Pour l'auteur, le problème de l'aménagement/réduction du temps de travail est posé de façon biaisée en France et consiste, tout compte fait, en une flexibilisation progressive sous couvert de discours idéologique. C'est à partir de ce constat actuel d'un 'temps de travail en miettes' que l'auteur se propose de décliner les logiques qui ont été à l'oeuvre pour aboutir à une telle situation
[...] Après cet échec, l'objectif de flexibilité prend le dessus et se met en place une dynamique de long terme de négociation décentralisée. La période 1986 - 1987 tire les conséquences de l'échec de la négociation collective de 1984, tentative de négociation unique de différents aspects de la relation du travail traditionnellement réglementés de manière disjointes; cette période est marquée par une profonde transformation de la législation du travail et de réglementation concernant les modes d'organisation des durées du travail (travail différencié, CDD, travail temporaire . [...]
[...] Par ailleurs, émerge le problème de l'adaptation des différents niveaux de négociation collective dont l'articulation fonctionne très mal en France. Une dernière lacune réside dans la diversité juridique et dans le cloisonnement actuel des instruments de réduction du temps de travail, instruments dont la durée de vie est, de plus, brève. Partant de ces constats, Jacques Freyssinet propose l'idée d'une véritable subsidiarité sociale intégrant les différents acteurs sociaux afin d'aboutir à une réelle coproduction des normes. L'auteur aborde ensuite plus spécifiquement la question de la réduction du temps de travail au regard de l'objectif emploi. [...]
[...] Refonder le temps de travail revient, pour l'auteur, à resserrer le lien social en réinstaurant le dialogue entre inclus et exclus du marché du travail. Plus encore, on pourrait considérer que le temps libéré par la réduction du temps de travail devrait allouer à refonder ce lien social en affadissement dans nos sociétés. La réduction du temps de travail implique donc que l'entreprise ne soit plus le seul lieu de socialisation et permettrait de dégager le temps nécessaire à la refondation d'un véritable espace public où se recréerait un pacte social. [...]
[...] Le problème n'est pas de savoir si l'on est pour ou contre la baisse du temps de travail mais plus si l'on souhaite exercer une action pour la modifier et en quel sens. C'est sur ce point précis que se focalise la polémique qui, de plus en plus, conduit à un effet de blocage alors que la réduction du temps de travail devrait ressortir d'une perspective multidimensionnelle (réorganisation de la production, division du travail, formation, salaires . ) et devrait requérir une négociation globale sur un horizon à moyen terme. [...]
[...] On le voit la problématique même du temps de travail est critiquable : elle repose trop sur une vision du travail comme un bien homogène, sur une conception taylorienne du temps de travail alors que l'orientation générale des actions des pouvoirs publics est une aide à l'adaptation du tissu économique à des modèles post - tayloriens. De fait, il apparaît paradoxal que la mort actuelle du travail en miettes taylorien s'accompagne de la naissance d'un temps de travail en miettes : le travail, notion centrale de notre quotidien collectif, continue à se dessiner comme fragile et difficilement maîtrisable. [...]
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