Efficacité des contrôles sociaux dans un cadre pénal, prévention de crimes, lutte contre la délinquance, actions publiques et privées, Durkheim, contrôles sociaux à distance, contrôles sociaux rapprochés, sécurité publique, efficacité du système pénal, théorie de l'étiquetage social de Becker, effet de dissuasion, discriminations sexuelles, techniques de neutralisation
Il s'agit de savoir si et jusqu'à quel point les efforts consentis par la société pour contenir le crime vont atteindre leur but. Pour rependre Raymond Gassin, c'est le problème de la valeur scientifique des moyens de lutte contre la délinquance. Lorsqu'on étudie la notion de "contrôle social", on ne peut pas réduire cette expression aux seules sanctions pénales ni même aux politiques criminelles. Il va falloir prendre en considération la totalité des actions publiques ou privées menées contre la délinquance. On va inclure dans cette notion de "contrôle social" les forces de l'ordre, le système judiciaire, le système pénitentiaire, mais aussi l'autoprotection, la sécurité privée, les sanctions familiales et les pressions des pères conformistes (éducation).
Si ces contrôles sociaux étaient tous pleinement opérationnels et efficaces, nous vivrions dans un monde où la délinquance n'existe pas, une société sans crimes, ce que Durkheim appelle une "société de saints", qui n'existe pas. L'hypothèse opposée qui prétendrait à une inefficacité totale des contrôles sociaux parait aussi invraisemblable. Les contrôles sociaux ne sont pas totalement dépourvus de vertu. Il faudra ici distinguer les contrôles sociaux à distance (menace de la peine) des contrôles sociaux rapprochés (par exemple à travers les pressions réalisées par un entourage conformiste sur un délinquant).
[...] • La prévention situationnelle va faire porter le coût du contrôle sur les honnêtes gens. • Ces mesures peuvent s'enliser dans un processus d'usure, c'est- à-dire que les délinquants peuvent trouver la parade. • Ces mesures de prévention ne protègent pas toutes les cibles et ne protègent pas contre toutes les formes de crime. Ex. : Si le délinquant se heurte à une cible trop bien protégée, il va passer à l'acte ailleurs. On déplace donc simplement le problème d'un endroit à un autre. [...]
[...] Quel est le réflexe des gouvernements devant la prolifération d'une infraction grave ? C'est de mobiliser les forces de l'ordre, mobiliser la justice pour que l'infraction soit sévèrement punie. On prétend intimider, inspirer la peur, sachant qu'il est important tout de même que les politiques restent dans leur rôle. Ils peuvent donner au juge les outils pour sanctionner, mais ils ne peuvent imposer au juge de prononcer une sanction sévère. C'est tout le travers des hommes de pouvoir qui pensent que lorsqu'ils ont le pouvoir, ils ont la main sur tout. [...]
[...] Si la neutralisation peut parfois paraitre acceptable, parce que dans certains cas la société n'a pas d'autre recours que cela, la légitimité va être atteinte voire disparaitre lorsque la neutralisation est envisagée comme le fondement d'une politique criminelle conduisant à sacrifier l'idéal de justice au nom d'incertaines prévisions. Ce n'est donc pas si simple de neutraliser simplement en privant de liberté. Surtout, il parait difficilement acceptable de continuer de neutraliser alors que la personne a effectué sa peine et que certains experts ont porté une prédiction défavorable sur l'intéressé, le considérant comme toujours potentiellement dangereux. Il y a dans la société des gens parfaitement intégrés qui peuvent se révéler parfaitement dangereux. Simplement, ils n'ont pas été repérés par l'institution, car ils n'ont pas encore commis d'infraction. [...]
[...] : Par son crime, l'auteur fait subir à sa victime une injustice. Il va en mesurer l'ampleur lorsqu'il sera confronté à la sévérité de la peine prononcée à son encontre. Cette idée s'adresse à l'ensemble des citoyens, avec le message que l'acte sanctionné aujourd'hui est une entorse au jeu social. Cela va conforter l'ensemble des citoyens dans le respect des lois. La peine doit être considérée comme un message qu'on va d'abord adresser à l'intelligence du délinquant, mais aussi à tous les auditeurs du procès pénal. [...]
[...] Se pourrait-il que ces sanctions informelles aggravent le mal ? En 1963, un criminologue américain, Howard BECKER a répondu par l'affirmative à cette interrogation. Il a construit la théorie de l'étiquetage social. D'après cette théorie, le condamné, même lorsqu'il a achevé l'exécution de sa peine, va continuer d'être perçu par la société comme un délinquant. La société va donc l'affubler de cette étiquette de transgresseur en lui rappelant systématiquement son passé. Au début, la personne étiquetée va lutter pour essayer de faire comprendre qu'elle a changé, mais si la société persiste, alors l'individu va finir par jouer le rôle que la société attend de lui. [...]
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