Avant même d'avoir lu la première page du livre de Dorothée Ramaut, j'avais des idées préconçues. Je pensais qu'il s'agissait d'une violente diatribe anti-patronat prenant fait et cause pour les pauvres salariés selon la rengaine mille fois entendue depuis que Marx a eu la mauvaise idée de coucher ses idées sur papier : « les patrons sont tous des salauds, les salariés sont exploités ». J'avais tort. Le journal tenu par le docteur Ramaut de juin 2000 à mars 2006 est un témoignage unique, fort, objectif et salutaire. Unique parce que Dorothée Ramaut est la première à briser la loi du silence, à rendre compte des souffrances que peut engendrer le harcèlement moral. Fort car elle se fait le porte-parole de ceux qui, justement, n'ont que très peu l'occasion de s'exprimer. Objectif car elle demeure neutre, se gardant de succomber aux préjugés. Salutaire, enfin, puisque son journal permet de prendre conscience du réel problème que pose le harcèlement moral et de mesurer l'ampleur des dégâts que cela peut causer.
Depuis dix-neuf ans, Dorothée Ramaut est le médecin du travail d'un hypermarché qui compte environ quatre cent quatre-vingt salariés. Pendant plus de cinq ans, elle a décidé de tenir un journal pour mettre en évidence les agissements d'un certain type de management et décrire la réalité des souffrances et des violences que peuvent subir les salariés mais aussi les cadres au sein de cette entreprise. Elle se rend compte rapidement que le harcèlement moral est érigé en règle de management et que ce qu'elle croyait être un épiphénomène est en fin de compte la règle pendant que le respect du salarié devient l'exception. Ce témoignage relate la vie de salariés dont la santé est sacrifiée au profit de celle de leurs rayons, les conditions de travail toujours plus pénibles et difficiles, les vexations, les humiliations, les insultes, les brimades et les injustices dont ils sont victimes au quotidien.
Il est difficile de faire un résumé de ce journal puisqu'il est constitué d'une succession de petites anecdotes qui, mises bout à bout, forment la grande histoire d'un hypermarché à travers le prisme des relations de travail. Aussi, je tenterai de livrer mes réflexions de manière ordonnée sans pour autant suivre un plan quelconque…
[...] Depuis dix-neuf ans, Dorothée Ramaut est le médecin du travail d'un hypermarché qui compte environ quatre cent quatre-vingts salariés. Pendant plus de cinq ans, elle a décidé de tenir un journal pour mettre en évidence les agissements d'un certain type de management et décrire la réalité des souffrances et des violences que peuvent subir les salariés mais aussi les cadres au sein de cette entreprise. Elle se rend compte rapidement que le harcèlement moral est érigé en règle de management et que ce qu'elle croyait être un épiphénomène est en fin de compte la règle pendant que le respect du salarié devient l'exception. [...]
[...] De la résurgence des kapos dans le milieu de l'entreprise On sait depuis Montesquieu que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser A ce théorème, on pourrait très bien ajouter un corollaire : Moins les gens ont de pouvoirs, plus ils en abusent Et illustrer ce corollaire par l'attitude de Jérôme et Benoît, les deux chefs de secteurs dont parle Dorothée Ramaut et dont on se dit qu'en des temps plus obscurs ils auraient fait de très bons kapos. Jérôme et Benoît sont tous deux accusés de harcèlement moral. [...]
[...] Un environnement de travail où, dès lors, on ne s'étonnera pas que le harcèlement moral soit la règle et le respect d'autrui l'exception. Des caractéristiques du harcèlement moral La définition du harcèlement moral est la suivante : Aucun salarié ne doit subir les agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel Dorothée Ramaut rappelle ce qui caractérise le harcèlement moral : - Incivilités de caractère vexatoire : refus de dialoguer, remarques insidieuses ou injurieuses, dénigrement systématique et volonté de ridiculiser, de se moquer en public. [...]
[...] Serait-ce se faire l'avocat du diable que de les défendre ? Non, répond Dorothée Ramaut qui avoue bien volontiers : d'une façon tout à fait primaire, j'ai longtemps pensé que les ‘chefs' étaient tous des sales types payés pour malmener leur équipe. J'en étais d'autant plus convaincue qu'ils me semblaient être tous bâtis sur le même modèle Et pourtant, au fil du temps, elle découvre que les employés ne sont pas les seuls à plaindre et que les cadres peuvent eux aussi se trouver dans une posture délicate : ils disposent d'un réel pouvoir - aussi minime soit-il - ils passent les commandes, ils les vérifient, ils gèrent les embauches, ils établissent les emplois du temps, les congés payés Et à côté de ce pouvoir, ils continuent à faire un travail de mise en rayon, assimilable à un travail de manœuvre, ils sont à la disposition de leur propre hiérarchie et se savent éjectables à tout moment. [...]
[...] Jérôme a alors adopté le même comportement violent et humiliant avec Aurélie qui est tombée malade, a fait une très grosse dépression et a dû être mise en inaptitude temporaire. Si les employés ne peuvent manifester leur mécontentement ou leur indignation sans en subir les conséquences, au moins peut-on penser qu'ils pourront compter sur leurs représentants au comité d'entreprise ou au CHSCT. Dorothée Ramaut montre que, malheureusement, il n'en est rien. En effet, les représentants du personnel ne se manifestent quasiment jamais. Lorsque, en réunion, le Docteur Ramaut relate les cas de harcèlement moral, ils baissent la tête et ne disent rien. [...]
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