L'article 112-1 du Code Pénal traite de l'application de la loi dans le temps : par principe, la loi pénale est non rétroactive mais cet article énonce aussi une exception à ce principe que nous étudierons.
La question de l'application de la loi dans le temps est cruciale : cela emporte des conséquences en cas de loi pénale unique, mais aussi et surtout en cas de lois pénales successives d'une plus grande clémence ou d'une plus grande sévérité.
La place de cet article dans le Code Pénal témoigne également de son importance : il figure dans la première partie « législative », au livre 1 « Dispositions générales ». C'est le premier article du deuxième chapitre intitulé « Dans l'application de la loi dans le temps ». Cet article est donc mis en valeur de part sa place avancée.
Ce sujet paraît d'une importance telle que des textes internationaux consacrent également le principe de la non-rétroactivité de la loi pénale : l'article 8 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen et l'article 7 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme.
Cet article comporte trois alinéas :
- le premier alinéa dispose que « seuls sont punissables les faits constitutifs d'une infraction à la date à laquelle ils ont été commis »
- le deuxième alinéa reprend ce principe en l'appliquant aux peines
- le troisième alinéa dispose d'une exception aux principes précédents « les dispositions nouvelles s'appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et n'ayant pas donné lieu à une condamnation passée en force de chose jugée lorsqu'elles sont moins sévères que les dispositions anciennes ».
Ainsi, cet article permettra dans un certain nombre de cas de résoudre des conflits de concours des lois : en effet, si une loi nouvelle abroge une loi ancienne et qu'une infraction a été commise sous l'empire de la loi ancienne, qui n'existe donc plus, on peut se demander quelle loi doit être appliquée.
La loi qui doit être appliquée est-elle celle en vigueur au moment de la commission des faits ou celle en vigueur au moment du procès ?
Il faudra étudier cet article de façon assez linéaire : dans un premier temps, il conviendra d'étudier le principe de la non-rétroactivité de la loi pénale posé par l'article et les fondements de cette thèse (I), puis l'arrêt semble dégager une exception à ce principe (II).
[...] Ce principe est le corollaire du principe de la légalité des peines. Cependant, l'article prévoit un troisième alinéa posant une exception à ce principe. II. Une exception strictement encadrée pour les lois pénales plus douces L'article énonce une exception au principe de la non-rétroactivité des lois pour les lois pénales moins sévères, il conviendra de voir en quoi l'existence de cette exception est justifiée à nouveau par sa non- contradiction avec le principe de légalité Cependant, l'article encadre strictement cette exception A. [...]
[...] Le principe de la non-rétroactivité des infractions et des sanctions des lois pénales nouvelles L'article 112-1 du Code Pénal dispose que les infractions et les peines applicables sont celles applicables à la date à laquelle les faits ont été commis Ainsi, l'article pose une solution aux problèmes liés à l'application de la loi dans le temps : la loi prise en compte n'est pas la loi en vigueur au moment du procès, mais au moment de la commission des faits. Une personne ne peut donc être ni poursuivie, ni condamnée sur le fondement d'une loi nouvelle pour des faits commis antérieurement à sa mise en vigueur : la Jurisprudence applique strictement cette disposition. Il faut remarquer que le principe de non-rétroactivité s'applique tant aux incriminations qu'aux sanctions. Néanmoins, les rédacteurs du Code Pénal ont pris soin de distinguer ces deux choses dans deux alinéas différents afin d'éviter les litiges éventuels. [...]
[...] Cette exception a valeur constitutionnelle par une décision du Conseil Constitutionnel de 1981. Attachons-nous à nouveau au fondement de cette exception. À nouveau, cette exception est une atteinte au principe de la légalité des peines, mais elle ne s'oppose pas à ses buts : en effet, il est dans l'intérêt de tous que la loi nouvelle plus douce soit rétroactive. La loi nouvelle est plus favorable à la personne poursuivie parce qu'elle prévoit une peine moindre ou supprime simplement l'infraction, mais il est aussi dans l'intérêt de l'Etat que celle-ci s'applique puisqu'elle est censée être meilleure que la loi ancienne. [...]
[...] Si les faits sont antérieurs à cette loi nouvelle, c'est la loi ancienne qui s'applique, dans le cas contraire, c'est la loi nouvelle. B. Un principe corollaire à celui de la légalité des peines L'article 112-1 du Code Pénal n'évoque pas le principe de la légalité. Cependant, il n'est pas concevable de faire un commentaire sur cet article sans évoquer ses fondements et sa raison d'être. Le principe de la légalité des peines est énoncé à l'article 111-2 du Code Pénal soit un peu avant l'article qui nous intéresse. Ces deux articles paraissent véritablement indissociables. [...]
[...] Une exception soumise à une condition Cependant, le troisième alinéa de l'article 112-1 du Code Pénal qui prévoit l'exception de rétroactivité des lois pénales plus douces est strictement encadré. Ces lois peuvent donc être appliquées aux faits commis antérieurement s'ils n'ont pas donné lieu à une condamnation passée en force de la chose jugée Cela signifie que les faits ne doivent pas déjà avoir fait l'objet d'une condamnation irrévocable. La force de chose jugée signifie ici l'épuisement des voies de recours. [...]
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