« On ne peut pas construire en Europe une économie sociale de marché (…) sans un minimum de coordination fiscale. Car l'État ne pourra pas remplir un minimum de rôle social et de fonction de redistribution de la richesse si les bases mobiles de la fiscalité ne sont pas imposées ». Cette phrase est de Mario Monti, Commissaire européen chargé du Marché unique et de la fiscalité en 1998. Elle montre les liens étroits que peuvent entretenir fiscalité et politique sociale, et les enjeux que représente pour l'Union Européenne (UE) l'intégration des dimensions fiscales et sociales dans le processus de construction de l'Union. En effet, l'Union Européenne s'appréhende tout d'abord sous son aspect le plus visible et le plus novateur, à savoir celui de l'intégration économique. Depuis le Traité de Paris du 18 avril 1951, instaurant la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier, jusqu'à l'adoption de la monnaie unique en 1999, la convergence des politiques économiques européenne n'a cessé de se poursuivre, jusqu'à atteindre un niveau d'intégration unique dans le monde. Cette intégration économique s'est également accompagnée, quoique dans une moindre mesure, par une intégration politique. Dans cette perspective d'approfondissement et de coopération poussée, la fiscalité et la protection sociale sont deux domaines qui demeurent du ressort de la souveraineté nationale. Chaque Etat demeure en principe libre de déterminer le niveau et les formes de prélèvements qu'il imposera à ses citoyens, et de décider des types de politiques publiques à conduire avec ces ressources. Dans la pratique, si certaines normes et objectifs communs existent depuis le début de la construction européenne, les sphères du fiscal et du social restent en grande partie le domaine privilégié de l'action autonome des gouvernements. Ceux-ci ne semblent pas prêts à abandonner la prérogative régalienne du prélèvement et de la taxation, pas plus qu'ils ne veulent confier aux institutions européenne le soin de fixer des règles en matière de protection contre la vieillesse, le chômage, la maladie ou l'exclusion.
L'idée d'une Europe sociale n'a de sens que si elle peut permettre aux citoyens européens d'améliorer leur qualité de vie. Quant à l'instauration de règles fiscales, voire même d'un impôt européen, il doit permettre, pour être justifié, une meilleure intégration économique et une meilleure compétitivité économique de la zone, grâce à une meilleure harmonisation. Ce terme d' « harmonisation » s'oppose à la notion de concurrence, qui est inéluctable en l'absence de normes communes. Mais l'harmonisation se distingue également de la « convergence », qui renvoie à l'instauration d'un système unique. Il s'agit donc de trouver une alternative équilibrée entre concurrence et convergence, mais uniquement dans le cas où cette alternative s'avèrerait bénéfique à la population et à l'économie européenne. Dans quels domaines une harmonisation fiscale et sociale est-elle possible, mais aussi souhaitable, pour l'UE ?
La convergence ne semble à l'heure actuelle ni possible ni souhaitable. En revanche, un rapprochement des législations fiscales et sociales s'est imposé du fait de l'intégration économique de la zone. Si la concurrence et la souveraineté étatique restent de vigueur dans ces domaines, elles peuvent pousser à une harmonisation spontanée vers le bas (I). Contre ce mouvement, et pour accompagner le développement de l'intégration européenne, certaines normes communes s'avèrent donc indispensables (II).
[...] L'article 93 prévoit ainsi une harmonisation des législations concernant la fiscalité indirecte. Il s'agit d'un mode de taxation et de prélèvement qui fait intervenir un tiers collecteur, le plus souvent l'entreprise. Il s'oppose à la fiscalité directe, qui désigne la collecte directe sur le contribuable par le Trésor Public. La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) est une forme de fiscalité indirecte née directement d'une décision communautaire. C'est une taxe européenne prélevée par les Etats membres par l'intermédiaire des producteurs, et mise en place dans tous les pays par la directive du 11 avril 1967. [...]
[...] L'ouverture du marché a donc conduit à une harmonisation fiscale et sociale partielle. La poursuite et l'approfondissement de cette harmonisation sont un des objectifs de la Commission, qui entend formuler diverses propositions de directives dans les mois à venir. c. Des harmonisations supplémentaires sont tout à la fois possibles et souhaitables En matière fiscale, le budget de l'Union se base à ce jour uniquement sur les quatre ressources propres que sont les droits de douane, les prélèvements agricoles[5], la ressources TVA et ressources PNB L'instauration d'un impôt européen est parfois envisagée comme une solution à la faiblesse des ressources de l'Union. [...]
[...] Une harmonisation fiscale et sociale européenne est-elle possible ? On ne peut pas construire en Europe une économie sociale de marché ( ) sans un minimum de coordination fiscale. Car l'État ne pourra pas remplir un minimum de rôle social et de fonction de redistribution de la richesse si les bases mobiles de la fiscalité ne sont pas imposées Cette phrase est de Mario Monti, Commissaire européen chargé du Marché unique et de la fiscalité en 1998. Elle montre les liens étroits que peuvent entretenir fiscalité et politique sociale, et les enjeux que représente pour l'Union Européenne l'intégration des dimensions fiscales et sociales dans le processus de construction de l'Union. [...]
[...] Fondation Robert Schumann, 26/09/2006, http://www.robert-schuman.eu/question_europe.php?num=qe-39 Le recouvrement de l'impôt est une procédure qui permet à un Etat membre titulaire d'une créance fiscale, et dont le débiteur ne paie pas son dû, de solliciter auprès d'un autre Etat membre la possibilité de saisir des biens que le débiteur possède dans cet Etat. Plusieurs directives successives ont étendu ces procédures d'assistance mutuelle à de plus en plus d'impôts : prélèvements agricoles, droits de douane, TVA, droits d'accise, impôts sur le revenu et la fortune. [...]
[...] Si plusieurs propositions sont ainsi à l'étude pour faire progresser l'harmonisation fiscale, la convergence des politiques sociales semble moins dynamique. Des principes d'ordre social étaient énoncés, quoique de manière vague, dans le Projet de Traité constitutionnel, dont l'article 3 énonçait l'attachement de l'Union au développement durable basé sur l'économie sociale de marché, la promotion de la justice sociale, l'égalité hommes femmes ou encore la solidarité intergénérationnelle. En outre, la stratégie de Lisbonne, adoptée en 2000, a fixé des objectifs très ambitieux, tels qu'un taux d'emploi global de dont un taux de chez les femmes et de chez les travailleurs âgés. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture