cette histoire de l'affaire Bruay-en-Artois, des années 1970, qui fut l'une des premières affaires où le juge Henri Pascal, un homme sympathique aura à tort privilégié une piste unique et se sera appuyé sur la presse de façon abusive. Toutefois à la différence du juge Lambert il tient à ses idées bien tranchées, ne se laissant pas influencer. Ces deux affaires ont pour étranges ressemblances un juge d'instruction qui va prêter à polémique en raison de son pris à parti trop marqué.
L'affaire Grégory semble à ce jour encore l'un des faits divers les plus intenses de ces vingt-cinq dernières années. L'histoire est marquée par une singularité totale depuis son début, en raison de sa démesure et de ses nombreux excès. La justice a offert aux parents du petit garçon un « espoir », dès le 16 octobre 1984, jour du crime. Dès l'ouverture de l'enquête, le crime évident de Grégory Villemin éveille l'attraction du grand public, combinée à une quête des derniers rebondissements par les journalistes. Une guerre sans merci est alors engagée par les grands médias pour détenir le renseignement qui fera la une. Le caractère distinct de l'affaire réside dans la prise de position des médias et l'intérêt d'un pays entier pour un crime odieux commis envers un enfant.
Âgé de quatre ans, Grégory Villemin disparaît à Lépanges-sur-Vologne dans les Vosges. Son corps, le 16 octobre 1984, sera retrouvé dans la rivière La Vologne, située à six kilomètres de la maison de ses parents, Christine et Jean-Marie Villemin. Malgré l'agressivité de son meurtre, aucune trace de violence physique corporelle n'est présente sur son corps. Seules des cordelettes sont nouées autour de ses membres. Toutefois l'heure précise de son décès n'est pas établie. (...)
[...] En 2010, les analyses ADN n'ont pas permis d'identifier avec certitude un coupable. Les traces identifiées ne correspondent pas aux protagonistes de l'affaire. Cette incertitude se comprend dans l'absence de corrélation évidente entre les individus ayant procédé à des tests ADN pour les besoins de l'enquête et les mélanges présents sur les différents scellés. Ceci s'est expliqué par l'insuffisance d'ADN sur les scellés, de nombreuses fois manipulés par la police et les tiers. Néanmoins à défaut d'identifier un coupable les analyses permettent d'effectuer des comparaisons et des exclusions. [...]
[...] La nouvelle défraye alors la chronique une nouvelle fois : les progrès de la technologie vont il permettre de découvrir qui est l'assassin du petit Grégory 26 ans après les faits ? On parle de la procédure de la dernière chance lorsque la justice annonce, en 2008, qu'elle relance l'affaire jamais élucidée. Des recherches ADN vont être menées par un laboratoire lyonnais sur différents scellés judiciaires. Un cheveu retrouvé sur le pantalon du petit garçon, des enveloppes anonymes et le demi-timbre déjà analysé en 2001 mais sans succès seront passés au crible. Les cordelettes qui ont servies à ligoter Grégory seront analysées. [...]
[...] La recherche de trace de foulage sur la lettre de revendication du meurtre du petit Grégory a de même été ordonnée par la Chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Dijon. Le procureur Beney, en charge de la réouverture récente de l'affaire, est confiant mais reste prudent quant à l'affirmation des résultats qui pourront être tirés des analyses pratiquées. L'avocat des époux Villemin, Maître Thierry Moser, déclare qu'il est confiant, tout comme M. et Mme Villemin. Les scellés ont, pour la plupart, été conservés dans de bonnes conditions, comme si l'idée d'une réouverture de l'enquête avec les progrès de la génétique avait été imaginée une vingtaine d'années avant. [...]
[...] Il fait de certains des journalistes parisiens ses conseillers, et comme il est facilement influençable, l'instruction subit des cours variables. De plus, les expertises graphologiques sont remises en cause car les lettres anonymes ont été détériorées par les diverses manipulations peu précautionneuses (les gendarmes ont rendu la lettre anonyme du 17 octobre complètement illisible à force de la recouvrir de poudre noire, dans l'espoir de trouver une empreinte digitale). Les analyses sont déclarées irrecevables car effectuées dans le non respect de la procédure. La justice doit les exclure du dossier. [...]
[...] C'est sans nul doute l'une des affaires criminelles françaises les plus retentissantes. Nous allons nous intéresser aux effets, aux dérives et aux enjeux qu'une telle médiatisation a pu avoir sur l'affaire en elle même, mais aussi sur ses protagonistes. Nous traiterons ensuite de l'influence de la surmédiatisation de l'affaire du point de vue judiciaire : n'est ce pas en partie grâce à elle et à l'importance qu'elle a donné à cette affaire que tous les moyens possibles ont été et sont encore - mis en œuvre pour que le mystère de l'assassinat du petit Grégory soit élucidé ? [...]
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