L'article 93 du Traité instituant la Communauté européenne concerne spécifiquement l'harmonisation fiscale : il stipule que le Conseil est compétent pour arrêter des dispositions touchant à l'harmonisation des législations relatives aux taxes sur le chiffre d'affaires (TVA), aux droits d'accises et autres impôts indirects. Cet article est le fondement de l'harmonisation communautaire en matière de TVA. L'harmonisation des impôts directs, quant à elle, n'est pas expressément prévue par le Traité CE. Ce domaine est laissé à la souveraineté des Etats membres.
En matière d'impôts et taxes, les débats européens autour d'une fiscalité commune ont pris une dimension plus conséquente au cours de la dernière décennie en raison de la mondialisation des échanges et notamment de la mise en place depuis le 1er janvier 1993 du grand marché unique européen. Dorénavant, la fiscalité n'est plus considérée comme un élément de politique nationale, mais comme une question internationale et ce, malgré les règles de fonctionnement de l'Union Européenne qui conservent la règle de l'unanimité en matière de politique fiscale.
Mais, malgré sa définition d'origine communautaire, la TVA demeure un impôt national et son champ d'application est territorial.
Récemment, la réduction des déficits publics, engagée pour répondre aux contraintes du traité de Maastricht puis du Pacte de stabilité et de croissance, et désormais associée à la reprise de la croissance, a relancé, en France comme dans le reste de l'Europe, le débat sur la diminution de la pression fiscale. La réduction des impôts pourrait en effet être l'occasion de simplifier la fiscalité, d'atteindre une meilleure efficacité productive, et de parvenir à une plus grande justice fiscale. L'enjeu est donc à la fois de réduire les distorsions créées par les impôts et de profiter du surplus de recettes tiré de la croissance pour améliorer l'équité du système fiscal.
Toutefois, la réforme fiscale, et en particulier celle concernant la TVA, peut avoir des effets pervers si elle est menée à l'échelle européenne de manière mal coordonnée. Elle risque en effet de déboucher sur une concurrence entre les pays européens. Une telle concurrence fiscale pourrait conduire à des pertes excessives de recettes budgétaires, et se révéler néfaste en définitive pour l'Union dans son ensemble. C'est dans ce contexte de concurrence fiscale potentiellement renforcée que le débat sur l'harmonisation fiscale européenne s'est rouvert à la fin des années 1990. Il apparaît aujourd'hui comme une source importante de tensions entre les pays européens, en particulier en ce qui concerne la TVA, au sujet de laquelle les discussions avec la Pologne ont récemment fait grand bruit.
Mais, si l'harmonisation fiscale consiste à coordonner les politiques fiscales de manière à éviter des réductions non concertées et concurrentielles de taux ou d'assiette, doit-on considérer qu'elle a vocation à uniformiser les fiscalités nationales? Ou permet-elle d'imposer des taux plus élevés pour éviter l'évasion fiscale ?
Dans sa version la plus simple, elle consisterait à resserrer l'éventail des taux nominaux. On peut bien sûr imaginer une harmonisation parfaite, définie par l'uniformisation à la fois des taux et des assiettes, ce qui conduirait à une uniformisation des taux effectifs d'imposition. Une telle harmonisation ne pourrait se concevoir qu'à très long terme.
Il s'agit tout d'abord de faire un état des lieux de l'harmonisation européenne de la TVA, avant de constater qu'elle est absolument nécessaire, au vu des avantages que procurerait une harmonisation de cette taxe.
[...] Les politiques budgétaires des Etats membres semblent privilégier les recettes provenant de l'impôt indirect (et principalement de la TVA). C'est une vision très "consumériste" qui se fonde sur le caractère "indolore" de la contribution fiscale volontaire des redevables réels d'un impôt qu'ils acquittent au jour le jour, sans qu'ils en mesurent le montant global annuel contrairement à l'impôt sur le revenu par exemple. Le système actuellement en place favorise les fraudes fiscales de grande ampleur qui nécessitent des investigations lourdes de la part des services fiscaux et douaniers s'ils veulent détecter les montages frauduleux. [...]
[...] Bibliographie Droit fiscal communautaire, Jean-Michel Communier. Droit fiscal international, R. Walter. [...]
[...] Ce danger est toutefois largement sous contrôle du fait des règles du Pacte de stabilité et de croissance. En vérité, un troisième danger qui résulterait d'une intensification de la concurrence fiscale paraît de nature à limiter celui qu'on vient de mentionner. Il s'agit du risque de voir les systèmes fiscaux nationaux se déformer aux dépens des bases économiques les moins mobiles. Dès lors que l'objectif des pratiques fiscales concurrentielles est d'attirer des richesses, la tentation est grande de compenser les pertes de recettes fiscales résultant des allégements de l'imposition des facteurs les plus mobiles en accroissant celle des facteurs plus " sédentaires Cette recomposition des systèmes fiscaux est susceptible de poser des problèmes d'équité des systèmes fiscaux. [...]
[...] C'est en matière de TVA que l'idée d'harmonisation fiscale européenne a émergé "naturellement" dès lors que le projet de Grand Marché Unique à l'échelle des 12 (puis des 15) prenait forme dans les années 80. L'objectif final affiché dès 1967 (1ère directive européenne) et confirmé par la 6ème directive en 1977 a toujours été très explicitement défini : réaliser un marché commun ayant les mêmes caractéristiques qu'un marché intérieur en procédant de facto à la suppression des frontières fiscales. Dans cette optique, la Commission avait formulé diverses propositions en 1987 qui tendaient à la suppression des taxations à l'importation et des détaxations à l'exportation dès le 1er janvier 1993 en préconisant le régime de taxation "à l'origine". [...]
[...] Le premier d'entre eux réside dans l'atténuation qui en résulterait de la souveraineté réelle des Etats-membres. Dès lors que la fiscalité est un objet et un instrument de la concurrence entre Etats, la libre détermination par chaque Etat de son niveau et de sa structure de prélèvements obligatoires risque d'en être profondément affectée. La concurrence fiscale qui repose sur le respect absolu du principe de souveraineté est ainsi susceptible de déboucher sur une remise en cause de ce même principe. [...]
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