Cour de cassation chambre criminelle 8 janvier 2003, complicité, élément intentionnel, infraction, délit, article 121-7 du Code pénal, responsabilité pénale, acquittement, commentaire d'arrêt
En l'espèce, il s'agissait de deux hommes poursuivis, l'un pour avoir détenu et transporté des stupéfiants, l'autre pour s'être rendu complice de ce délit en ayant mis en rapport l'auteur présumé de l'infraction et le fournisseur des stupéfiants, ainsi qu'en lui ayant indiqué les modalités de la livraison. La Cour d'appel a conclu à la relaxe de l'auteur principal pour défaut d'intention coupable, mais retient la culpabilité du complice, du fait qu'il avait une parfaite connaissance de la véritable nature des substances transportées. Le complice forme un pourvoi en cassation au motif qu'il n'existe pas de complicité sans infraction principale punissable.
[...] Il s'agissait donc de savoir si la complicité pouvait être retenue alors même que l'auteur principal est relaxé au motif que l'élément intentionnel de l'infraction n'a pas été établi. La Cour de cassation rejette le pourvoi au motif que dès lors que l'existence d'un fait principal punissable a été souverainement constatée par la Cour d'appel, la relaxe de l'auteur principal du fait qu'il ne connaissait pas la nature du produit transporté, n'exclut pas la culpabilité d'un complice. Dans ce contexte, il apparaît que l'existence d'un fait principal punissable n'est plus une condition essentielle à la complicité et que les juges consacrent l'extension de la notion de complicité (II). [...]
[...] L'acte de complicité est détaché de l'acte principal, il y a bien sûr un lien entre les deux, mais ce lien n'est pas étroit. La complicité apparaît donc comme un fait autonome et il est donc possible de se contenter d'un fait matériel qui, en soi, correspond à une infraction, mais sans exiger que l'infraction soit commise. Il n'y a pas nécessairement besoin de la réalisation complète de l'infraction. En connaissant la nature de l'objet transporté (la drogue) et en ayant mis en relation l'auteur et l'acheteur de l'objet, le prévenu s'est volontairement rendu complice de toute l'opération. [...]
[...] Cour de cassation, chambre criminelle janvier 2003 - La complicité peut-elle être retenue alors que l'auteur principal est relaxé au motif que l'élément intentionnel de l'infraction n'a pas été établi ? Introduction La complicité est un mode de participation criminelle. Le complice est celui qui a aidé ou poussé une personne à accomplir l'infraction, sans pour autant accomplir lui-même les actes constitutifs de cette infraction. Il existe trois conditions pour poser la complicité : il faut un fait principal punissable, un acte matériel de complicité et une participation intentionnelle. [...]
[...] En effet, les juges avaient annulé l'arrêt condamnant le complice, estimant que la complicité suppose l'existence d'un fait principal punissable, inexistant en l'espèce, et que l'auteur avait été relaxé faute d'élément intentionnel. Par cette décision, la chambre criminelle opère un revirement de jurisprudence et élargit les possibilités de poursuite pour les complices. Cette solution rejoint celle du 21 mai 1990 dans laquelle la chambre criminelle avait rejeté un pourvoi contre un arrêt condamnant un complice malgré l'acquittement de l'auteur principal. [...]
[...] La consécration de l'extension de la complicité La chambre criminelle donne une conception extensive de la complicité et cela entraîne diverses conséquences Une solution apportant une conception extensive de la complicité Il est possible de considérer que la Cour de cassation ait raisonné en suivant la thèse proposée par le doyen Carbonnier. Ainsi, la solution s'explique logiquement. En effet, la complicité est prise comme un délit distinct, conditionnée par l'infraction principale. Les faits accomplis par l'auteur principal doivent présenter la figure d'une vraie infraction à la loi. [...]
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